Chapitre 6 : les humains d'Esmeria (1/3)

17 5 4
                                    

Assis sur une branche d'une des maisons d'Esmeria au tronc vert, j'essayais d'atteindre le Yui du feu. En tunique dans le froid glaciale j'essayai de maintenir une température corporelle correcte. Ce n'est que lorsqu'on me jeta une lourde cape sur les épaules que je me rendis compte que mon corps était gelé. Mizu s'assit à côté de moi et me mît une tasse de thé brulant dans les mains.

- Tu n'arrives pas à te concentrer, analysa-t-elle simplement en soufflant sur sa propre tasse fumante.
- Comme toujours, avouais-je. Je l'aperçois mais dès que je commence à le sentir, il m'échappe.
- C'est parce que tu oublies ton corps à chaque fois que tu entre dans le Yui.
- Sûrement. Je n'arrive pas à être à la fois dans ma tête et dans mon corps.

Elle rit et posa doucement sa tête sur mon épaule.
- Tu réfléchis tellement que tu oublie que ta tête fait partie de ton corps. Le yui doit te donne la conscience de ce qui t'entoure sous différente perceptive en fonction de l'élément, notamment de ton corps.

Elle savait que je savais déjà ça. Mais le savoir et le percevoir sont deux choses différentes.
En contrebas je regardai maître Huto jouer avec Nolan, Diane, deux autres enfants et Nominoe avec une pointe d'envie. Ian était resté à la guilde, mais après la mort du premier dragonnier de la saison, nous avions rapatrié notre famille au village d'esmeria. Et avec l'accord du roi des elfes, les anciens serviteurs souhaitant quitter la guilde depuis notre exil ont pu trouver refuge en terre elfiques. Eldunaria était devenu une terre promise. Mais à notre surprise, cela ne concernait qu'une minorité de ceux qu'on appelait maintenant les coeliens. S'ils n'étaient pas dragonniers, ils faisaient tous parti de la guilde des dragonniers, et le vent porte leur ailes. Les anciens serviteurs portent le joli nom de compagnons d'ailes.

Nominoe ne voulait pas quitter la guilde, mais Ian l'a un peu forcé. Puis sa curiosité avait laissé tomber ses dernières réticences. C'était Nolan qui au final avait été plus que compliqué à déplacer.

- À quoi tu penses ? Me demanda Mizu.
- Je me demande si nous avons bien fait de séparer Nolan et Elwin.
- C'est vrai qu'ils étaient très mignons avec Kira. Il les suivait de partout, toujours accroché à la tunique d'Elwin.
- Plus que ça encore, Elwin apprenait énormément de chose à Nolan sur les vents. Ça l'aidait beaucoup à gérer son énergie.

Elle regardait les enfants jouer. A part Nolan, les autres n'avaient pas vraiment de parents. Ces enfants mages avaient atterri à la guilde un peu par hasard à cause de leur maîtrise.

- Tu n'y penses pas ? Laisser Nolan à la guilde ? Tu envisageais sérieusement la possibilité de le séparer de ses parents, m'interrogea t'elle,
- Non, là décision ne me revient pas de toute façon. Je me demande juste si pour mon cousin cette séparation se passera bien.
- Et tu ne veux vraiment pas dire à ton maître le lien qui vous uni ? Tu es au courant que Nolan pourrait tout lui raconter à un moment ou à un autre ?
- C'est pour ça que je me cache ici.
- Tu es ridicule Jolan Sayan.
- Je sais.

Nous buvons notre thé tranquillement, et je soupirai de soulagement en pensant à quel point j'aimais ces moments.

- En parlant de maître Hûto, il a l'air d'aller mieux.
- Mmm, grommelais-je pas vraiment convaincu.
- Arrête de te faire du mouron. Il va mieux quand même. Regarde le bien. Par contre, pourquoi le phénix qui l'accompagne est si petit ? Quand tu me le décrivais il devait faire au moins le double de cette taille.
- Parce que ce n'est pas Ignafius mais Braise, soufflais-je.

Mizu enleva sa tête de mon épaule pour me dévisager, puis sans ménagement me demanda de lui donner mon poignet gauche. Je lui laissais regarder en contemplant la scène.
- Tu es définitivement un idiot, Jolan Sayan.
- Je n'aurai définitivement pas du te dire mon nom de famille.
- Tu n'as plus que vague en bouclier élémentaire ?
- Maitre Huto avait plus besoin de Braise que moi. Ignafius s'est consumé ce jour là.
- Ce n'est pas la question ! Tu étais attaché à cet oiseau Jolan. Tu aurais pu en refaire un pour maître Hûto ou je ne sais pas.
- Non, la contredisais-je plus sèchement que souhaité. C'est justement parce que je suis attaché à Braise que je peux lui confier maître Huto.

Cavalier d'Argent - Tome 2 : ElduniriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant