Cavalier d'Argent - Tome 2 : Elduniria

Chapitre 6 : les humains d'Esmeria (2/3)

Je la repoussais doucement et le froid commençait à gentiment se rappeler à notre bon souvenir. Une fois la cape jetée sur nos épaules, nous étions si prêt que je sentais enfin la chaleur que dégageait son corps sous les épais tissus.

- Mizu ? Est ce que tu veux qu'on parle de Camélia ? Demandais-je, timide.
- Non, c'est ma première amie et la première fille que tu as aimée. Je ne crois pas que se soit utile d'en parler plus que ça.
- Ça reste important puisque ça t'inquiète. Je me suis mépris sur mes sentiments pour Camelia et je ne voudrais pas que toi aussi.
- Jolan, m'arrêta-t-elle. Ça ne me concerne pas. C'était avant et même si je m'étais déjà attachée, toi tu n'as rien à justifier. Je sais que les humains peuvent aimer plusieurs fois, les dragons et les dragonniers aussi.
- Sauf que je n'ai jamais aimé Camélia.
- Jolan ! Ça se lisait dans tes yeux.

Je comprenais mieux se que voulait me faire comprendre sa grand mère. Les elfes aiment une seule fois réellement. Mizu était inquiète, inquiète que je ne sois pas cet alter.

- Je le croyais aussi. Mais j'ai découvert que non. J'ai beaucoup d'empathie pour Camélia, elle est douce, gentille et forte. Elle me couvait alors que j'étais perdu et ça me rassurait. On a commencé à se disputer quand elle se mettait en danger, sans aucune volonté d'essayer de changer son destin.

Je baissais la tête avant de continuer.

- Elle me rappelait Laehle. J'ai beaucoup d'affection pour Camélia, c'est vrai. Mais cette affection n'a rien à voir avec les sentiments que je ressens pour toi. Ils ne sont pas du tout de la même nature. Quand je me suis rendu compte de mon erreur, l'absence de Laehle est devenu insupportable. Mais je n'ai jamais ressenti pour Camélia ce que je ressens pour toi.

- D'accord, d'accord Jolan. N'en dis pas plus. J'ai compris.

Elle encadra ma tête avec ses mains et déposa un baiser sur mon front. Tout d'un coup, le froid semblait déserter mes joues. Elle se releva et me prit la main.

- Rentrons.

Mizu tira sur ma main pour m'aider à me relever, elle glissa du gant et je m'étalai dans la neige. Je ramassai le gant et une fois relevé,  elle me prit dans ses bras. Étonné, je serrai doucement mes bras autour d'elle. L'espace d'un instant, au moment où nous nous éloignons, je cru voir la couleur bleuté de sa joue se mettre à briller au contact de ma main, elle même enveloppée dans une douce lueur. Je fronçais les sourcils et regardai ma main mais Mizu surprit mon regard et la prit. Nous retournions main dans la main au village.

La neige crissait sous nos bottes et cachait l'herbe violette de la forêt. Je sentis un minuscule poids sur mon épaule qui vint ramper pour se cacher sous la cape. C'était Bluette. D'un geste pudique je lâchais la main de Mizu. Bluette était suivi d'une myriade d'autres fées, curieuses de voir un humain et une elfe ensemble. Comme les fées s'approchaient un peu trop près, je pouvais presque sentir la peur de Mizu d'en effleurer une et qu'elle périsse. Je lui ouvris ma cape et elle vint se glisser sous mon bras. Nous étions une fois de plus blotti sous une même cape. Une des fées vint se poser dessus et contre moi, Mizu tressaillit. Savoir que les fées étaient ,en réalité, les âmes des anciens lanceurs, n'avaient fait que renforcer, chez les elfes connaissaient la vérité, leur admiration pour ces créatures. S'ils les touchaient et qu'elles périssaient, ils tueraient des héros, des divinités pour eux.

Bluette respirait doucement dans ma cape. Au fur et à mesure que nous nous rapprochions du village, les curieuses s'en allèrent. Mizu s'échappa de sous la cape à l'orée du village. elle aperçut avant moi les troncs de toutes les couleurs qui caractérisaient la cité de l'espoir. Si à la guilde, notre relation n'était connue que de ma tante et mon maitre, ici, la majorité de la cité savait que Mizu était avec un humain. Elle marqua un temps d'arrêt et se tourna vers moi.