Charlie et Camélia, Acte 2 : la médiation de violet
Un peu de contexte pour commencer, et rafraichir les mémoires. Charlie et Camélia s'avouent leurs sentiments après la cérémonie de l'apprentissage, après plusieurs mois à se tourner autour. Après avoir eu une conversation difficile avec sa mère, Charlie ne sait plus trop quoi penser.
Il ne faut pas se fier aux apparences, derrière son beau sourire, il cache son manque de confiance en soi, et un beau syndrome de l'imposteur et cherche à faire ses preuves. Mais là, le garçon de ferme se laisse envahir par ses doutes, légèrement soufflé par sa condition d'humain. Il va devoir faire des choix, pour lui et son futur.
Mais s'il fait des bêtises, il a maintenant des amis pour le remettre sur le bon courant d'air.
*****************************
Camélia était assise en fin de soirée sur un banc de la grande salle et tournait dans ses mains une tresse de fils de coton vert et orange. Elle essuyait une larme qui coulait silencieusement le long de sa joue. Il était déjà très tard, Ian finissait juste ses tâches du jour et la repéra immédiatement. Elle était le seul membre du groupe jaune encore à table. Elle ne l'avait pas remarqué, mais il avait très bien vu sa mise grise et ses cheveux épars destinés à camoufler son visage. Il s'approcha sans dissimuler sa présence. À son approche, elle remit ses cheveux derrière ses oreilles et il s'assied à sa gauche en saisissant un morceau de pain sur la table. Les restes constitueraient son repas.
« où est ton amoureux ? il te laisse pleurer seule ? demanda Ian sans tact.
- Il... Ce n'est plus mon petit ami, avoua-t-elle en triturant la tresse.
- Pourquoi ?
- Il ne voulait plus l'être je suppose. »
Ian soupira, attrapa un bout de fromage avec son pain et se releva, pourtant à peine assis. Il se contentera de ça, ce soir. Il jeta sa cape sur les épaules d'une Camélia surprise par le geste.
« idiots. »
Il avait vu le maitre de Camélia se rapprocher et en profita pour se sauver. Il marchait rapidement dans les couloirs à la recherche de son gardien. Il se doutait que l'esprit de ce dernier devait être en ébullition et n'eut aucun mal à remonter la piste de son esprit, comme on chasserait un animal blessé. Il ne pleuvait pas mais le vent soufflait fort et l'orage n'était pas loin lorsqu'il traversa la cour en direction de la grange.
Charlie était assis dans le fond, entre les tas de paille dont on se servait pour aménager les écuries. Il avait chercher l'endroit qu'il méritait. Ian s'approchait près à passer un savon à son ami. Mais lorsque ce dernier releva la tête à son approche, il s'en abstint. Charlie le regarda implorant et leva la main.
« Ne dis rien, s'il te plait. »
Il pleurait et sa voix n'était pas la seule chose qui tremblait. Ian regretta presque d'avoir laissé sa cape à Camélia. Il ne dit rien, s'assied simplement à côté de lui en regardant le plafond.
Le vent s'infiltrait entre les planches en sifflant. Il le laissa pleurer quelques minutes avant de ne plus pouvoir se retenir :
« Tu es vraiment bête Charlie. »
Son gardien se mit à pleurer de plus belle et avec un soupir il l'attira contre lui. Le gong sonna le couvre-feu, mais ils étaient toujours dans la grange. Charlie finit par se calmer et par prendre la parole. Sa voix tremblait encore un peu.
« Tu crois qu'elle va me détester ?
- Elle t'aime espèce d'idiot. Alors je n'en sais rien. Tu connais l'importance des tresses pour le royaume de Takn ?
- Elle m'avait fait une tresse ?
- Oui, orange et verte, elle est très jolie.
- Le Orange et le Vert ne vont pas ensemble. Jamais. Dit-il.
- C'est des conneries. Tu n'es pas stupide à ce point quand même ? »
Charlie se remit à pleurer et Ian soupira. L'orage avait éclaté, le vent s'infiltrait dans les interstices et le vacarme de l'eau tombante recouvrait ses sanglots. Il fit flotter une petite flamme devant eux pour les éclairer et avoir un peu de chaleur. Charlie marmonnait dans sa barbe, les cheveux tombaient sur son visage. Ian n'arrivait pas à supporter ces paroles plus longtemps. Ce discours autocritique, c'était ce qu'ils avaient en commun. Ils s'étaient compris. Ian savait qu'on n'en tirait rien de bon. Charlie était en train de tomber dans cette spirale, et il ne pouvait pas le laisser faire.
« Ressaisis toi bon sang ! dit-il en le prenant par le menton pour le forcer à le regarder. Elle a éconduit des héritiers de Shola parce qu'elle était déjà amoureuse de toi ! Elle sait ce qu'elle veut ! Et ce qu'elle veut c'est toi ! Tu n'as pas le droit de décider à sa place ce qui est bon pour elle ! Elle est forte, et intelligente, gentille et courageuse. Donc maintenant, demande-toi juste ce que toi tu veux ! Qu'est-ce que tu veux Charlie d'Helm ? Tu ne passeras pas ta vie sans fin avec ta famille. Alors maintenant écoute tes désirs à toi ! Tu blesses quelqu'un dans tous les cas !»
La flamme se reflétait dans les yeux de l'apprenti de feu. Son air béat indiquait à Ian qu'il suffisait d'une petite étincelle. Il ne le lâchait pas le menton de son gardien, et le regardait droit dans les yeux. Devant son silence, il asséna le coup de grâce.
« Avant de vouloir être utile et aider les gens, tu dois te demander ce que tu veux toi ! Défends-toi ! Alors je te le demande mon ami, qu'est-ce que tu fais encore là, dans cette grange ? »
Le feu qui brulait en Charlie s'embrasa. La main de Ian quitta son menton. Il sauta sur ses pieds. Sa bouche s'ouvrit pour dire quelque chose mais un mouvement de main balaya ses mots. Il ne devait rien dire.
« Ce n'est pas à moi que tu dois parler. Bouge-toi, maintenant. »
Charlie tourna le dos à Ian qui se relevait en prenant appuie sur ses genoux, et se mit à courir, traversant la cour. Du point de vue de Ian, embellie par la pluie, l'aura de l'apprenti du feu n'avait jamais été aussi belle.
VOUS LISEZ
Cavalier d'Argent - Tome 2 : Elduniria
Fantasia⚠️ En toute logique, ce tome deux est là suite du tome 1 - Cavalier d'argent : Shola. Si l'histoire vous tente, vous devriez plutôt commencer par le premier pour comprendre. Mais à vos risques et périls. ************ Jolan a fini sa période d'appre...