CHAPITRE 38

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ET SANS LE SAVOIR, TOUT ALLAIT CHANGER

Plusieurs semaines s'étaient écoulées. Du premier janvier nous étions arrivés au premier février. Il n'avait jamais fait aussi froid et je n'avais jamais porté autant de pulls les uns sur les autres. 

Pendant tout ce long mois glacial, j'avais travaillé d'arrache-pied dans le Groupe. Harry s'était mille fois excusé de l'incident du nouvel an et je n'avais aucune rancune envers lui. Nous avions à présent une relation cordiale basée sur le travail. Parfois, j'avais pu voir le Caporal nous observer par sa fenêtre, mais je n'étais pas bien sûre de moi.

Après le compte à rebours, Livaï m'avait raccompagné jusqu'à devant ma porte et m'avait souhaité une bonne nuit. Depuis, c'était comme si nous marchions continuellement sur des œufs. Nous faisions attention à ce que nous disions l'un devant l'autre. Mais dès qu'il posait le regard sur moi, je ratais un battement de cœur.

Je ne savais plus vraiment quoi penser. De lui, de son monde, de ma vie d'avant, de ma vie d'après. Ces derniers temps, je me sentais assez perdue. C'est pour cela que je m'évertuais beaucoup plus à la tache afin d'ignorer mes tracas intérieurs. J'aurai aimé pouvoir me confier à quelqu'un de tout ça. Mais ni Hanji, ni Livaï n'étaient disponibles ces derniers jours. Je ne les voyais plus du tout. Ils étaient en ce moment particulièrement occupés avec Mike, le Capitaine Asuma et le Major. Par deux fois déjà ils s'étaient tous déplacés pour aller je ne sais où, secret du Bataillon. Même l'escouade de Livaï n'en avait aucune idée, bien que je soudoyais Lucie le plus possible pour qu'elle me révèle une quelconque information. Mais rien. Ils passaient des heures dans le bureau de Erwin et se chuchotaient des choses dans les oreilles quand ils se croisaient, en secouant la tête d'un air entendu.

Ce qui faisait que je me trouvais souvent seule ces derniers temps. Je mangeais avec mes camarades de promotion, parfois Gunter était disponible ou Benoit, rarement les deux en même temps. 

Le matin du premier février, assise à mon bureau, le bout de ma plume dans la bouche, je me rendais compte que mon anniversaire arrivait à grand pas. Un frisson m'avait parcouru, et il n'était pas dut au froid. Je n'arrivais pas à croire que je serais loin de ma famille. Je n'arrivais pas à croire que cela faisait presque un an que j'étais ici.

Je m'étirais : j'avais encore de longs centimètres de parchemin à écrire. Il fallait que je réfléchisse à une tactique d'escouade de quatre pour deux titans. C'était un devoir particulier que le Chef Rotschwild m'avait exclusivement donné. Je n'avais pas compris pourquoi j'avais un travail en plus que les autres, mais je m'étais exécutée.

Je fixais une nouvelle fois mon calendrier. J'entourais d'un trait noir et gras le 9 février. J'appuyais ma tête sur ma main accoudée à mon bureau, pensive.

Dix-neuf ans.

*

- Joyeux anniiversaaaire, joyeux anniversaaaire, joyeeeeuuxxx aaaanniiiversaaaiiireeeeeeeuuuh... joyeux anniiiiiversaaaaaire !

La tête entre les bras, je refusais de relever le visage. J'étais toute rouge. Hanji venait d'arriver dans son laboratoire, dans une blouse blanche pleine de tâches violacées dont je ne voulais pas savoir la provenance. Je relevais finalement le visage.

Hanji dansait à moitié, un grand sourire aux lèvres. Je rigolais d'un air gênée en attendant qu'elle termine sa chanson. Arrivée devant l'établis sur lequel je travaillais, elle m'attrapa le visage et m'embrassa sur la joue en produisant un énorme bruit de lèvre contre la peau. Je me libérais de son étreinte en riant aux éclats, m'essuyant la joue d'un revers de manche, mon chignon dans tous les sens.

Son MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant