0 - Les opposés s'attirent

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Livaï était confortablement installé sur le canapé du loft lorsque son colocataire rentra à son tour du travail. Les deux garçons s'étaient connus sur les bancs du primaire, et ne s'étaient plus jamais quittés par la suite.

Pourtant, tout les opposait. Livaï était à l'époque un garçon sombre, timide et peu sociable. Tout le contraire du petit Erwin, un gamin lumineux, charmeur, et un poil trop curieux. Si Livaï avait perdu sa timidité en grandissant, Erwin était resté le même.

L'un était un petit brun et possédait des yeux bleus perçants et froids. L'autre était un grand blond aux yeux azurs chaleureux. Le noiraud aimait l'hiver tandis que le blondinet ne jurait que par l'été. Livaï était maniaque et très ordonné, tandis qu'Erwin avait tendance à être bordélique et tête en l'air.

Ils avaient cependant été tous deux élevés par des pères célibataires. Le tuteur légal du noiraud, en réalité son oncle, était un homme solitaire, qui traînait souvent dans des affaires illégales, et ne s'occupait guère de l'enfant. De fait, Livaï avait passé le plus clair de son temps fourré chez son ami.

Là encore, tout opposait leur parent respectif, car le père d'Erwin, qui travaillait en tant qu'instituteur, était un véritable papa poule. Sa bienveillance et son amour inconditionnel avait élevé les deux garçons, et il lui restait encore de l'énergie et de l'amour pour aider les innombrables individus qui profitaient inlassablement de sa gentillesse. « Naïveté » aurait précisé Livaï, qui n'aimait pas qu'on profite du vieil homme.

Il y avait toujours eu un contraste important entre les deux amis. Enfant, Livaï n'était jamais volontaire, peu enclin aux activités de groupe et craint des autres gamins, tandis qu'Erwin s'émerveillait de tout et de rien, et était apprécié à l'unanimité. Même leur nom de famille les séparait d'une classe entière, Livaï s'appelant Ackerman, et Erwin : Smith.

Ce n'est qu'au lycée, lorsque le noiraud se mit sérieusement au sport qu'il partagea avec le blond, le "poids" de la popularité. Son corps se dessina peu à peu, et sa petite taille fut compensée en un rien de temps par sa silhouette sculptée et athlétique.

Bien que le grand blond ait toujours été populaire et admiré, il ne restait jamais bien longtemps éloigné de Livaï. Les deux garçons étaient quasiment inséparables. Il y avait entre eux une sorte de connexion, de communication silencieuse et d'empathie qui pouvaient rappeler celle de frères jumeaux. C'est donc tout naturellement que les deux « frères » emménagèrent ensemble une fois leur diplôme en poche, et leur premier travail décroché.

Livaï n'avait pas de réelle vocation, ou de carrière en tête. Lorsqu'Erwin lui avait annoncé qu'il souhaitait rejoindre le Bataillon pour devenir marin pompier et sauver des vies, il lui était apparu clair comme de l'eau de roche que son destin était de rester à ses côtés pour le protéger. C'était d'ailleurs exactement ce qu'il lui avait dit, et Erwin s'était contenté de sourire, satisfait.

Ils étaient donc frères, meilleurs amis, colocataires, et collègues de travail dans la même caserne de pompiers. En somme, ils étaient toujours ensemble. Dans de telles conditions, il était difficile pour une fille de se frayer un chemin dans la vie du brun, comme du blond. De ce fait, je vous laisse deviner qu'aucun des deux n'avait jamais été dans une relation sérieuse.

Pour commencer, Livaï détestait les femmes. À sa décharge, son oncle Kenny n'en était guère un partisan respectueux, et il avait passé toute son enfance et adolescence à entendre l'homme insulter la gente féminine. De plus, la mère du noiraud avait été escort girl, et était décédée très jeune du sida, laissant Livaï devenir orphelin dès l'âge de quatre ans. Il en avait gardé un traumatisme certain, d'autant plus qu'il était profondément attaché à la jeune femme.

"Les autres", elles, étaient hypocrites, bruyantes, collantes : moins il les voyait, mieux il se portait. Il ne semblait pas avoir de grands besoin en la matière, et Erwin ne l'avait simplement jamais vu s'intéresser sérieusement à qui que ce soit : hommes et femmes confondues d'ailleurs.

