La flemme de courir - OC

10 - Cours Hanji, cours !

Katrina tenta une ultime fois d'accélérer la cadence pour faire taire la brune à lunettes, en vain. Malgré que ses poumons menaçaient à tout moment d'exploser, Hanji ne cessait de parler.

En montée, elle devait souvent expirer bruyamment, mais elle finissait toujours par reprendre ses odieux monologues. Au départ, Hanji avait commencé par raconter quelques anecdotes sur Erwin et Livaï, qu'elle connaissait depuis toujours.

Katrina s'était laissée aller à l'écouter, curieuse malgré elle. La jeune scientifique en avait des vertes et des pas mûres sur ses deux amis, qu'elle balançait sans aucune délicatesse. Elle réalisa alors au travers des récits décousus de la binoclarde qu'ils étaient bien plus proches encore qu'elle ne l'avait imaginé.

Erwin et Livaï étaient comme le Yin et le Yang, opposés, mais indissociables. Cela avait quelque chose d'assez fascinant, car même au sein d'une même famille, il était rare que deux individus soient aussi proches. Ils étaient comme des jumeaux. Erwin et Livaï. La bonne blague.

Puis Hanji décida qu'elle avait assez nourri la curiosité de la sportive, et changea radicalement de sujet pour lui raconter tout son quotidien. En soit, la vie d'une botaniste en expédition n'était pas si ennuyeuse, mais Hanji avait  une manière épuisante de s'exprimer. Elle parlait sans jamais s'arrêter, avec des détails étranges qui ne semblaient pertinents que pour elle, et de nombreuses parenthèses, hors-sujets et histoires imbriquées.

Et puis disons-le clairement, Katrina n'en avait vraiment rien à cirer de sa vie. Cela l'avait amusé de la rencontrer plus tôt, mais elle se serait bien passée d'avoir à courir avec elle. À ce stade, pouvoir débiter un tel flot de paroles demeurait un talent. Cette fille était un cauchemar.

Lorsque la sportive arriva à saturation, elle hésita à la semer pour de bon. Titan avait l'air en forme, ils pourraient prendre des chemins tortueux et littéralement la perdre en chemin. Elle jeta un rapide coup d'œil à Hanji. Cette dernière lui adressa un sourire si lumineux et spontané qu'elle dû renoncer à lui faire une telle chose. Elle avait quelque chose de touchant, quelque chose d'attachant qui créa une proximité surprenante entre les deux brunes.

Peut-être était-ce aussi la raison pour laquelle Livaï ne l'avait pas encore tué...

Katrina inspira un grand coup et fit le vide dans son esprit. Les paroles enthousiastes de la botaniste devinrent peu à peu diffuses dans l'esprit  de la sportive, qui vécut le reste de la sortie avec sérennité, et la voix d'Hanji en bruit de fond. Elle souriait parfois à la scientifique, ignorant complètement si le timing était bon.

Elle sortit de cette paix lorsqu'Hanji se mit soudainement à éclater de rire. Un rire franc et cristallin, à l'image de la jeune femme. Katrina se figea alors et attendit qu'elle s'explique.

- Tu es la première personne qui me Livaïllise.
- Liva-quoi ?
- Livaïllise. Ce que tu faisais là : m'écouter, sans m'écouter, mais sans m'ignorer non plus. Je pensais que seul Livaï savait faire ça...

La brune lui rendit son sourire, ne sachant que dire. Ce n'était pas le moment de lui avouer qu'elle avait aussi pensé à l'abandonner en forêt.

Étonnamment, Hanji parla légèrement moins après cela. Elles rentrèrent au loft par derrière, sous la demande de Katrina, qui voulait passer par un endroit en particulier. Elles se faufilèrent dans des rues quelques peu abandonnées, et recouvertes de tags sauvages. Katrina arbora un léger sourire en apercevant l'impasse qui l'intéressait. Elle sauta sans ménagement sur les quelques poubelles alignées contre le mur, accompagnée de Titan, puis se cala sur le toit en tôle du bâtiment abandonné d'à côté.

La lumière de fin de journée offrait un paysage urbain très graphique. Hanji prit place à ses côtés en silence, non sans afficher un large sourire suspect. Mais Katrina ne posa aucune question, et la scientifique ne dit mot.