Cavalier d'Argent - Tome 2 : Elduniria

Chapitre 4 : sur tes pas (1/3)

Les pieds foulaient l'herbe violette enneigée de la forêt bordant Esmeria. Je regardais Mizu progresser dans la forêt devant moi. Un mois c'était écoulé dans depuis le départ du doc de l'île, et de l'arrivée de la neige dans le nord. Le temps avait ralenti, calant son rythme sur la nature en sommeil. La guilde s'était refroidie. D'autant plus que malgré les nouvelles régulière qui nous parvenait du continent, l'absence de nouveaux dragonniers nous inquiétaient tous. Maitre Hûto cachait tant bien que mal son inquiétude pendant nos entrainements. Il me demandait régulièrement de l'emmener sur le continent, inquiet pour Roran et en quête de nouvelles.

- La seule chose qui pourrait me tuer c'est l'ennui Hûto ne t'en fait pas trop.

Je savais que le doc plaisantait, il s'était fait à la vie à Liehle. Trouvant refuge dans l'ancienne ferme de ma tante et du forgeron, il aidait à la reconstruction du village après l'incendie et ses compétences autant que ses connaissances en soins, avaient fait de lui le guérisseurs qui manquait aux habitants. Il me demandait sans détour quand je lui rendais visite comment se portait Camélia, devenue avec l'aide de maitre Rufus, la digne héritière du doc pour le remplacer pendant son absence. D'un coin de l'oeil il demandait comment je me sentais. Chaque fois je balayais sa question d'un revers de main avant de le gratifier d'un sourire. Cela faisait plusieurs mois, j'étais passer à autre chose. Les voir ensemble, elle et Charlie, nager dans le bonheur, sur leur petit nuage, fut suffisant à mes yeux. Il était celui dont elle avait besoin comme elle était celle dont il avait besoin. Alors que maitre Hûto me chargeait comme une mule de différentes matières premières que le doc nous avait fourni, il esquissa un de ses plus en plus rares sourires avant de balancer :

- Et la petite elfe, la petite fille de Haku ?

Si le poids qu'il me faisait porter autant physiquement que par télélinésie n'était pas si lourd, j'aurai fait volte face. À la place, le torticolis me manqua de peu. Légèrement surpris et agacé, ignorer combien de personnes lisaient en moi comme dans un livre ouvert me déstabilisaient.

- Mizu ? Comment ça ? On est juste ami.

Roran éclata d'un rire franc. Puis redevint sérieux d'un coup.

- Tu en as déjà raté une Jolan Sayan. N'en rate pas deux. Surtout quand son seul nom suffit à colorer tes joues du même éclats qu'un frigia.

Sans tout ses sacs, j'aurai posé mes mains sur mes joues pour les couvrir et les aurait surement découverte chaude malgré le froid.

Cette conversation me revint en mémoire pendant une énième balade avec Mizu. Ses pas légers d'elfe laissaient des empreintes trop superficielles pour son poids, la rendant presque irréele. Ses cheveux châtains avaient poussés depuis l'été et lui arrivaient au milieu des omoplates, cachées par son vêtement en laine semblable à un chaperon descendant jusqu'à mi-cuisses. Son ruban vert habituellement noué autour de son cou, retenait aujourd'hui ses cheveux, découvrant un peu plus ses oreilles pointues.

- Jolan tu m'écoute ?

je secoue la tête pour me réveiller, délogeant au passage quelques flocons de mes cheveux. Ses yeux verts cherchaient les miens, ses joues étaient rosies par le froid et son souffle s'échappait de ses fines lèvres en formant un léger nuage de fumée. Je souris, elle était vraiment belle.

- Excuses moi, j'avais la tête ailleurs.

Elle pouffa, se moquant de moi.

- Ça ne change guère de d'habitude. Jolan reste avec moi pour une fois s'il te plait.

J'hochai la tête comme un accord. Nous continuons notre marche. Mizu voulait essayer de rejoindre le grotte de cristal. L'endroit lui manquait, et avec la glace former sur le lac, elle ne voulait pas s'y risquer seule, malgré sa maitrise de l'eau, ce qui était très mature de sa part. Le froid de l'eau pouvait se révéler dangereux. Lorsque ses pieds effleurèrent la glace, celle ci crissa sous ses pas pourtant légers.