Chapitre 24 : Julien

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C'est en trombe que je me réveille, deux heures après que mon réveil ait sonné pour la dernière fois. J'ouvre grands les yeux le temps que toutes les connexions se fassent via mes synapses. Et la réalité me rattrape, mes deux premières heures de cours ont été annulées. Je souffle et me laisse tomber en arrière, ma tête atterrissant entre deux coussins. Je serai bien tenté de rester là toute la journée, mais la procrastination n'a jamais été mon fort.

Je finis par me lever. Tigrou jusqu'à présent assis devant ma porte vient se lover contre mes jambes avant de sauter sur mon lit défait, et je rejoins mon grand-père dans le salon où il est assis dans son fauteuil, plongée dans un documentaire à la télé.

Je le salue, et me rends dans la cuisine, où du café m'attend que je mets à réchauffer au micro-ondes. Ce n'est pas super, mais ça me permettra de tenir jusqu'à mon prochain, puis je me coupe une part de brioche et rejoins mon grand-père dans le salon.

— Bien dormis ?

— Oui, j'avais deux heures de libres ce matin, alors j'en ai profité.

Je me connecte sur les réseaux, et aperçois un nouveau poste de Tommy surfant une vague sur une plage australienne. J'aime sa photo, et lui glisse un commentaire en anglais dessous :

Jolie vague, mais le surfeur n'est pas top ! Il devrait venir s'entraîner sur les plages françaises pour parfaire sa technique.

Avec nos 6 heures de décalage, ce n'est pas évident de se parler tous les jours, mais c'est aussi ce qui fait notre amitié, on n'a pas besoin de se voir ni de se parler tous les jours pour être ami. Cependant, ça me manque de ne pas avoir quelqu'un avec qui parler de tout et de rien comme on le faisait. Avant lui, j'avais un meilleur ami et après l'accident, je ne pensais pas être capable de me faire de nouveaux amis, mais Tommy était encore plus cabossé que moi quand il est arrivé aux Etats-Unis, et à tous les deux, on a repris goût à la vie. Je n'ai jamais su ce qu'il lui était arrivé, alors que lui sait tout de moi, mais parfois, il est important de laisser le passé à ce qu'il est.

Une fois prêt, je prends le tram jusqu'au centre-ville, en croisant de nombreux étudiants. Avec mon sac sur le dos, je me fonds dans la masse. Quelques étudiantes me lancent des regards auxquels je ne réponds pas n'ayant en tête le visage que d'une seule personne.

Un peu plus de deux mois maintenant que je suis arrivé et pourtant je regarde toujours partout. Même si ça fait plusieurs mois que je suis rentré en France, j'ai encore pour habitude de comparer les choses les unes aux autres, que ça soit la ville où les gens, on vit vraiment avec des cultures différentes tout en n'étant pas si différent les uns des autres.

Tellement perdu dans mes souvenirs, je manque de louper l'arrêt de tram, je descends en vitesse, puis je parcours les quelques rues que je commence à connaître avant d'arriver devant l'enseigne où elle travaille.

De l'autre côté de la rue, je l'observe ouvrir et accueillir le couple de client qui attendait. Aujourd'hui elle a revêtu un jean et un pull blanc aux manches blousantes. Une tenue classique, comme elle.

J'attends un peu, puis finit par traverser et entrer à mon tour.

Son visage se lève vers moi au moment où je franchis la porte. Elle est l'illumination dont j'avais besoin pour bien démarrer ma journée. Un sourire timide se dessine sur ses lèvres. Je la comprends, on n'a pas parlé de ce qu'il s'est passé entre nous depuis dimanche, soit trois jours de cela.

— Salut ! soufflé-je en approchant du comptoir. Tu m'as manqué.

Ses joues se colorent d'une délicieuse teinte rose tandis que je me penche par-dessus le comptoir et attire son visage au mien afin de sceller nos lèvres. Elle ne réagit pas tout de suite, et je me demande si je me suis trompé quant à ce qu'il s'est passé entre nous jusqu'à ce que sa main vienne caresser mon visage et que ses lèvres approfondissent notre baiser. Mais elle se retire trop rapidement à mon goût.

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