Cavalier d'Argent - Tome 2 : Elduniria

Extra 2 : Orange et Vert

Charlie et Camélia, Acte I : Orange et vert 

Un peu de contexte pour commencer, et rafraichir les mémoires. Charlie et Camélia s'avouent leurs sentiments après la cérémonie de l'apprentissage, après plusieurs mois à se tourner autour. 

Camélia est une dragonnière très doué en soins et sensibles aux flux animaliers. Elle est la cinquième princesse de la famille royale du royaume de Takn, situé au sud est du continent. Le royaume est un gros cultivateur de plantes et surtout de fleurs et fourni la plupart des teintures et peintures au continent. Mais ça reste un royaume érudit, béni par la déese Hana, dont les cheveux verts de certains de ces habitants seraient la marque physique encore aujourd'hui de son influence. 

Charlie a grandi à Liehle juste à coté de la guilde des dragonniers au royaume d'Helm. Il continue, pendant la majeure partie du tome 1, d'aller aider ses parents à la ferme. C'est plus difficile pour lui que pour les autres de couper le cordon avec sa famille, puisqu'il a toujours grandi proche de la guilde et reste très proche d'eux. Il a du mal à s'avouer la différence qu'il existe entre le monde dans lequel il a grandi, et celui dans lequel il évolue maintenant. Pour lui ce fossé est d'autant plus important qu'il a toujours cotoyé les deux faces de la ville de Liehle. 

Ici, Charlie aide ses parents qui ne savent pas encore pour sa relation avec une princesse. 

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Charlie planta sa fourche dans le ballot de paille posé devant lui et traversa la grange. Sa petite sœur, derrière lui, écoutait attentivement la conversation qui se jouait entre son ainée et leur mère. Elle recousait habillement la nouvelle tunique verte d'apprenti de son frère, pourtant neuve de quelques semaines. Mais les apprentis du feu avaient la réputation d'être le cauchemar des couturiers. En regardant les cicatrices récentes ou datant d'il y a plusieurs mois sur les mains et les bras de son grand frère, elle se demandait comment il pouvait s'infliger un entrainement aussi rigoureux. Charlie parlait toujours de la guilde avec enthousiaste. À l'évocation de ses compagnons, son visage s'illuminait tandis que celui de leur mère s'assombrissait de plus en plus. Elle devenait de plus en plus silencieuse dans leurs conversations, semaines après semaines.

« Et Camélia ! Elle est intelligente, et gentille, et forte, et... et...

- Jolie ? intervint leur mère pour la première fois.

- Magnifique ! »

Leur mère regardait son fils ainé de loin s'exprimer sur cette fille dont il parlait toutes les semaines. Elle l'écoutait, de loin, parler de ses yeux verts, de ses cheveux verts et de ce sourire qui provoquait tant d'émotions en lui. Il parlait de sa douceur et de son courage avec une admiration et sentiments. Son émoi se lisait dans tout son être, dans ses mouvements, le sourire qu'il avait en parlant d'elle, jusqu'au mots qu'ilschoisissait.

Après avoir monté un ballot de foin à l'étage, il redescendit et s'appuya sur sa fourche en soupirant. Ses cheveux roux étaient plein de foin, et lui tombaient sur le visage, trempé par l'effort. Sa sœur se mit à rire un sourire espiègle sur le visage.

« Et elle ? Que pense-t-elle de toi ? que pense-t-elle du dragonnier roux ?

- Elle m'apprécie bien, du moins je crois. On fait pas mal de choses ensemble. Enfin on est souvent tous ensemble, mais elle aime aller voir les fleurs sauvages le long de la falaise. Je l'accompagne souvent.

- Laisse tomber Charlie. Le Vert et le Orange n'iront jamais ensemble. Lâcha sa mère avant de tourner les talons. »

Charlie et sa sœur restèrent figé un moment, puis il lui confia la fourche qu'il tenait et se lança à sa suite. Il la rattrapa en quelques enjambées, à la lisière du jardin de leur chaumière. Elle l'entendit approcher et s'arrêta. Elle avait le visage grave et ses poings étaient serrés dans la poche de son tablier.

« Maman ?

- Ça ne marchera jamais Charlie. Vous n'êtes pas du même monde ! Je parlerai de toi au village, si tu veux. Je comprends tu sais. Tu as l'âge de chercher quelqu'un. Tu es un gentil garçon, et les gens t'aime bien.

- Mais maman, on est tous les deux dragonniers, on habite au même endroit et on s'apprécie. Pourquoi ça ne marcherait pas ? Je ne veux pas me marier, je veux juste être avec elle. Explicita le garçon.

- Ouvre les yeux bon sang ! regarde-toi ! »

Charlie s'était très rarement disputé avec ses parents. La description de « gentil garçon » lui collait à la peau comme de la boue. Sa mère ne s'était jamais réellement opposée à ses choix. Peut-être n'en avait-il jamais réellement fait. Les éclats de voix avaient alerté le fermier qui était en train de couper du bois. La hache à la main il se tourna vers sa famille. Charlie croisa le regard de son père. La ressemblance entre les deux étaient flagrantes, de leur corps battit par le travail, à leurs traits de visages peu délicats. Seul l'imprégnation avait rendu les cheveux de Charlie encore plus roux, plus brillants, enflammés et son aura avait changé. Il avait changé, mais torse nu, couvert de boue et de paille, dans sa ferme, personne ne voyait en lui l'aura du chef, qu'il a désormais, l'aura du mage, l'aura du dragonnier, l'aura du feu. Pas même lui.

Sa mère s'approcha de lui, ses poings se décrispèrent en voyant l'expression de son fils. Elle se radoucit presque et posa une main caleuse sur son épaule pour le convaincre.

« C'est une princesse Charlie. Et tu n'es qu'un garçon de ferme. C'est quelque chose qu'aucun dragon ou tour de magie ne pourra jamais changer.

- Mais... je l'aime. Avoua Charlie déconfit.

- Si tu l'aimes vraiment, tu dois la laisser partir. Continua sa mère. »