CHAPITRE 36

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TANT DE CHOSES À OFFRIR

J'étais emmitouflée dans une grande couverture, les cheveux dans tous les sens, vêtue seulement d'une longue chemise de nuit. Il faisait très froid mais j'étais trop sous le choc pour trembler.

Peu d'entre nous s'étaient levés. Hanji était à côté de moi et regardait, les bras croisés sur son uniforme sale, les croques-morts enlever le cadavre de la cabine des soldats. Margaret était en larme dans les bras de Lara et leur troisième colocataire se trouvait derrière elles, la bouche grande ouverte, avec son manteau à l'envers sur ses épaules. Erwin Smith discutait avec l'un des hommes qu'on avait fait appeler pour enlever Silly. Je crois que c'était un inspecteur. 

Mike était là lui aussi et il était dans la même humeur que Hanji : sceptique, dans l'incompréhension la plus totale. Enfin, à quelques pas derrière moi, je le savais, se trouvait Livaï. Il ne disait rien, et j'en faisais autant.

Pourquoi se serait-elle suicidée ?

Il était fréquent, de ce qu'avait pu me raconter Hanji, qu'un soldat du Bataillon en finisse avec sa vie : souvenir trop douloureux d'amis partis trop tôt, sommeil impossible à atteindre tant il était parsemé de cauchemar, de jambes arrachées et de sourire atroce de titan, ou encore un besoin de liberté si grand que seule la mort pouvait nous l'apporter.

Je crois que tout le monde croyait à un suicide. Je mettais mes mains sur mes yeux et appuyais fort pour réussir à réfléchir. Silly se serait-elle suicidée... où était ce autre chose ? J'eus un frisson qui n'était pas dut à la température glaciale : je ne voulais pas penser à une autre éventualité que le suicide.

- Et... et nous sommes rentrées et .. elle était... reniflait Margaret en tentant tant bien que mal à expliquer à l'inspecteur les faits.

Lara continua d'une petite voix :

- Au milieu de la pièce, comme vous l'avez vu. Nous n'avons rien pu faire.

- Avez vous remarqué des changements dans le comportement de mademoiselle Vikonutch ?

- N...non.. dit Margaret en sortant de sa gorge un son guttural.

- Je pense que ces jeunes filles sont très perturbées et qu'elles méritent une bonne nuit de sommeil, dit Erwin en s'approchant du petit groupe. Monsieur, il dit à l'inspecteur pour le congédier.

- Bien sur, ce dernier mit sa main sur son chapeau et baissa la tête poliment, je repasserai demain.

Il s'éloigna dans la nuit noire tandis que d'un œil distrait j'apercevais les croques-morts placer Silly sur un brancard, la couvrir d'un drap noir et mettre le tout dans leurs calèches avant de partir à leur tour hors du QG.

Erwin accompagna les trois jeunes filles jusqu'à un bâtiment des gradés dans lequel elles dormiraient cette nuit exceptionnellement avant de changer de cabanon. Moi, je ne bougeais toujours pas, le visage obstinément tourné vers la pièce où Silly s'était donnée la mort. Je m'en approchais petit à petit. Je fixais l'intérieur. La corde était toujours là. Fixée au plafond, sur une poutre. Je resserrais les couvertures contre moi.

- Qu'en penses-tu? Dit une voix derrière moi.

Je ne me tournais pas vers lui. Il n'y avait plus que nous deux à présent près de la porte. Les autres étaient tous parties, les uns contre les autres, en chuchotant rapidement, mal à l'aise.

- J'en pense, Caporal, que tout ceci est bien étrange.

- Je suis d'accord avec toi.

Et à son tour, il partit.

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