Chapitre 3 : les trois cavaliers (2/3)

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Maitre Hûto me regardait et ses yeux gris se tintèrent d'orages. Un frisson me parcourut de la tête au pied. Il plongea ses yeux dans les miens avant de les détourner et d'attacher une cape sur ses épaules.  Il me tendit une cape en toile beige, et j'attrapais mon écharpe dans le coffre. Maitre Hûto sortit, son phénix sur l'épaule, au pas de course. Je le suivis et lorsque le froid nous saisit, je sentis Bluette se glisser dans le col de mon écharpe.

"Où va-t-il ? Il parlait de la grande guerre non ?" demanda Bluette de sa voix de clochette.

- Aucune idée, avouais-je. Que sais-tu de la grande guerre ?

"Seulement ce que vous avez raconté."

- La petite fée t'accompagne toujours partout, dit Maitre Hûto avec un sourire triste.

- Maitre vous m'inquiétez un peu. avouais-je.

Il ne répondit pas et nous nous rendions sur les falaises du nord. Il tendit sa main vers l'Ouest.

- À l'ouest, Atlantide, la cité des élusims, la cité engloutie par une humaine pour protéger les élus des hommes. Les gardiens de la terre et des émotions sont là, sous la surface ridée et mouvante de l'océan, ils veillent sur les humains. Ici... il s'interrompu et soupira.

- Maitre ? appelais-je.

- Jolan, as-tu compris ce que nous sommes ?

Cette phrase me terrifia dès l'instant où le maitre avait prononcé mon prénom. Les élus d'Atlantide ne se mêlaient pas aux autres tritons. Ils vivaient dans le palais du conseil. Ils étaient respectés, admirés et craints. Comme un flash, la réaction des enfants la première fois que j'étais allé à Liehle, me revint en mémoire. Je fis volte-face vers notre nouvelle maison, exclue du continent, accessible à dos de dragon, impossible à atteindre en bateau. Inaccessible aux hommes, accessible aux dragonniers. Un fossé venait de se creuser sous moi, alors que mon corps s'acharnait à garder un pied de chaque côté de cet abysse. Tomber reviendrait à devenir fou. Mais le fossé n'était pas encore trop large. Je souris à mon maitre.

- Quand on devient dragonnier, on fait une croix sur sa nature d'Homme. N'est ce pas ?

- Pas forcément, cela dépends des dragonniers. Ma défunte femme était, certes, maitre de l'eau, mais elle était humaine. C'est une question de ressenti propre à chaque dragonnier. Comment le sens-tu mon garçon ?

Tendant la main devant moi, j'appelais quelques rayons de lumières qui vinrent danser autour de ma main. Bluette s'en approcha et se lova contre eux.

- Je me suis toujours senti différent maitre, comme une anomalie. Alors c'est un peu confus.

Mon maître tendit lentement sa main vers l'Est, vers le territoire des elfes, la ou le soleil se levait en premier.

- A l'Est, Eldunaria, le peuple des elfes, le peuple des lanceurs, cavaliers des licornes. Emmène nous au Nord d'Ila maintenant Jolan, sur le territoire de Revolin.

Il attrapa ma main. Helm était le royaume où se situait la guilde. Si mes souvenirs sont bons, Liehle était le village principal du Nord, et Ila, la ville principale du nord de Revolin. Entre les deux, s'étendaient les grandes pleines d'Helm. J'appelais un rayon de lune et lorsque mes doigts se refermèrent dessus, le paysage se transforma. Nous étions en dehors de la ville, au nord. Maitre Hûto lâcha ma main et s'avança sur la route en nous éclairant d'une belle flamme jaune. Arrivés en haut d'une colline, le maître indiqua une direction. Dans le noir je ne vis rien. Mais après un sondage de l'environnement, des ruines se dessinaient dans le paysage. Les vestiges d'anciennes habitations sillonnaient encore le paysage. Tout autour s'étendaient de maigres collines, sur lesquelles aucunes forêts ne surplombaient le paysage des plaines d'Helm.

Cavalier d'Argent - Tome 2 : ElduniriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant