Chapitre 30 : L'Imprégnation

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Ils restèrent fixés sur l'endroit où avait disparu l'animal avant de s'activer, courant à l'aide de grandes enjambées. Ils se moquèrent de prendre les pieds dans la flore, tant qu'ils parvenaient tant bien que mal à avancer.
 
— Oh, il est là ! s'écria-t-il en lien désignant un point. Bizarre, il revient vers nous.
 
Il réapparut effectivement et agita ses poils qui semblaient varier d'une couleur à l'autre devant les lycéens. Tantôt de couleur crème et blanc quand il était dans un rayon de soleil, tantôt beige et marron quand il se camouflait, il filait adroitement entre chaque brindille pour gagner de la vitesse.

— Tu es certaine que c'est un Monstre, avisa Aron.

— Oui, évidemment. Je le sens, pas toi ?

— Bof, mais c'est peut-être à cause de mon état.
 
Delyth s'approcha de la boule de poil et s'accroupit devant lui pour se trouver en face de son museau.
 
— On ne te veut aucun mal. Tu es peut-être étudiant, toi aussi ?

— Tu parles ! Regarde-le, c'est clairement un môme.

— Tu penses ? Mais alors... il est peut-être coincé sous cette forme ! Tu es revenu nous voir pour que l'on t'aide ?

Le canidé pencha sa tête sur le côté et se remit à courir, cette fois-ci plus lentement. Il jeta des coups d'œil derrière lui, comme s'il s'assurait que les deux Monstres le suive. Il les emmena plus profondément dans la forêt, les faisant passer par un sentier très emprunté, à en juger la végétation pauvre et aplatie. Quand Delyth et Aron commencèrent à fatiguer, le louveteau s'arrêta finalement, dévoilant devant lui une immense clairière ouverte sur le ciel mais entourée d'arbres denses et hauts, qui semblaient extrêmement vieux.

L'espace découvert n'était tapissé que d'herbes courtes en friche qui semblaient avoir été souvent foulées. Des rondins de bois avaient été posés à côté de deux gros rochers, formant un cercle imparfait au centre duquel on pouvait voir un espace noirci, couvert de charbon noir. À coup sûr, des humains venaient ici pour faire des feux. Delyth pouvait même imaginer plusieurs personnes assises autour d'un agréable foyer chaleureux, à se faire griller quelques marshmallows plantés sur des branches. Ce lieu semblait paisible, emprunt de vie même s'il en semblait déserté.

— Où est ce chien ? demanda soudainement Aron, en cherchant autour de lui.

Il eut cependant vite la réponse à sa question grâce à sa bonne ouïe quand il perçut un remuement derrière un arbre. Il s'y approcha, suivit par Delyth. Mais à peine fussent-ils arrivés que l'animal ressortit pour leur grogner dessus de façon comique, puisqu'il était vraiment trop petit pour paraître dangereux.

Il retourna se cacher puis resurgit de nouveau en soufflant méchamment. Ils étaient totalement abasourdis par le manège cocasse du canidé, qui se mit bientôt à sautiller, totalement hors de lui. Ses nombreuses queues se herissaient, si agitées qu'on ne pouvait les compter.

En se penchant pour observer derrière l'arbre où il partait sans cesse se cacher, Delyth aperçut une masse informe et froissée de tissus et alors elle comprit subitement.

— Ah !

— La vache, tu m'as fichu la trouille, pourquoi tu cries comme ça ?

— De un, je n'ai absolument pas crié et de deux, j'ai trouvé ce que ce charmant bonhomme essaye de nous dire.

À ses mots, la petite boule de poils cessa de s'agiter et regarda patiemment l'échange. Assit sagement, ses multiples queues remuaient dans une fluidité si impressionnante qu'elles semblaient faites de coton.

— Ben vas-y, parle ! s'impatienta Aron.

— C'est probablement un métamorphe, expliqua la jeune femme, or il souhaite revenir sous sa forme humaine !

Monstres - Tome 2 : SuccubusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant