Chapitre 6 : les humains d'Esmeria (3/3)

19 2 2
                                    

« - Où allons nous Jolan ? Demanda-t'elle.

- Je me disais, qu'on pouvait faire un détour par Algatia, voir le roi. »

La main de Mizu essayait d'échapper à ma poigne, mais avant qu'elle ne réussisse, nous avions déjà sauté. Je sentis sa main sortir de la mienne à peine nos pieds foulaient le sol de la cité du pouvoir et s'éloigner de moi. Elle courait vers la forêt. Je regardai mon maître un peu perdu. Même s'il essayait de garder son sérieux, son visage trahissait son amusement et il se retenait de rire.
- Bon courage mon garçon, elle court plus vite que toi.
Je soupirai puis appelai un autre rayon en direction de Mizu. J'atterris sur une branche d'arbre et manquait de chuter.
- Par le premier dragonnier !
- Pourquoi me forcer à voir le roi ?
Mizu était assise les genoux remontés contre sa poitrine et le dos contre le tronc de l'arbre. Je m'approchais d'elle à quatre pattes sur le tronc. Ma sœur, là où elle était, devait me maudire, elle qui avait passé du temps à m'apprendre comment me déplacer comme un elfe dans les arbres. Sans sa présence où celle de la princesse, je n'étais pas plus à l'aise que n'importe quel humain. Alors que nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, nous détournions nos le regard gênés, elle vers la gauche, moi à droite. Assis à présent, une jambe de chaque côté du tronc, je tentai de la convaincre.
- Écoute Mizu, je ne cherche absolument pas à minimiser le traumatisme que tu as du vivre, ni tes ressentis. Simplement pour avoir rencontrer le roi et l'avoir côtoyer un peu ces derniers mois, je pense pouvoir affirmer que ton sentiment d'humiliation ou de culpabilité peuvent être diminuer s'ils ne peuvent disparaître.
- Jolan... je ne sais pas.
- Mizu, on va faire un pacte. Accepte de rencontrer le roi, et si tu te sens plus mal que maintenant à la fin de l'entrevu, je t'autorise à me mettre un coup dans le ventre, aussi fort que tu le voudras.
- Camélia risque de devoir te soigner.
- Je prends le risque.
Elle laissa planer un silence avant de demander :
- Et si ça se passe bien ?
- Et bien rien, je serai juste content pour toi.
- Non non, dit-elle en secouant la tête. Le pacte doit être réciproque.
- Alors au lieu d'un coup de poing, je veux un bisou.
Devant ma propre audace, le rouge me monta aux joues.

Quelques instants plus tard, nous marchions vers maître Hûto, mains dans la main, chacun regardant dans une direction différente, trop gênés pour croiser le regard de l'autre. Cette fois mon maître ne put réprimer un gloussement et un petit commentaire.
- Vous avez la même couleur que les elfes du feu. Je ne sais pas pourquoi mais ça vous va drôlement bien.
Plus nous montions la colline, plus Mizu resserra sa prise sur ma main. À quelques pas du palais, elle s'arrêtait même. Sans forcer la marche, je lui laissais quelques instants jusqu'à ce qu'elle recommence à avancer d'elle même.
- Jolan, m'apostropha mon maître, je vais saluer la reine dans leur bureau.
J'hochai la tête en le remerciant mentalement de nous laisser. Mizu serrait ma main de toutes ses forces, tandis que je cherchais mon chemin jusqu'aux jardins abrités à l'est du château, où le roi aimait faire cours dans la matinée. Il faisait trop froid à présent pour laisser les leçons se dérouler en extérieur. Avant de pousser la porte de jardin, je demandais à Mizu si elle était prête. Elle secoua la tête en signe de protestation et tremblait de tout son être. Mais courageusement, c'est elle qui poussa la porte.
J'avais vu juste, le roi était là dans une longue robe verte pâle au milieu de petits elfes, des elfenes, un petit elfeneo électrique sur les genoux, assis à même le sol, au milieu du jardin. Il croisa mon regard, tandis que nous restions dans l'encadrement de la porte quelques instants, les elfenes ne nous ayant pas remarqué, il finit d'abord de parler, permettant à Mizu d'observer un moment le roi et de reprendre son souffle.

- Mes enfants, regardez donc qui nous fait l'honneur de sa présence.

Le petit elfeneo, que je connaissais maintenant, descendit des genoux du roi pour venir me sauter dans les bras. Mizu fut obligé de me lâcher la main.

Cavalier d'Argent - Tome 2 : ElduniriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant