Chapitre 22 : Julien

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!! Attention le contenu de ce chapitre peut choquer !!

Je salue et remercie encore une fois les parents d'Anna pour leur hospitalité et accepte la proposition de revenir manger avec eux dans deux semaines, sans leur dire que leur fille compte me plaquer d'ici-là. Sa mère semble sincèrement attristée de nous voir partir avant tout le monde, mais quand Anna a proposé qu'on s'éclipse, je n'ai pas refusé, trop content d'enfin pouvoir quitter cette table, et les moulins à paroles face à moi. Anna insiste de nouveau sur le fait qu'elle a promis qu'on irait faire un tour à Arcachon avant de rentrer, et on quitte la maison de ses parents pour reprendre la route.

— Ça s'est plutôt bien passé finalement, dit-elle alors qu'on monte en voiture.

— Anna ?

— Oui ?

— La prochaine fois que tes parents invitent ce gars, s'il te plaît, oublie-moi.

Elle me regarde, aucune expression sur son visage, avant d'éclater de rire et de mettre le contact, ses cheveux tombant en cascade autour de son visage.

— Il est hors de question que je revois ce type. Je ... Merci d'être venue. Je sais que je t'ai menti, et que tu aurais pu le dire à tout le monde ici, mais tu as fait exactement, même plus que ce que j'attendais, alors que tu n'en étais pas obligé. Merci.

Son visage à présent tourné vers moi est sincère, me mentir la réellement bouleversée. Je lui donne un coup de coude dans le bras pour lui faire retrouver sa bonne humeur.

— De rien mon amour !

C'est avec le sourire aux lèvres qu'on arrive à destination une vingtaine de minutes plus tard. Au-dessus de nous, le ciel se charge de nuage, apportant avec lui une brise qui ne me fait absolument pas regretter mon manteau. Du fait du temps, on trouve facilement une place dans une ruelle, puis on quitte la voiture marchant à pied, côte à côte, nos bras, et parfois nos doigts se frôlent comme mû par un désir qui leur est propre, je ne sais pas si elle en a conscience, en tout cas, moi oui.

On longe les rues qu'elle semble connaître par cœur alors que je ne saurais pas retrouver la voiture, allant de la place Thiers, jusqu'à la promenade qui longe la plage. Le vent est plus agité ici, et on ressert tous les deux nos manteaux sans avancer plus loin, laissant le bruit des vagues et du vent dans les arbres troubler le silence autour de nous. Anna avait raison, en basse saison, il n'y a personne, surtout avec le temps qui se dégrade comme aujourd'hui. La jetée face à nous me fait de l'œil, mais les vagues qui viennent en lécher le bord m'en dissuade. Tommy y serait allé, lui, et sans Anna, je l'aurais sans doute accompagnée.

Les cheveux d'Anna volent tout autour d'elle, alors qu'elle se bat avec pour les rassembler en chignon sur sa tête. Elle a abandonné son béret dans la voiture et je crois qu'elle a bien fait, sinon celui-ci se serait envolé en même temps que ses cheveux. Quand enfin elle réussit à les attacher, quelques mèches continuent de virevolter de chaque côté de son visage, tout comme sa frange qui me laisse entrapercevoir de temps en temps son visage en entier.

Je ris de la voir se battre ainsi avec ses cheveux, et j'en profite pour replacer une mèche derrière son oreille qui ne tient pas et s'envole à nouveau. Je pourrais la remettre en place, étant donné que ma main est toujours derrière, mais je préfère suivre la ligne de sa mâchoire, caressant sa joue de mon pouce avant de m'arrêter sur sa lèvre inférieure, légèrement entrouverte, et dont le souffle chaud vient effleurer mon pouce en totale contradiction avec le vent froid autour de nous. Elle ne me regarde pas dans les yeux, alors que les miens sont fixés sur elle, attendant un signe, quelque chose qui me prouve qu'elle en a tout autant envie que moi.

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