Chapitre 21 : Julien

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— Tu as déjà ouvert des huîtres ? me demande le père d'Anna, alors qu'on prend place devant l'évier du garage pour ne pas encombrer la cuisine.

— Jamais, Monsieur.

— C'est l'occasion d'apprendre.

Le père d'Anna me montre comment tenir l'huître puis l'ouvrir avec la pointe de son couteau. Je l'observe en ouvrir plusieurs à la suite avant de les déposer sur un plateau devant moi.

— T'en fais pas pour les premières, elles ne seront pas jolies, c'est une question de coup de main. Vas-y essais.

Je récupère le couteau et tente de planter la pointe comme il me l'a montré mais c'est un échec. Il nous faut pas mal de patience et un bon moment à tous les deux pour que j'arrive à en ouvrir quelques-unes comme il se doit.

— Bon alors, dit-il alors que je lui ai rendu sa place pour aller plus vite, depuis quand vous êtes ensemble avec Anna.

— Oh ! c'est tout récent.

— C'est bizarre, continue-t-il sans me regarder, elle est venue il y a quinze jours, et elle ne nous a absolument rien dit.

— Eh, bien, c'est qu'on se tournait autour sans vraiment franchir le pas.

Me prenant par surprise, son père part d'un grand éclat de rire sans détacher ses yeux de la lame.

— Tu peux jouer la comédie autant que tu veux devant ma femme, avec moi, ça ne prend pas. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre vous, mais tu n'es pas vraiment le genre d'homme que ma fille fréquente.

— Monsieur, je peux vous assurer que...

— Économise ta salive, je connais ma fille et je suis pratiquement sûr qu'elle a fait ça pour éviter le fils de Marie. Quoi qu'entre toi et moi, je préfèrerai ma fille avec toi qu'avec l'autre.

Je suis complètement abasourdi. Non seulement son père est au courant, et en plus je ne suis pas le genre de mec pour sa fille. J'en reviens toujours au même point, qui est assez bien pour elle ? Je vais même jusqu'à faire part de ma réflexion à son père.

— Votre fille est quelqu'un de super, je n'sais pas s'il existe quelqu'un pour elle.

— Ça ne serait que moi, elle aurait toujours dix ans et on n'aurait pas cette conversation.

— Oui, mais elle ne serait pas la merveilleuse femme qu'elle est devenu.

Son père fronce les sourcils, alors qu'au même instant, la sonnette dans l'entrée retentit.

— Je suis content qu'elle t'ait fait venir, tu verras, on ne va pas s'ennuyer.

Il me demande de prendre le plateau et de le suivre, jusqu'à la cuisine où tout le monde semble s'être rassemblé. Des yeux, je cherche Anna, occupée à positionner des toasts sur un plateau, puis une crinière châtaine et un nez retroussé apparaît devant mon visage.

— Beau, et tu sais ouvrir des huîtres, quels autres talents tu caches ?

Je me penche vers elle et lui murmure à l'oreille :

— Celui de savoir faire des choses à ta cousine que tu ne peux même pas imaginer.

En me reculant, je peux voir ses joues devenir plus rouges que le blush qu'elle y a appliqué, puis d'un sourire charmeur, je la quitte pour rejoindre son père qui m'attend les sourcils froncés. Il me prend le plateau des mains et le dépose non loin du réfrigérateur.

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