9 - Pars, et ne reviens jamais

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Véronik regarda son portable d'un air distrait. La jeune femme était affalée sur son canapé, vidée de la moindre énergie. Elle repensa au déjeuner et ricana. Katrina n'avait vraiment aucun savoir vivre. Qu'est-ce qui pouvait bien retenir l'attention d'Erwin ?

Elle soupira. Elle avait assisté à de nombreux flirts, mais Erwin n'était jamais l'investigateur. Le militaire avait bien trop de succès pour cela par ailleurs... Alors pourquoi ? Sa folie ? Son Major s'ennuyait-il à ce point ? Avait-il perdu un pari ? Cela n'avait aucun sens pour elle et la situation l'horripilait. Katrina n'avait même pas l'air heureuse. Quel gâchis. Elle saurait mille fois lui rendre cette attention à sa place... Mais Erwin ne lui avait jamais témoigné le moindre intérêt.

Devait-elle lâcher l'affaire ? Non, impossible. Cela faisait des années qu'elle avait jeté son dévolu sur lui. C'était quasi devenu obsessionnel. Elle sursauta alors que son portable venait de sonner, annonçant que Katrina souhaitait lui parler. Elle fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas.

La brune ne s'embarrassa guère à la saluer et lui délivra l'information principale : Erwin savait. Véronik sentit son pouls s'accélérer et la panique s'empara d'elle. La sportive la laissa angoisser une bonne minute avant de lui dire ce qu'il en était réellement.

- Respire Véro, Erwin n'est pas fâché, je continue de sortir le husky et il n'y a pas de tension. Il voulait juste m'embêter. C'était très efficace, mais je n'ai pas trouvé ça drôle du tout. Bref, j'étais surprise qu'il ne t'ai pas confronté alors je me suis dit qu'il fallait quand même que je te prévienne....
- Merci ? S'étrangla la blonde, ne sachant comment réagir.
- De rien. "Bon chance" Véro. Lui dit-elle avec sarcasme avant de raccrocher.

La réceptionniste laissa échapper un cri qui résonna dans tout l'appartement, alertant son frère, qui étudiait tranquillement dans sa chambre. Il rappliqua immédiatement, inquiet.

- Ma vie sociale est fichue. Il sait ! Qu'est-ce que je dois faire ? L'appeler ? Aller chez lui et m'implorer sa clémence ? 

Armin posa tendrement sa main sur l'épaule de sa sœur afin de l'aider à se calmer.

- Il est dix heures du soir, tu ne vas nulle part. Tu t'excuseras à la caserne demain, non ?
- C'est qui "Annie" ? Demanda-t-elle soudainement tout en inspectant l'écran du téléphone de son frère.

Armin bascula en arrière pour éloigner son portable tout en balbutiant qu'elle n'était personne. Après un quart d'heure de bataille de coussins et chatouilles endiablées, Armin déposa les armes et avoua à sa sœur qu'il s'agissait d'une lycéenne de Mahr. Véronik en resta sans voix. Comment avait-il fait pour la rencontrer dans un autre contexte qu'une bagarre ?

- Je l'ai rencontré à la patinoire.
- À la patinoire ? Répéta la blonde, sceptique.

Armin commença alors un récit comme il savait si bien le faire, pour lui expliquer le contexte, et même tout ce qu'il s'était passé la semaine d'avant. Il s'éparpillait vite, mais il parlait bien. Il avait tellement bien décrit les lieux qu'elle avait l'impression d'y être déjà allée à présent.

Eren avait insisté pour qu'il y aillent, et le trio d'amis s'était donc rendus à la nouvelle patinoire de la ville. En vérité, Eren voulait surtout confronter Reiner, un lycéen de Mahr, contre qui il avait vécu une défaite cuisante lors du dernier tournois de football. Le brun aux yeux verts était quelque peu rancunier, et très fier, aussi.

Allez savoir comment il avait su que son camarade serait là, mais toujours est-il que Mikasa, Armin et lui s'étaient retrouvés à patiner maladroitement sur de la glace, tandis que Reiner et Eren faisaient la course comme des enfants de 5 ans. Et c'est là qu'Armin rencontra Annie pour la première fois. La jeune fille était là, assise sur le banc de repos de la patinoire. Elle fixait silencieusement les cristaux du sol glacé, le visage à moitié caché par sa jolie chevelure blonde.

La flemme de courir - OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant