~ Delyth ~
Kasper s'écroula avec lourdeur. Sa main tenant celle de Delyth, il entraîna son amie dans sa chute. La jeune femme le secoua, paniquée.
— Il est mort ? demanda-t-elle en hurlant après le Vampiris qui souriait.
— Il dort. Il a dû user toutes ses forces. Laissez-le se reposer, il se réveillera pas lui-même.
— Vous en êtes bien certain ?
Delyth savait bien que personne ne lèverait le petit doigt pour un Oméga, surtout quand elle pouvait voir des traces de bleus récents sur ses bras. Elle voulait être certaine de pouvoir faire confiance en ce médecin.
— Oui, sûr et certain, fit le Vampiris avant de rejoindre l'ambulance, où son patient était transporté en urgence.
Son sang avait aidé le jeune Lycanthrope mais il avait subit de multiples blessures et il lui faudrait plus qu'un peu de sang Vampirique pour être sur pieds.
Au même moment, Faël arriva en courant.
— Quelqu'un peut-il se rendre dans le chalet de Per et Filip ? Les enfants y sont enfer... més.
Il vit alors le corps sans vie de Solbritt, étendu à la vu de tous, puis Delyth penchée au dessus de Kasper, qui avait les yeux fermés. Il se mit à paniquer un instant avant de reprendre ses esprits.
— Malena et Elias sont partis, il paraît que Lukas a été blessé, Markus garde seul les quatre enfants... mais pourquoi personne ne dit rien ? finit par crier le jeune homme, désemparé par leur silence.
Le calme envahit de nouveau la place, où perçait çà et là quelques sanglots. Delyth fixait Faël comme s'il n'était qu'une illusion. Elle n'osait cligner des yeux, de peur de le voir disparaître. Mais quand il s'approcha, qu'il lui parla tout bas et qu'il la secoua par les épaules, elle se permit de fermer les yeux, pour les rouvrir sur son visage.
— Kasper, il va bien ? demanda Faël, l'air terriblement inquiet.
Depuis quand était-il ami avec Kasper ? Aux dernières nouvelles, selon les connaissances de Delyth, personne ne s'était jamais intéressé à Kasper. Par automatisme, comme un réflexe de protection, elle resserra son emprise sur le corps de l'Oméga.
— Il va bien. Il est épuisé, c'est tout. C'est ce qu'a dit le médecin, expliqua-t-elle nerveusement.
Quand plusieurs Lycanthropes s'approchèrent d'elle et de Kasper, Delyth sursauta.
— Ne lui faites pas de mal, supplia-t-elle. Il a même sauvé Lukas, vous ne pouvez pas le laisser ?
Un trémolos dans la voix, la jeune femme se recroquevilla sur Kasper, comme si son corps pouvait faire rempart face à la masse de Lycanthropes.
— Nous allons simplement l'emmener à l'infirmerie. Qu'il dorme dans un lit, pas au milieu du sang et de la boue, sourit Ulla.
Ne décernant aucune hostilité en eux, la Draccubus les laisser emporter Kasper avec eux jusqu'au grand chalet où se trouvait l'infirmerie. Soudain, quelqu'un agrippa Delyth pour la remettre sur pied. Elle se retourna et croisa les yeux verts de son oncle.
— Viens, trésor. On rentre, lui annonça-t-il.
Il lui parlait en douceur, la voyant perturbée par les événements et surtout par le corps déchiqueté qui se trouvait à moins de quatre mètres d'elle. Solbritt n'était plus qu'un amas de chair et d'os qui refroidissait et se putréfirait, elle en avait conscience. Pourtant, Delyth ne put s'empêcher de détourner les yeux.
— Il ne méritait pas de finir ainsi, murmura-t-elle pour elle-même, avant de prendre la main de son oncle, qui l'entraîna dans son sillage.
Elle savait qu'elle ne devait pas se trouver ici. Que Solbritt soit mort ne changeait rien à sa situation. Il y a quelques mois, elle avait failli tuer chaque Lycanthrope qu'elle voyait. Faël la suppliait du regard pour qu'elle reste un peu plus longtemps mais elle se détourna et sa main resta accrochée au blouson de cuir de son oncle quand il voulut la lâcher. Alors, sans un mot, il la dirigea au milieu des arbres de la forêt.
