1 - Mon beau Titan roi des forêts

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Deux ans s'étaient écoulés depuis que Livaï et Erwin avaient adopté le husky. Deux belles années durant lesquelles le noiraud avait dû abandonner l'idée d'un loft parfaitement propre, et faire le deuil du canapé, du tapis, de la plupart de leurs chaussures ainsi que de l'unique grasse matinée qu'il s'accordait dans la semaine : anciennement le dimanche matin. Même si Erwin avait proposé de le sortir lui même, l'animal hurlait de joie à en réveiller tout le quartier.

De manière générale, on pouvait dire que Titan était un monstre. Il était immense et gras, hyperactif, possessif, territorial, et il n'aimait pas les femmes. Ils avaient d'abord pensé à une coïncidence, les chiens n'aimant pas les facteurs, cela ne voulait pas forcément dire qu'il détestait le fait qu'elle soit une femme. Mais il lui arrivait même d'aller les guetter dans la rue depuis la baie vitrée et de leur aboyer dessus, faisant sursauter les pauvres filles.

Cet unique point amusait Livaï, mais il continuait d'espérer qu'un jour, Erwin s'en sépare, ou qu'il se fasse adopter par une meute de loup pendant une balade en forêt, ou qu'ils reviennent un soir et trouvent l'appartement vide...À vrai dire il y avait des jours où le brun en venait même à espérer qu'un énorme bus lui passe dessus.

Erwin avait été nommé Major du Bataillon des marins pompiers de Shiganshina. Sur le papier, c'était très aguicheur. En réalité, ce n'était pas un cadeau. Cette ville était un ramassis de cas sociaux et de pyromanes, et sa réputation affreuse n'était un secret pour personne sur l'île de Paradis. Le plus triste, c'est que le blond avait lui-même creusé sa tombe en choisissant personnellement cette affectation. Bien entendu, personne ne s'y était opposé, et l'ancien Major en place, Keith Shadis, avait été ravi d'accueillir un membre aussi motivé. Après le fiasco du dernier gros incendie, l'homme avait cédé à sa place à Erwin et s'était carrément retiré du circuit.

Livaï avait moins d'ambition professionnelle que son ami, et se contentait gracieusement du grade de Caporal. L'important pour lui, c'était qu'il soit aux côtés d'Erwin lorsqu'il partait sur le terrain affronter les flammes destructrices. Le reste lui passait au-dessus. Surtout les grands-mères qui appelaient pour qu'ils viennent récupérer leur chat, coincé en haut d'un arbre.

Toujours est-il qu'avec les nouvelles responsabilités d'Erwin et le peu d'implication du brun dans les tâches quotidiennes concernant l'animal, Titan devint un sérieux problème. En effet, il lui fallait minimum trois sorties par jour sous peine de saccager sauvagement l'appartement, et il était insatiable. La situation ne pouvait plus durer, et Livaï lança un ultimatum au blond.

Le soir même, Erwin annonça avec triomphe que tout était réglé.

- Mais encore ? Se méfia Livaï qui avait l'habitude des plans foireux de son ami.
- Véronik a proposé d'aller courir avec lui tous les jours ! S'exclama Erwin.

Livaï arqua un sourcil. Véronik ? La réceptionniste de la caserne ? La blonde manucurée qui se maquillait tellement qu'il avait du mal à la regarder ? La pauvre fille nourrissait un véritable culte pour le blond depuis le premier jour de son arrivée à la caserne, il y avait cinq ans. Il n'aurait pas été étonné d'apprendre qu'Erwin lui avait parlé pour la première fois aujourd'hui.

- Si on parle de la même je vois mal comment elle pourrait sortir Titan en forêt... Je te rappelle que même toi il te tracte... Et c'est une fille. T'as oublié ce qu'il s'est passé avec la dernière livreuse Amazon ?
- Écoute elle avait l'air confiante, on peut essayer... Et j'ai lu que les chiens sont différents avec les gens s'ils les associent à des sorties régulières... Il va l'adorer.
- Bordel Erwin ce que tu peux être optimiste ! Elle va nous le perdre dans la colline ! Râla-t-il avant de réaliser que c'était justement la meilleure chose qui pouvait lui arriver.
- La seule chose qui m'embête c'est quand même qu'on va devoir lui laisser les clés... Pour être honnête je ne la connais pas cette fille, je ne lui avais jamais parlé avant aujourd'hui... je la salue vite fait le matin... J'étais surpris qu'elle se porte volontaire...
- Vraiment, Erwin ? Lui dit-il d'un air blasé. Pourquoi elle a fait ça à ton avis ?
- Ah. Tu crois ?

La flemme de courir - OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant