Chapitre 20 : Anna

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J'enfile la robe pull grise que Caroline m'a conseillé d'acheter hier, après un petit tour rapide au lavomatique au coin de la rue en rentrant de notre séance shopping, et une nuit à sécher sur mon sèche serviette, elle était prête à être enfilée.

Pour trancher avec le fade de ma tenue, j'y ajoute une touche de rouge à lèvre carmin. J'agite un peu ma frange avec mes doigts, me contemple une dernière fois dans le miroir, puis me décide enfin à sortir de chez moi après avoir enfilé ma veste en simili cuir noir, et mes bottines de la même teinte. Au dernier moment, je me décide à mettre mon béret, et repasse cinq minutes dans la salle de bain pour le poser sur le sommet de ma tête, légèrement orienté sur le côté et en arrière.

Une fois certaine d'être prête, je me rends dans la cuisine où je récupère les canelés achetés hier pour le dessert. Je quitte enfin mon appartement que je ferme à clé, puis vais frapper deux pas plus loin. C'est Mr Ménard qui entrouvre la porte, en charentaise et sans ses lunettes sur le nez.

— Mlle Anna ! Julien est presque prêt, il met ses chaussures, me dit-il avant de fermer sa porte et de la rouvrir sur son petit-fils qui lasse ses baskets. C'est bon mon garçon ?

— Oui grand-père, plus qu'à récupérer la bouteille de vin dans la cuisine et j'arrive.

— La bouteille de vin ? demandé-je dans son dos, tout en détaillant sa tenue en classique, chino gris et pull bleu marine.

— J'ai insisté pour qu'il amène quelque chose, on n'arrive pas les mains vides quand on est invité.

— C'est gentil à vous, mais il ne fallait pas, j'amène déjà les canelés.

— Il n'y a pas de mais qui tienne, tant que mon petit-fils vivra sous mon toit, je ne lui en demande pas beaucoup, seulement je tiens à ce qu'il respecte certaines règles.

— Bon allez ! s'exclame Julien en revenant, son bombers au bras et une bouteille de vin à la main. On a de la route à faire. A ce soir, grand-père.

— Soyez sage les jeunes, passez une bonne journée.

Après avoir salué mon voisin, on quitte le palier pour l'ascenseur. A l'observer avancer devant moi dans le silence, j'en viens à me demander si c'était une bonne idée de l'inviter. Surtout que je ne lui ai toujours rien dit sur la raison.

— Tu m'as l'air bien pensive.

— Euh, oui, je réfléchissais à un truc, c'est rien. S'il fait beau après manger, on pourrait aller faire un tour à Arcachon, enfin si ça te dit.

— Oui, pourquoi pas.

— Cool.

— T'es sûr que ça va ?

— Oui, t'en fais pas.

Je le guide jusqu'à ma voiture sur le parking, pose les affaires sur la banquette arrière puis m'installe au volant. Celle-ci n'est pas très grande, et jusqu'à présent ça me convenait parfaitement, mais je me rends compte qu'elle est vraiment petite en voyant Julien aussi imposant dedans.

— T'es à l'aise ?

— Ça va le faire, t'inquiète, je vais reculer un peu le siège et l'incliner, ça devrait aller.

— Je suis désolé, j'avais pas du tout calculé que ma voiture pourrait être trop petite.

— Pas de soucis, la prochaine fois on prendra celle de mon grand-père, elle est plus spacieuse.

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