Aeddan les avait rejoint mais Delyth ignorait depuis quand. Toutefois, elle nota qu'il avait des traces de sang sur lui, comme s'il avait côtoyé le combat de près. Seulement, il ne disait rien. Ils étaient arrivés une quinzaine de minutes avant la fin des hostilités. Qui sait ce qu'il s'était produit durant ce délai ?
Sur le parking où débouchait la forêt, Rolf était encore présent, bien que l'ambulance soit partie depuis un moment. Toutefois, un médecin tournait autour de lui piur évaluer ses plaies.
— Nous devrions nous rendre au plus tôt à l'hôpital, monsieur...
— Dans quelques minutes, répondit le nouvel Alpha. J'ai une petite chose à régler avant cela.
Il se dirigea droit sur Aeddan, qui le fixa du regard sans mot dire. Le père de Delyth, qui avait tendance à montrer du respect envers ses interlocuteurs, montrait ici un regard plein de mépris.
— Solbritt est mort, fit-il. Nous sommes donc quitte. Voyez-vous, avant qu'il ne meurt, il jurait qu'il ferait tout ce qui est dans son pouvoir pour supprimer votre fille. L'un dans l'autre, je vous ai rendu service.
Delyth sentit le mince espoir qui lui permettrait d'à nouveau côtoyer la Meute. Serait-elle, sinon pardonnée, capable de revoir ses amis ?
— Toutefois, ajouta Rolf, Delyth ne devra plus jamais approcher de notre territoire, cela tient encore.
— Et les autres ? demanda-t-elle nerveusement. Puis-je revoir Faël, Markus et les autres, s'ils le souhaitent, à l'extérieur de votre territoire ?
Rolf réfléchit un instant.
— Je vous y autorise. Si cela peut les empêcher d'essayer de faire le mur tous les soirs, ça m'arrange. Je n'ai pas la patience de Solbritt, je ne tolérerai pas leur comportement rebelle. Ne les encouragez pas à me désobéir, jeune femme, sinon cela leur portera préjudice.
— Je ne ferai pas cela, répondit-elle, les larmes aux yeux.
Avait-elle rêvé ou bien avait-il réellement accepté qu'elle puisse revoir ceux qui l'avait tant manqué ? Elle pourrait les revoir mais surtout, elle aurait enfin l'occasion de s'excuser envers eux.
— Rolf, appela-t-elle en retenant l'Alpha. Je tiens à vous présenter mes plus sincères excuses. Ce jour-là, j'avais perdu tout contrôle. Si cela peut vous rassurer, j'ai à présent une totale maîtrise de mes capacités, autrement jamais l'ILIM ne m'aurait laissez sortir. Je suis sur surveillance, vous n'avez rien à craindre de ma part. Je ne souhaite pas vous porter préjudice. Je m'excuse pour toutes les blessures que je vous ai infligées.
Les larmes coulaient parmi ses taches de rousseur mais Rolf était insensible à sa sincérité.
— C'est à Solbritt qu'il aurait fallu dire cela. Malheureusement, il ne pourra plus entendre vos pitoyables excuses.
Puis il tourna les talons, entra dans une voiture en laissant le docteur prendre le volant et filèrent à l'hôpital.
— Il a raison, murmura Delyth. Je suis pitoyable, je le sais.
Sans laisser le temps à son père et son oncle de la rassurer, elle continua sa route pour rejoindre leur maison.
— N'essayez pas de me rassurer pu de me mentir, leur dit Delyth. Je me sens soulagée de le comprendre. J'étais apitoyée sur mon propre sort, sans avoir pris la réelle mesure des actes que j'avais provoqué. J'en paye les conséquences, et étrangement, je me sens mieux d'en avoir conscience. Je ne dis pas que je me sens bien mais... je sais que je parviendrai à dépasser tout cela.
La Draccubus fit encore deux pas, juste avant de s'écrouler, comme Kasper il y avait tout juste quelques minutes. L'émotion l'avait rattrapée plus tôt qu'elle ne l'avait prévue.
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Monstres - Tome 2 : Succubus
FantasySuite de "Monstres - Tome 1 : Draconis" /!\ Ne pas lire si vous n'avez pas lu l'intégralité du premier tome "Monstres - Tome 1 : Draconis" /!\ ・.━━━━━━━━ ◇ ━━━━━━━━.・ Les flammes avaient ravagées la forêt, réduisant la relation de Delyth avec la Meu...