Chapitre 13 : Anna

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Posté devant l'écran extérieur qui retransmet ce qu'il se passe dans le manège, je filme sans perdre une miette de leur réaction. Du moins, jusqu'à ce que ça accélère, et que je sente mon estomac se retourner. Me retenant de déverser mon repas de midi, je détourne le regard pour le poser sur le sol, et ses cailloux.

J'ai en horreur tout ce qui n'est pas ancré dans le sol, et qui peut affoler mon cœur, sauf les livres. Seuls les livres peuvent affoler mon cœur sans que j'y trouve à redire.

Les portes du manège s'ouvrent, laissant ses passagers en sortir, sans qu'aucun ne tienne plus sur ses jambes. Caroline a vraisemblablement adoré, malgré sa tête complètement flippée, quelques instants plus tôt. Elle se tient morte de rire entre Anton et Julien qui la soutiennent.

— Qu'est-ce qui lui arrive ?

— Ta pote ne tient plus sur ses jambes, je crois qu'elle va te tenir compagnie pendant qu'on va faire le prochain manège.

On se dirige vers un autre manège à sensation. Une grande tige avec deux extrémités. Pendant que certains montent dedans, un groupe attend là-haut. Un frisson me parcourt juste à imaginer le vide en dessous.

— Vous... vous allez vraiment monter là-dedans ?

— Ma parole, mais t'es une vraie peureuse toi ! lance Anton, visiblement énervé que j'ai si peur.

— La ferme Anton, lui balance Julien, elle a le droit d'avoir peur. Et puis, vaut mieux qu'elle reste en bas, plutôt que de faire la courageuse et de régurgiter sur tout le monde une fois en haut, ou de nous taper un malaise.

— Pas faux. Bon, on se grouille avant qu'il y ait trop de monde.

Les garçons se placent dans la queue, tandis que je m'installe avec Caro à la table d'une buvette juste en face et à laquelle on commande à boire.

— C'est le premier manège que je fais de la journée et il m'a déjà retourné. J'espère que le prochain que voudront faire les garçons sera un peu plus tranquille pour que je puisse les enchaîner.

— Franchement, je ne comprends toujours pas ce qui vous plaît là-dedans. Les rares fois où je suis montée dans un manège, j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux.

— Tu sais pas ce que tu rates, dit-elle en écartant les bras. Quand on est dedans, on se sent vivant, on oublie tout le reste pour se concentrer sur ce qu'on ressent.

Je tourne la tête vers le haut du manège, là où sont actuellement rendus les garçons, et un vertige me submerge alors que je ne suis même pas dedans.

— Ils doivent avoir une vue magnifique de là-haut.

— Je ne te le fais pas dire. Je l'ai fait en mars avec mon ex, et j'ai regretté qu'une chose, c'est d'avoir laissé mon téléphone dans mon sac. En plus, on y est monté de nuit, c'était magnifique, on voyait toute l'agglomération.

Ma meilleure amie attrape son téléphone, et me montre des images internet de la vue de nuit. Elle a raison, c'est magnifique. Qu'est-ce que j'aimerais ne pas avoir cette peur qui me vrille l'estomac dès que je dois faire quelque chose qui sort de ma zone de confort.

Un message sur son téléphone me sort de mes pensées.

[Tu me manques, désolé pour ce que je t'ai dit.]

— En parlant d'ex, dis-je en indiquant son téléphone du menton. Tu vas faire quoi pour Mathilde ?

Elle récupère son téléphone tout en lisant le message. Ses sourcils se froncent, puis un sourire naît sur son visage. Elle ne me répond pas, trop absorbée par le texto qu'elle est en train de lui envoyer.

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