La flemme de courir - OC

15 - Elle a les yeux, révolver...

Quelques semaines s'étaient  écoulées depuis leur petit week-end en bord de mer, mais le groupe d'amis avait pris l'habitude de manger ensemble régulièrement. Le but étant d'essayer de nouveaux endroits, ils devaient choisir à tour de rôle.

Hanji les avait amené dans un charmant restaurant hawaïen, Moblit un fastfood à l'américaine, Mike avait choisi un excellent italien, et Erwin leur avait fait découvrir un bar de dégustation de vin à tomber par terre. Pour l'occasion, le Major avait même proposé à Veronik de les rejoindre. La jeune femme avait littéralement sauté au plafond.

Erwin était attentif à l'ambiance de sa caserne, et cette distance embarrassante qui s'était créée entre eux depuis son "petit recadrage" le pesait un peu. Véronik était la réceptionniste, le cœur de la caserne et la première personne qu'il voyait en arrivant. Il s'était lassé qu'elle fixe le sol en silence.

Et le charme opéra parfaitement. Elle accepta avec beaucoup d'enthousiasme. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche, c'est que Katrina ne se pointerait pas. La sportive avait été on ne peut plus claire et lui avait lâché un magistral "pas envie de la voir aujourd'hui". Sans Katrina, Amanda avait décommandé et Eld semblait soulagé d'avoir une bonne raison de ne pas venir non plus. L'équilibre de leur dynamique était fragile.

La soirée s'était très bien passée, mais il sentait comme un goût amer du fait que ni Katrina, ni Amanda n'étaient là. Les deux amies avaient amené un vent nouveau dans le groupe qui n'était pas pour lui déplaire. Véronik en revanche, semblait ravie et particulièrement épanouie.

- Il s'est passé quelque chose de grave entre toi et Katrina ou vous vous êtes simplement éloignées avec le temps ? Pour être honnête elle a décommandé quand je lui ai annoncé ta présence.

Tout le monde sembla quelque peu choqué qu'Erwin se permette de mettre les pieds dans le plat de la sorte, mais chacun était curieux d'en savoir plus. Même Livaï avait relevé la tête.

- Katrina est une asociale égoïste et élitiste. En réalité il y a peu de personne qu'elle aime. Répliqua-t-elle.

La jolie blonde avait sorti sa réponse avec un tel aplomb que personne n'avait osé renchérir, pas même Erwin. Il finit même par sourire et changer de sujet afin de clôturer ce moment gênant.

Le reste de la soirée se passa sans encombre puis Livaï annonça son départ avant le dessert. Personne ne s'en formalisa et lorsqu'Erwin rentra seul à l'appartement, il fut surpris d'entrevoir au loin qu'aucune lumière n'était allumée. Mais ce ne fut rien comparé au choc de le découvrir avec Katrina dans un bar, non loin de chez eux. Ils discutaient tranquillement, installés en terrasse. Titan était à leurs pieds.

Il hésita à les rejoindre mais il eut un éclair de lucidité et réalisa de lui même qu'il devait les laisser vivre leur vie. Leur rapprochement était plus qu'évident depuis le week-end à la mer. C'était la première fois que Livaï se connectait de la sorte à quelqu'un d'autre.

D'une certaine manière, le comportement sauvage de Katrina, et sa manière sans équivoque de rejeter les autres pour ne garder que ceux en qui elle avait confiance n'était pas sans lui rappeler les défenses du brun. Ils se ressemblaient beaucoup. Cela était peut-être même la raison pour laquelle il s'était senti curieux et naturellement attiré par elle, dès le début.

Il esquissa un sourire et rentra au loft. Le fait que même Titan ne vienne pas le saluer en arrivant lui arracha un autre sourire. Était-il en train de se sentir seul ? Cette pensée le fit éclater de rire et il posa ses affaires pour aller se doucher, amusé. Son portable vibra dans le même temps et il lut un message de Véronik : "Merci de m'avoir invité ce soir." Il resta un instant silencieux avant de balancer le téléphone sur la pile de ses vêtements. Non. Pas à ce point.