CHAPITRE 7

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APPRENTISSAGE

Épuisée, les poumons en feu, je m'arrêtais, tremblante. Je tombais à terre, à quatre pattes, la respiration saccadée. J'avais l'impression que mon cœur allait exploser. J'étais à deux doigts de vomir. Je voyais flou.

J'avais fait trois tours de terrain.

Les autres soldats continuaient tranquillement leur course. Je crois que certains étaient déjà à leur vingtième tours.

Mes doigts se crispèrent, mes ongles raclant la terre. C'était évident que je ne pouvais pas réussir cet entraînement : je n'avais jamais fait ça de ma vie. Pourquoi le Major avait mis cet activité dans mon emploi du temps ? A quoi bon ?

J'entendis le professeur arriver vers moi. Je soufflais, essayant de maîtriser tant bien que mal ma respiration.

- Qu'est-ce que tu nous fait, soldate ?

- Je... je ne suis pas soldate, je répondais encore essoufflée.

Il émit un bruit interrogateur. Je levai la tête vers lui, les yeux plissés par le soleil déjà haut dans le ciel.

- Oh je vois ! Continua-t-il, tu es la petite stagiaire du Lieutenant Hanji Zoe ?

- C'est ça oui...

- D'accord, d'accord... elle m'a prévenu en effet pour ta situation. Le Major aussi d'ailleurs.

Je fronçais les sourcils sans rien dire. Il avait une cigarette coincée entre les dents, éteinte depuis longtemps. Bruns, avec une barbe de la meme couleur, il avait les yeux rieurs.

Sans m'en rendre compte, je lui souriais doucement.

- Allez, dit-il en me tendant la main, tu vas pas rester assise par terre pendant tout le cours !

J'attrapais sa paume tendue sans hésiter et m'époussetais le derrière une fois debout.

- Je serais ton professeur quand tu rejoindras les premières années. Je suis le Capitaine Asuma.

- Enchanté Capitaine... je disais en regardant les soldats passer devant nous en courant.

J'en entendis certains se moquer de moi.

- C'est la taré qui a été recueilli ici, non ?

- Ils vont la garder ..?

- Pire que ça : elle va prendre des cours avec nous.

Certains se mirent à rire.

- Elle va pas aller bien loin.

- Vous voyez bien que si. Elle est déjà dans les petits papiers des gradés.

- La pauvre, elle fait de la peine...

Ils avaient tous des visages dures. Je serrais les poings. Les larmes recommençaient a couler sur mon visage poussiéreux. Je me mis à hurler.

- C'est quoi votre putain de problème ?

La plupart me fixèrent en ralentissant.  D'autres, plus nombreux, rigolèrent à gorge déployée. Certains ne m'adressèrent même pas un regard.

Le professeur Asuma gronda ses soldats, leur ordonnant de continuer à courir la bouche fermée. Mais déjà je m'éloignais de lui à grands pas. Folle de rage, j'essuyais mes larmes, sanglotant le plus doucement possible.

Je passais sous la barrière du terrain d'entraînement. Me tournant une dernière fois, je fis un doigt d'honneur à qui pouvait le voir, et je me mis à courir en direction de mon bâtiment.

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