25 - Un pour tous...

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Livaï observa un instant son colocataire depuis le couloir de sa chambre. Erwin sirotait sa tasse de café du matin en silence, l'air songeur.

Depuis quelques temps, le Major était davantage au cœur des troupes. Lui qui avait pris l'habitude de rester enfermé dans son bureau était dorénavant de plus en plus présent lors des grosses interventions. Comme celle d'hier, au nord de Shiganshina, où un immeuble tout en entier s'était embrasé en pleine journée.

Et sa présence n'était pas sans impact au sein des escouades. Erwin Smith était un excellent leader, qui savait tout autant inspirer que motiver ou sévir. Lorsqu'il se tenait face à un brasier, tout se déroulait sans accroc, telle une partition de musique parfaitement exécutée.

Les hommes de la caserne l'idolâtrait autant qu'ils le craignaient. Livaï regrettait parfois l'époque où ils étaient tous deux chefs d'escouade, car un poste avec de telles responsabilités les avait fatalement éloignés l'un de l'autre.

Cependant, malgré les pressions politiques et enjeux économiques auxquels il devait faire face, Erwin Smith restait égal à lui.

Mais Livaï avait bien deviné que cette nouvelle proximité avec ses hommes n'était pas une coïncidence. Erwin remettait certaines choses en question dans sa vie, et sa déconnexion du terrain était en première ligne de mire. Il lui avait même confié qu'il commençait à se demander s'il avait bien fait d'accepter ce poste. Il n'était pas facile de changer les choses, d'autant plus qu'il ne pouvait en réalité pas prendre beaucoup de décisions importantes sans en informer et avoir l'aval de sa hiérarchie. Celle qui résidait à Mitras, et n'avait que faire des préoccupations des habitants de Shiganshina et de ses sapeurs-pompiers.

- Tu as quelque chose à me dire ? Demanda le blond.
- Kat' dit que ton idée est toute pourrie. Répliqua-t-il avant de s'asseoir à ses côtés.
- Katrina n'est jamais contente.

Le brun hocha la tête, ne trouvant rien à redire. Il but tranquillement sa tasse de thé alors qu'Erwin lui parlait de ses inquiétudes vis à vis de la nouvelle ambulancière, Nifa. La jeune femme était arrivée il y a deux mois à la caserne. Il fut étonné qu'il la mentionne, étant donné qu'elle n'avait pas fait de vagues depuis son arrivée. Il n'avait jamais entendu ses collègues se plaindre de quoi que ce soit non plus.

Erwin s'inquiétait quant à sa constitution fragile. Il est vrai que la rousse était petite et fine, et même sil elle faisait toujours de son mieux, ne donnait guère l'impression non plus de posséder un mental d'acier. Le Major se demandait si elle avait sa place au sein de la caserne de Shiganshina, une des zones les plus  à risques du pays.

Livaï proposa au blond de la garder à l'œil et de lui faire un retour dans le mois. Depuis que Pétra avait réussi à se faire une place dans la caserne, Livaï ne présumait plus de rien, particulièrement en ce qui concernait les capacités physiques.

Il se souvenait encore des paris qu'Oluo avait lancé lorsque la jeune femme était arrivée. Et pourtant, sans être la plus costaud de l'escouade, elle s'était avérée être un élément très intéressant. Elle savait gérer Oluo, ce qui déjà, était une qualité de taille. Ensuite, elle était excellente en rapport humain et très vive sur le terrain. Aujourd'hui, il en serait attristée si la jeune femme annonçait son départ.

Depuis la mort d'un de ses éléments, Livaï avait du mal à retrouver un pompier qui s'accorde avec son escouade. Ils avaient vu défiler quatre personnes en un an, et tous avait démissionné, quand ce n'était pas le militaire lui-même qui demandait leur transfert dans une autre caserne.

Entre les horreurs auxquelles ils étaient confrontés, l'ambiance particulière de la caserne et la rigueur qu'exigeait Erwin Smith ou Livaï, le poste n'attirait plus grand monde.

La flemme de courir - OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant