Serendipity n°32

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11 septembre 1949


Il me l'avais dis. 

Comme ça, dans un souffle. Il me murmurait ses secrets dans la nuit, les choses qui l'avaient poussé à fuir sa patrie. 

Cette nuit là restera gravée dans ma mémoire, il régnait dans mon lit, dans ma chambre cette nuit là, comme des airs de confidences, des choses dont on parle maintenant parce que c'est important sans pour autant leur donner cette apparence.

Des choses dont on ne reparlera jamais. 

Il devait être environ trois heures du matin, je ne trouvais pas le sommeil et lui non plus, pourtant aucun de nous deux ne parlais. Puis soudainement il l'avait dit. 

-C'était il y a un an environ. Je ne pourrais pas te dire quand précisément... -avait-il dit tout doucement. 

Il ne chuchotait pas, mais parlait si doucement que l'espace d'un instant j'ai cru avoir rêvé ce qu'il venait de dire. Je n'avais pas bougé pour lui indiquer que je ne dormais pas, il le savait. 

-Je  vivais à la capitale avec ma famille, dans les quartiers riches de la ville... J'avais un ami, un seul. Il s'appelait Jimin. Nous étions très proches... -continua-t-il, je ne disais toujours rien- C'était vraiment le meilleur ami que j'aurais pu avoir...

Je me souviens qu'à ce moment là, je me suis demandé pourquoi est-ce qu'il en parlait au passé. Je ne lui ai jamais posé la question par la suite.

-Un après-midi, nous étions en train de discuter chez moi. Nous étions seuls. -il garda le silence quelques minutes, je su qu'il s'apprêtait à lâcher une bombe qui, à l'époque, avait chamboulé toute sa vie. 

Je mourrais d'envie d'en savoir plus, mais étrangement, imaginer Taehyung avec un autre garçon... Un autre homme, ça me déplaisait fortement.

-Il s'est rapproché de moi et moi de lui. Ma mère est arrivée à ce moment là mais nous ne l'avions pas entendu entrer. -ma gorge se serra à cause de ce qu'il s'apprêtait à dire- Ce n'était qu'un baiser sur la joue, rien de plus. Mais elle s'est douté de mon anormalité presque immédiatement.

L'un de ses bras passa autour de ma taille, j'étais toujours dos à lui, je me tournais alors. Il avait besoin que je le rassure, je le sentais. J'avais alors passé mes bras autour de son cou et je caressais les cheveux dans sa nuque. 

Il se colla un peu plus contre moi et mit son visage dans mon cou. Il devait sentir que l'air de rien, j'étais quand même un peu blessé de l'entendre raconter ses aventures avec un autre homme.

-Elle avait ordonné à Jimin de s'en aller et de ne plus jamais revenir. A ce moment là, on s'est regardé longuement, parce que nous avions que c'était la dernière fois que l'on se voyait. Ma mère n'avait rien dit, elle ne m'avait pas adresser la parole ni ne m'avait regardé durant la semaine qui suivit. Mon père avait qui je n'étais pas spécialement proche ne remarqua rien. -sa voix, toujours aussi basse, me semblait moins douloureuse, comme si la tempête était passée- Puis un soir elle est rentrée, mon père était encore au bureau. Elle est venue me voir et m'a dit qu'elle avait réussi à prendre contact avec sa sœur qui vivait dans ce pays et qui s'apprêtait à déménager à la campagne avec sa petite fille. Elle m'avait tendu un passeport que je ne connaissais pas et qui pourtant portait mon nom. Elle me tendit une valide vide et quitta ma chambre. -il ne dit plus rien pendant quelques minutes à nouveau... Ca faisait déjà beaucoup d'informations à digérer- Quand je suis allé dans le salon avec ma valise, elle m'a dit qu'un chauffeur m'attendait dehors, et qu'une fois à destination, un passeur me ramènerait sur les côtes de votre pays où ma nouvelle mère m'attendrait. 

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