Chapitre 19 : Julien

93 13 0
                                    

Depuis ce matin, je suis tendu, en fait, depuis que j'ai vu sa tête et son sourire de con sur le visage. Je ne devrais pas réagir comme ça, mais c'est plus fort que moi. Pourtant maintenant, il est hors-jeux et ça devrait aller, mais non. Même si Anna ne semblait pas plus perturbée que ça, il a fait le con.

— Mec tu vas arrêter de faire la gueule ? me demande Simon en s'asseyant sur ma table.

— Pas d'humeur.

— Ah bon ? Et pourquoi ça ? demande Anton.

Je souffle exaspérer.

— Rien qui ne vous concerne.

— Alors arrête de faire la gueule mec.

Je me lève de ma chaise, prêt à quitter la salle de cours. Je n'ai vraiment pas envie de m'expliquer et encore moins devant lui.

— C'est à cause d'elle, n'est-ce pas ? balance Pierre.

— De quoi tu parles ?

— Je t'ai vus partir avec elle dans la rue.

Lentement, je me retourne vers lui, appuyé sur sa table. Le prof a quitté la classe il y a peu, et il ne reste plus que nous.

— Content de voir que tu étais en état d'assister à ça.

— Arrête mec, je sais qu'elle te plaît.

— Je croyais que c'était aussi ton cas.

— J'ai réalisé trop tard qu'elle n'en avait rien à faire de moi, c'est toi qu'elle préfère. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt.

— Et c'est une raison pour agir comme tu l'as fait ?

— C'était un pari !

— Ah ! Voilà ! On sait pourquoi t'es énervé maintenant, ajoute Anton.

— Oui, et vous feriez mieux de tous la fermer avant que je ne m'énerve réellement.

— Bon apparemment, tu ne l'as pas baisé.

C'est plus fort que moi. Mon poing part s'écraser dans le visage de Pierre. Il vient encore une fois de manquer de respect à Anna, et c'était la fois de trop.

— Connard ! Tu vas me le payer ! dit-il en se passant la main sous le nez où le sang coule.

— Ah oui ? Vas-y, je t'attends.

— Du calme les mecs, intervient Simon les bras tendus entre nous. Vous battez pas, ça ne sert à rien.

Je replace mon sac sur mes épaules et quitte la salle.

— Vas-y retourne jouer au chevalier servant ! balance la voix de Pierre dans mon dos. Cette sainte nitouche est aussi peu faite pour toi qu'elle l'était pour moi.

Les poings serrés, je m'apprête à faire demi-tour pour lui en mettre une, ce mec vient vraiment de me mettre hors de moi et je n'ai aucun moyen de me calmer.

— Julien ! m'interpelle Simon, — toujours dans la salle de classe — mais je ne me retourne pas.

C'est complètement énervé que je quitte l'école, mais cette fois, pas moyen d'aller courir avec ma tenue. Chino et bombers ne sont pas fait pour, et même si mes baskets feraient l'affaire, je n'ai pas envie de les abîmer. Au lieu de ça, je marche le long des quais, là même où on a marché samedi soir. Comme hier, c'est un ciel gris qui accompagne mes pensées, me secouant avec ses bourrasques, mais cette fois, il n'y a personne, ou presque, la plupart des gens craignant trop une averse pour s'y balader.

Sur le même palier [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant