Chapitre 11 : Anna

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J'émerge difficilement, au son de mon réveil plus tonitruant que d'habitude, avant de réaliser que c'est un mal de tête qui me fait réagir comme ça. Je rabats ma couette sur ma tête et grogne, alors que ça bouge à mes côtés. On s'est couché tard hier avec Caroline, que j'ai écouté parler une bonne partie de la soirée. Je savais que Mathilde ne m'appréciait pas, mais j'ai été plus que surprise d'apprendre que j'étais une des raisons de leur dispute, en plus du fait qu'elle reproche à ma meilleure amie d'être trop collante. Qu'elle m'en veuille à moi, pas de soucis, je ne l'apprécie pas non plus, et ça me va, mais qu'elle lui en veuille à elle parce qu'elle est trop collante, même si c'est vrai que je suis du genre détaché et elle très attaché, il y a des manières d'exprimer ce qu'on ressent, parce qu'à mon avis ça ne date pas d'hier son « besoin d'espace et de temps », parce que leur relation « évolue trop vite » d'après ce que m'a rapporté ma meilleure amie.

Quand ma deuxième sonnerie se fait entendre à son tour, je le coupe en vitesse pour ne pas réveiller ma squatteuse, et je m'extirpe de mon lit avec la promesse de le retrouver au plus vite en rentrant ce soir.

Je prends la direction de la salle de bain, pressée de sentir l'eau chaude couler sur mon corps somnolant, et je ne regrette pas ma décision, allant jusqu'à embuer toute la pièce.

Je ressors, une serviette autour de la taille, et je retourne dans ma chambre, où j'aperçois la masse inerte de Caroline maintenant allongée sur l'ensemble du lit, ce qui me tire un sourire. D'ordinaire, je l'aurais prise en photo, mais le faire maintenant lui rappellerait trop sa dispute. Aussi je balaie l'idée d'un geste, en ouvrant ma penderie.

Ayant un peu de temps avant de me rendre au travail, je passe au Starbucks, près du tram, où je me commande un mocha blanc en grande taille, afin de tenir la journée. Même si vu l'heure matinale, je sais qu'il n'est pas là, mes yeux ne peuvent s'empêcher de regarder autour de moi à sa recherche. Je trempe mes lèvres dans la boisson chaude pour me réveiller. Avec les températures qui se rafraichissent à l'extérieur ça me fait un bien fou, et je suis enfin prête à affronter ma journée de travail.

****

Sur le chemin du retour, je suis complètement vannée. Et même si j'apprécie mon amie, à la perspective de passer une soirée comme hier soir, je soupire d'avance. Mais je ne vais pas la laisser à la rue, tant qu'elle n'a pas arrangé les choses avec sa copine, même si, pour ça, je dois mettre entre parenthèses le calme de mon appartement.

Je suis surprise par l'odeur alléchante qui m'emporte quand je franchis le seuil de mon appartement. Je n'ai tellement pas l'habitude de cuisiner, où seulement des plats vite fait, que je ne me souvenais pas que la cuisine pouvait sentir aussi bon. Suivant l'odeur, je me rends dans ma kitchenette où je devine Caro aux fourneaux. La connaissance, c'est sa manière de faire passer sa cohabitation.

Mais c'est un tout autre spectacle qui m'attend. Je suis tellement surprise que j'en échappe mes clés que, dans ma précipitation, j'ai oublié de poser sur le meuble en entrant.

Il n'y a pas seulement Caro, qui se tient effectivement devant ma plaque électrique, il y a aussi le petit-fils de mon voisin, actuellement en train de couper minutieusement des poivrons, sur mon plan de travail. Comme aucun des deux ne prend la parole, c'est moi qui interviens.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Julien s'apprête à répondre, mais Caroline est plus rapide que lui.

— C'est moi qui l'ai invité ! Bon, j'ai aussi invité son grand-père, mais pas moyen de le faire sortir de chez lui. Et avant que tu ne poses la question, je l'ai fait dans l'unique but de les remercier pour hier soir. Ah ! et j'ai dû faire des courses, ton frigo est plus vide que ta vie sentimentale.

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