Pour Erwin, les filles n'étaient guère une gêne ou une nuisance, mais plutôt... une discipline olympique ! Habitué très jeune à la popularité, il était tout à fait normal pour Erwin de crouler sous les chocolats lors de la Saint Valentin, ou de recevoir des confessions un jour sur deux. Aussi, il était devenu arrogant, mais surtout joueur, et avait exploré de nombreux profils différents. Pour lui, il s'agissait d'abord d'une compétition, d'une chasse, d'un jeu : bref, il s'amusait beaucoup au début puis une fois le trophée en main, il trouvait un nouvel objectif. Comme pouvait souvent lui dire Livaï entre deux gorgées de soda : « t'es vraiment un connard ».

Pourtant, Erwin gardait toujours des relations très cordiales avec ses innombrables ex petites amies. Cela était sûrement lié à son charisme indécent, qui faisait avaler des couleuvres à toutes ses conquêtes. Il avait bien profité de sa jeunesse, visité beaucoup de chambres d'adolescentes, grimpé d'innombrables murs, et brisé des centaines de cœurs.

Aujourd'hui, il avait trente ans, et s'était quelque peu lassé de toutes ces singeries. Il était fatigué de ces regards emprunts de désir, de ces personnes qui le fantasmaient à leur convenance, et surtout, de la tirade favorite de Livaï lorsqu'il finissait par mettre fin à une relation : « Putain Erwin, je t'avais dit qu'elle était tarée, écoute-moi la prochaine fois ».

***

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Et bien pour que vous compreniez le contexte, leur relation, et l'infâme trahison d'Erwin en cette sombre journée d'hiver. Revenons à la scène initiale : Livaï était rentré tôt de la caserne, et en avait profité pour prendre sa douche et s'installer tranquillement dans l'immense canapé d'angle en velours, une tasse de thé dans la main droite, un bouquin dans l'autre.

Erwin lui emboita le pas quelques heures plus tard, mais il ne salua pas directement son colocataire, comme à son habitude, ce qui mit la puce à l'oreille de ce dernier. Quelque chose se tramait. Il leva alors les yeux de son livre, posa sa tasse de thé et alla confronter Erwin dans le hall d'entrée.

Et là, ce fut le drame. Dans les bras musclés d'Erwin se tenait une immondice animale. Le monstre poilu et difforme arborait une expression figée et terrifiante, et avait déjà commencé à salir l'appartement avec un filet de bave qui coulait le long du bras du blond.

En ce jour sombre de novembre 2018, Erwin avait osé ramener un bébé husky dans leur loft.

- Tu n'as pas fait ça Erwin. S'étrangla le brun tout en fixant la petite flaque de bave qui s'était formée le temps qu'il arrive.
- C'est un husky de Sibérie Livaï, regarde comme il est magnifique ! Est-ce que tu savais qu'en 1925, des attelages de huskies ont été envoyés en Alaska pour aller chercher un médicament contre la diphtérie ? Et bien figure-toi que...

Il baissa progressivement la fréquence de sa voix jusqu'à se taire en remarquant la fureur grandir dans les yeux de son colocataire. Il tenta une dernière approche.

- Regarde, on a les mêmes yeux... Lui dit-il.
- M'en fous qu'il ait les mêmes yeux que toi, j'avais dit pas d'animaux, et pas de filles !
- C'est un mâle... Ça fait un sur deux... Rectifia le grand blond, un large sourire aux lèvres.
- PUTAIN ERWIN !
- Tu capitules ? Parce qu'en réalité j'ai toutes ses affaires dans la voiture... Tu me donnerais un coup de main ? Son panier est énorme...

Livaï leva les yeux au ciel et insulta son ami avant d'aller s'enfermer dans sa chambre.

Une heure plus tard, il retourna dans le salon et découvrit avec dégoût les ajustements qu'Erwin avait fait afin d'accueillir leur nouveau compagnon. Le chiot jouait gaiement sur le tapis, à présent parsemé de poils gris, noirs et blancs. Il soupira. Son regard transpirait l'innocence et la stupidité, il n'avait rien à avoir avec celui d'Erwin. Il louchait en plus. Et il bavait, encore... Putain.

- Comment il s'appelle ? Demanda-t-il au prix d'un gigantesque effort.
- TITAN !

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Voici donc le début de cette nouvelle fiction !

Elle sera centrée sur les vétérans, dont les caractères pourront légèrement différer du manga étant donné qu'ils ne sont plus en mode survie et vivent la belle vie dans un monde calme et paisible, avec l'eau courante et une espérance de vie digne de ce nom !

Je vous laisse découvrir la suite et mes OC, vous m'en direz des nouvelles !

La flemme de courir - OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant