3 - Moto vs Barbiemobile

289 36 153
                                    

L'adolescent éteignit son réveil d'un geste précis avant de s'enrouler de nouveau dans les draps. D'ordinaire, Armin se réveillait facilement. Porté par le stress, il se préparait rapidement, et à ce jour, le petit blondinet n'était jamais arrivé en retard en cours. Même cette fois où Eren s'était endormi dans le bus, et avait emmené leur projet de science dans la ville voisine. Il faut dire qu'Armin arrivait tellement en avance qu'il lui était possible de gérer une ou deux urgences avant de mettre en péril sa ponctualité légendaire.

Mais ce matin là, Armin était épuisé. Il avait passé la nuit à tempérer la colère de son camarade, qui se disputait avec sa sœur adoptive, par SMS interposés, chacun dans leur chambre. Il y avait toujours beaucoup d'ambiance chez les Jaeger.

Eren et Mikasa avait une relation très conflictuelle. Ou plutôt Eren ne s'entendait pas très bien avec sa sœur adoptive. Car Mikasa elle, n'avait jamais aucun problème avec le grand brun. Elle lui vouait un culte irrationnel, et un attachement disproportionné, dont Armin avait fini par s'habituer au fil des années, mais absolument pas Eren. La famille Jaeger avait adopté la jeune asiatique alors qu'elle n'avait que dix ans. Ses parents avaient été victimes d'un cambriolage qui avait mal tourné, et elle avait assisté impuissante et horrifiée, à leur exécution. Mikasa avait toujours été une jeune fille réservée et calme. Elle était aussi très intelligente, et son regard, impassible, ne s'illuminait désormais qu'en présence du jeune Eren Jaeger.

Armin jeta un œil à son portable et se rendit compte qu'il avait trois messages non lus d'Eren. Il soupira. Mikasa avait gratté à sa porte toute la nuit pour enterrer la hache de guerre, mais le brun n'avait rien voulu entendre. Il parlait à présent de demander à être transféré dans une autre classe. Eren étouffait facilement. Il supportait mal la moindre pression extérieure, et ne tolérait plus les attitudes surprotectrices de sa sœur.

Le jeune blondinet était très attaché à ses amis, mais il devait bien reconnaître qu'Eren n'était pas facile à vivre, et que Mikasa étant indubitablement étrange. Avec Armin, elle se contentait pourtant de lui donner quelques conseils, et n'intervenait que lorsque la situation l'exigeait. Avec Eren, on se savait dire si elle était sa mère, sa tutrice ou sa petite amie psychotique.

- Je pars dans 5 minutes ! T'es mort ou malade ? S'inquiéta sa sœur à l'autre bout de l'appartement.

Armin sursauta et se précipita hors du lit. Tant pis il ne déjeunerait pas ce matin. Eren ramenait toujours de la nourriture pour le premier cours de toute façon... Lorsqu'il répliqua exactement ceci à sa sœur, qui le plaignait de ne pouvoir avoir le temps de prendre son petit déjeuner, elle leva les yeux aux ciel. Elle s'imaginait sans peine le jeune brun organiser un goûter sauvage en pleine classe.

Jaeger. D'apparence, Eren était un garçon attachant et curieux : un grand brun aux verts émeraudes. Au quotidien, c'était un adolescent perturbé, qui oscillait entre quête d'identité et d'aventure et flemme insupportable. En somme : un adolescent normal tout bien réfléchi.

Veronik ne le portait guère dans son cœur, de par son comportement parfois très irréfléchi et l'influence qu'il exerçait sur Armin. Elle le connaissait depuis qu'il avait quatre ans, et plus le temps passait, plus elle le toisait avec scepticisme lorsqu'il foulait le pas de sa porte. Oh et puis tant pis, disons les choses comme elles sont : Véronik ne pouvait se le voir en peinture et n'attendait qu'une chose : qu'un jour, son frère lui annonce qu'une ultime dispute les aurait à jamais séparés.

Les deux blondinets sortirent de l'appartement et montèrent dans la petite voiture citadine de Véronik. Un des raisons pour laquelle Armin avait pris l'habitude de venir très tôt résidait aussi dans le fait que la voiture de sa sœur, en plus d'être minuscule, était rose Barbie. Pas rose métallisé, ou rose pastel non : rose Barbie, le vrai l'unique. Celui que personne n'aurait au grand jamais eu l'idée d'acheter.

La flemme de courir - OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant