Chapitre 9 : Anna

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Trois jours que je repense non-stop à lundi soir, trois jours que mon cerveau n'arrive pas à imprimer l'idée que le petit-fils de mon voisin est aussi le mec le plus sexy de la terre, trois putains de jours que cette révélation m'a déconcerté. Et dire que l'autre midi, j'ai failli me montrer devant lui en tenue décontractée.

Je m'assomme plusieurs fois avec mon livre, ce qui n'arrange absolument rien. Je dois aller faire le ménage à côté, dans sa chambre, et mes pensées s'envolent vers son lit. Bon sang, par respect pour mon voisin, il est hors de question de penser à lui comme ça.

Je ferme et referme mon livre sans succès, pratiquement vingt minutes que je suis sur la même page sans réussir à me concentrer sur trois mots d'affilée, puis je me frappe encore une fois la tête, et râle pour la forme avant de soupirer.

Il va bientôt être l'heure pour moi d'aller chez mon voisin, et je retarde ce moment. Comment regarder Mr Menard dans les yeux, sans lui avouer que je trouve son petit-fils hyper sexy. A bien y regarder, j'aurais pu m'en douter plus tôt, entre le prénom, leurs yeux bleus, et le fait qu'il vivait dans le même quartier que moi. Mais non, à croire que je me suis mis des œillères, ne voulant pas croire qu'une telle chose soit possible.

Je me relève du canapé où j'étais allongé, et me rend dans ma chambre où je quitte ma tenue décontractée, pour quelque chose d'un peu plus présentable, je stresse tellement de le croiser que je ne voudrais pas le faire complètement débraillé. Ça peut sembler ridicule, mais j'aime être à mon avantage quand je le croise, surtout en repensant à la fois où il m'a vu avec de la poussière dans les cheveux.

Enfin prête, je quitte mon appartement pour celui mitoyen au mien.

— Mademoiselle Anna, vous êtes encore en retard ! Je vous ai connu plus ponctuel.

Ouille ! J'ai l'impression d'être un enfant qui se fait sermonner, en plus je ne sais même pas quoi lui sortir comme excuse. L'autre jour, j'avais vraiment un bouquin à commenter, mais là, je ne sais pas quoi lui dire, sans lui avouer que je pensais à son petit-fils. Je crois que je n'ai pas le choix, pas d'excuse.

— Désolé, réponds-je contrite.

— Bon, il n'y a pas de mal. Et puis ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire de mes journées.

Malgré sa volonté d'adopter un ton détaché, je le sens meurtri. Il ne voit pratiquement personne la semaine en dehors de son petit-fils et moi, et maintenant je raccourcis nos après-midis. Il prend place sur son fauteuil, sa canne poser sur ses genoux.

— Ne faites pas cette tête, j'oublie que vous êtes jeune et que vous avez une vie en dehors. J'abuse même sans doute de votre compagnie.

— Ne vous inquiétez pas, personne ne m'attend.

— Une jeune fille comme vous, cela m'étonne ! A votre âge, j'étais déjà marié et ma femme n'allait pas tarder à m'annoncer sa grossesse, me raconte-t-il, encore une fois perdu dans ses souvenirs. Je puis comprendre que les temps ont changé, mais vous n'allez pas me faire croire que vous êtes encore célibataire ?

— Eh bien, si ! Mais c'est ma faute aussi, je ne cherche pas. Et puis, j'ai tellement souvent la tête coincée dans un livre, que le grand amour pourrait me tomber dessus, je ne le remarquerai même pas.

Ma remarque déride mon voisin, qui rigole en crachotant ses poumons. Courbé en deux sur son fauteuil, je m'approche de lui, inquiète de le voir dans cet état.

— Tout va bien ? Vous voulez un verre d'eau ?

Mon voisin accepte, et je reviens vers lui, un verre à la main.

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