Chapitre 10 : Julien

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Je rejoins mes potes un peu plus tard que prévu, ne m'étant pas attendu à trouver une fille en pleurs devant la porte de ma voisine. Quand j'ai reconnu la personne assise la tête entre les genoux, je l'ai fait rentrer dans l'appartement. Apparemment mon grand-père la connaît bien, elle aussi, ça ne lui a donc pas vraiment posé de problème, mais il avait l'air vraiment attristé de la voir comme ça.

Je l'ai observé agir avec elle, et avec Anna l'autre jour. Il n'a absolument rien à voir avec l'homme froid et distant que me décrivait mon père, et chaque jour, je suis un peu plus surpris par l'homme que je rencontre. Même s'il est souvent bourru, c'est un homme honnête, et drôle, et je suis presque jaloux de la relation qu'il entretient avec sa voisine. Surtout sachant que je n'arrive pas à retirer cette dernière de mon esprit.

Mes potes, ainsi que Marc et Simon, deux autres camarades de classe, sont attablés à la terrasse d'un bar. Au vu du nombre de verres sur la table, je devine que la soirée est déjà bien entamée pour eux.

S'étant déjà vus en cours aujourd'hui, je me laisse choir sur une chaise avec un vague salut, interrompant leurs conversations.

— T'étais où ? demande Pierre.

— Désolé, un souci chez moi.

Les conversations reprennent comme si de rien n'était. Entre les cours, les soirées, les filles, et je me laisse aller à une soirée tranquille avec eux. Pourtant, quelques bières plus tard, mon esprit vagabonde, vers des cheveux bruns et des yeux vairons. Tout à l'heure, assise sur le canapé de mon grand-père, j'ai bien vu qu'elle se retenait de pleurer, et le pincement au cœur que j'ai eu en la voyant... Je grimace et tente de faire passer ça en vidant d'un trait mon verre de bière.

— Mec, toujours avec nous ?

— Ouais, ouais.

— Bon alors, ça te dit d'aller en boite ?

Je mets quelques minutes à réaliser ce qu'il se passe. Tellement perdu dans mes pensées, je ne les ai pas entendus proposer qu'on bouge. Je réfléchis un instant à leur proposition, et entre ça et rentrer chez mon grand-père tout en sachant ce qu'il se passe dans l'appartement d'à côté, ça va me faire péter les plombs. Alors j'accepte, et on se dirige à pied vers une boîte en bordure de Garonne.

— Tu vas voir, dedans, c'est d'enfer ! s'exclame Marc. Et puis, les meufs, elles sont chaudes comme la braise, mec !

Les mains dans les poches, je l'écoute me parler des différents styles de musique qui passent dedans, des filles qui se trémoussent dans des robes toutes plus courtes les unes que les autres. J'aimerais lui dire que c'est pareil dans toutes les boîtes, mais je me retiens. J'ai tendance à oublier que la plupart de mes camarades ont tout juste dix-huit ans, et qu'ils ont dû mettre les pieds dans ce genre d'endroits seulement trois ou quatre fois dans leur vie. Alors je suis le mouvement, plus intéressé par l'envie de passer une soirée avec eux, que la perspective de m'y trouver une fille.

Depuis que je suis rentrée en France, j'ai décidé de reprendre ma vie en main, et ça passe par arrêter de draguer chaque fille un peu mignonne qui passe devant moi. Et aussi, parce que ma voisine embrume mon esprit, ce qui n'est apparemment plus le cas de Pierre actuellement puisqu'il aborde des groupes de fille directement sur le trottoir avec Anton.

Il me faut l'aide de Simon et Marc, pour réussir à les séparer des filles, qui gloussent comme des adolescentes devant eux. Même si c'est ce qu'elles sont, des adolescentes. Je m'excuse auprès d'elles et leur souhaite une bonne soirée, accompagné d'un petit clin d'œil, et elles ont déjà oublié mes potes.

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