4 Juin 1949
Aujourd'hui, je ne travaille pas, c'est le week-end. J'ai eu la chance de décrocher un emploi peu après la Libération, heureusement d'ailleurs. Ma soeur est beaucoup trop jeune et ma mère n'a jamais travaillé de sa vie, et puis, quel genre de travail pourrait faire une femme ? Je ne veux pas la voir faire des passes sur un quelconque trottoire.
Je me promène en ville avec Hoseok et Jin, on flâne dans les rues et on profite que le soleil montre un peu le bout de son nez pour marcher lentement. Près du magasin de bonbons, on pouvait voir une masse incroyable d'enfants se presser pour avoir les dernières confiseries à la mode avant qu'il n'y en ai plus.
Hoseok lâcha un petit rire nostalgique.
Son petit frère aurait certainement été le premier à se presser dans cette boutique. Il était un peu rond et passait son temps à manger, mais c'était adorable, surtout quand il pensait être discret.
Sur la fin, quand sa maladie l'avait rongé, il n'avait plus que la peau sur les os et son teint rosé, ses grosses joues roses avaient laissé place à un visage émacié, une machoire tranchante et un teint maladif, il paraissait si petit dans son grand lit... Hoseok à eu du mal à se remettre du décès de son cadet, il en souffrait encore dans les moments de nostalgie comme celui-là, quand il imaginait tout ce qu'il aurait fait s'il avait été là...
Heureusement que nous étions là, avec Jin, d'un regard entendu, on lui attrapa chacun un bras et on l'emmena dans le premier bar que nous voyions, celui où je travaillais en locurence.
-Trois bières s'il-vous-plaît. -commanda Jin en posant son postérieur sur le tabouret du comptoir que je connaissais très bien.
Le barman se tourna vers nous et je fis des yeux ronds comme des billes.
-Toi ! -m'exclamais-je en le pointant du doigt.
Il ne tiqua pas, n'esquissa aucun mouvement de surprise et se contenta de poser nos bières sur le comptoir sans dire un mot.
-Tu le connais ? -demanda Jin en me regardant, son verre à la main.
-Ouais, c'est mon nouveau voisin. -dis-je en faisant glisser un des verres devant Hoseok à ma gauche.
-Mais à côté de chez toi c'est...
-Ouais, c'était la maison de Yoongi. -dis-je simplement, comme si ça ne m'affectais pas- Tu travailles ici ? -demandais-je en me tournant vers le nouveau venu.
-Oui.
C'était la deuxième fois que j'entendais sa voix. Elle était grave et linéaire quoi qu'un peu monotone. J'allais répliquer quand mon patron, Monsieur Hyuk, sorti de la cuisine avec un sourire au lèvres et son affreuse chemise à rayures. Il me vit et fit un grand sourire.
-Ah Jungkook ! -son sourire et sa bonne humeur était communicative- Toujours à traîner ici hein ! -fit-il en m'ébouriffant les cheveux.
Je ne répondit rien et bu ma bière en souriant. J'adorais ce goût amer et pétillant, il n'y avait pas forcément de raison à ça, c'était juste le cas.
-Ah d'ailleurs ! -reprit Monsieur Hyuk- Je te présente ton nouveau collègue, tu sais je t'en avais parlé.
Et là, la lumière dans mon cerveau s'est allumée.
-Alors c'est toi Taehyung ! Le neveu du patron ?! -dis-je en regardant mon nouveau collègue qui semblait agacé par moi, ou mon comportement, à voir...
Ce dernier souffla en levant les yeux au ciel et ne me répondit pas, préférant aller servir les autres clients plutôt que de répondre à ma mini question.
-Oh t'en fais pas Kook, -continua Hyuk- il est comme ça avec tout le monde et tout le temps, mais tu verras, il est quelqu'un sur qui on peut compter même s'il en a pas l'air.
Sur ces mots, je glissais à nouveau mes yeux sur lui, sur Taehyung. Je fût étonné de voir qu'il me dévisageait déjà, avec son regard noir et ses pupilles qui se dilataient.
"Quelqu'un sur qui on peut compter même s'il en a pas l'air"... Mouais, bah il en a vraiment, mais alors vraiment, pas l'air du tout.
Le patron nous laissa, retournant à la cuisine, nous étions seuls au comptoir, je portais alors mon attention vers Hoseok. Ce dernier avait un fin sourire triste sur les lèvres. Je n'arrivais pas à comprendre sa peine, mais j'y compatissais. Je pense que moi aussi, si j'avais vu ma petite sœur dépérir comme ça, d'une maladie inconnue, sans aucun remède, si je m'étais moi aussi accroché tout ce que je pouvais pour la sauver... Je pense que moi aussi, je ne m'en remettrais pas aussi facilement.
Et pourtant malgré ça, quelques jours après l'enterrement de son cadet, Hoseok souriait déjà de nouveau. Je n'en était pas très étonné à cette époque. Hoseok ne se laissait jamais abattre, il ne baissait jamais les bras et je l'admirais secrètement pour ça.
Ce soir, Haneul est encore venue dans ma chambre pour son câlin avant d'aller se coucher, sauf qu'en arrivant, son petit visage était tout défait et elle n'avait pas l'entrain de d'habitude. Elle se faufila à côté de moi et je posais mon livre sur mon bureau.
-Dit Kookie ?
-Hm.
-Papa il rentre quand ? Il me manque...
Sur le moment, je ne savais pas quoi dire. Elle était trop petite pour comprendre, trop jeune pour saisir ce que c'était que la mort, pour saisir son côté... Définitif.
Alors d'un commun accord, nous avions décidé avec ma mère de ne rien lui dire jusqu'à ce qu'elle soit assez grande, on ne voulait pas la priver d'une enfance heureuse comme moi j'en ai été privé.
Je ne voulais pas que sa vie se résume à voir les gens partir et ne jamais revenir comme moi je l'avais vu.
-Il rentrera bientôt. -elle serra les poings sur sa petite robe- Mais dit moi, toi, tu as fais quoi aujourd'hui ?
Il était si facile de la distraire que s'en était fascinant. Elle retrouva le sourire immédiatement.
-J'ai été jouer avec Somin, elle a plusieurs poupées et elles sont trop belles !
-Somin ? C'est qui ?
-C'est la nouvelle voisine, elle habite à côté de la maison !
Quelques heures plus tard, je me glissais sous la couverture en frissonnant, aujourd'hui, et contrairement aux jours précédents, je n'avait pas été voir le coucher du soleil ni n'avait écrit dans mon journal. Cette journée avait été déprimante.
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Mikrokosmos
Fiksi Penggemar~Vkook~ Taehyung n'est pas quelqu'un qui s'excuse, il a trop de fierté ou de timidité pour ça, je sais pas encore ce qui prime le plus chez lui, la timidité ou la fierté. Plutôt que de présenter des excuses, il va plutôt essayer de se racheter. Il...