Cavalier d'Argent - Tome 2 : Elduniria

Chapitre 3 : les trois cavaliers (3/3)

Le lendemain, c'est distrait que je suivais les enseignements de maitre Paoline. Du coton entre Soliane et moi, jamais il ne devait vivre cette vision de l'Hilma. C'est un dragon, pas un guerrier.

Jo s'entraînait avec son alter, un jeune homme du nom d'Acelin. Tout deux se renvoyaient des éclairs. C'était pour eux le cours d'aujourd'hui, la redirection des flux d'énergie. Jo et Acelin semblaient bien s'entendre. Ils échangeaient en même temps que leurs éclairs, des flots de paroles rapides et enjouées. Jo avait l'air de se sentir bien. Il m'esquivait continuellement depuis notre arrivée à la nouvelle guilde. Tout le monde a été très occupé, mais certains apprentis commençaient à dévoiler leur double maitrise, voir parfois triple. Ils avaient tous un élément plus puissant que les autres mais cela faisait réfléchir. L'énergie est mouvante et pas gravée dans le marbre alors pourquoi les maîtrises le seraient-elles ?

Une tape sur l'occiput me fit revenir sur terre. Maitre Paoline venait de me rappeler l'ordre. Ses traits anguleux et son air strict représentaient bien le sérieux et l'inflexibilité de ses enseignements. « Tout maitre des eclairs se doit d'être inflexible et s'adapter en toutes situations, » tel était son adage qu'il essayait d'enfoncer dans nos boites crâniennes à chaque entraînement.

- Jolan ! Ayez donc la décence de vous concentrez sur l'entraînement d'aujourd'hui !

Si les autres maîtres qui m'entraînaient avait pris l'habitude de me tutoyer, maitre Paoline et le maître de Kira continuaient tout deux de me vouvoyez, faisant ainsi une césure entre leurs apprentis.

- Allez apprenti Jolan, un éclair droit, rapide, directement dans ma paume.

Il leva une main en l'air en se reculant pour laisser une distance de six ou sept mètres entre nous. Comme maitre Huto l'avait compris, j'étais encore trop distrait pour maîtriser correctement certains éléments dans leur parti stable. Ironie que les éclairs, élément pourtant instable, demandent autant de rigidité. Tendant la main devant moi, j'essayais de rester stable.
Un éclair, un condensé d'énergie.

« Tu es un condensé d'énergie pur. C'est pour maîtriser ton flux que tu as vraiment du mal. On va travailler ça. » avait répété encore et encore maitre Huto.

Les doigts étaient le siège de l'énergie électrique. Toute l'énergie du corps venaient s'accumuler dans cette partie du corps l'engourdissant. Essayant d'être précis, un doigt tendu vers la cible, un éclair parti, électrisant ma main. Bien loin d'attendre la cible, maitre Paoline l'attira à lui et me le renvoya en vitesse. Celui ci vint heurter l'anneau de la forge à mon cou. L'onde de choc, me projeta en arrière. Il faisait exprès de ne pas viser le corps en lui même pour éviter que j'absorbe l'éclair.

- Voila un tir précis. L'électricité c'est très rapide. Arrêtez d'hésiter et de réfléchir. Visualisation, concentration, émission.

Une dizaine d'essais plus tard, je ne m'approchais pas de la cible. Le souvenir de Rayla, de la douleur qu'elle avait ressentie à cause de ses propres éclairs. Comme les premières fois où Charlie s'était brûlé avec son propre feu. À chaque fois qu'un éclair partait, une douleur fantôme venait irradier mes doigts, et remontait dans les bras. Des yeux, je cherchai des figures de Lichtenberg invisibles.

Maitre Paoline semblait désespéré. Comparé à Jo et Acelin, le retard sautait aux yeux. Après une vingtaine d'essais supplémentaire et une vingtaine de chutes, il sonna la pause. Si Acelin prit le chemin du saut pour se rafraîchir les bras, malgré le froid ambiant. Jo s'approcha et émit un éclair dans ma direction. Un quart de seconde fallut pour que je tende deux doigts en direction de l'éclair et l'autre main en l'air, les deux bras tendus. L'éclair toucha le bout des doigts de ma main droite avant d'être complètement redirigé par ma main gauche, jusqu'à être émis du bout des doigts de cette main vers le ciel. L'éclair tonna en rencontrant le froid de l'atmosphère, hors du champ électrique émis par les utilisateurs de foudre. Maitre Paoline fit volte face, furieux, une expression de peur passant sur son visage.