CHAPITRE 9

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LA PAROLE EST TON FRUIT

J'étais à deux doigts de me pisser dessus de peur.

Plaquée contre un mur des écuries, j'essayais de calmer ma respiration. J'espérais qu'il ne m'entende pas. J'avais couru rapidement, du moins je l'espérais. Je mis une main sur ma bouche pour tenter vainement de faire moins de bruit. Mon estomac se tordait, se contractait douloureusement et me rappelait mes blessures encore trop fraîches. J'avais de la soupe dans le nez et dans les cheveux et l'odeur entêtante des légumes veloutés me donnait la gerbe.

Je ne l'entendais pas, et je me dis avec joie qu'il avait du avoir la flemme de jouer à cache cache. Je réfléchissais rapidement à attraper Orion et m'enfuir avec lui. Je me mordillais la lèvre : m'enfuir ou ? C'était idiot. Je ne savais pas quoi faire.

Une main m'attrapa par le bras. Je hurlais. Le Caporal me plaqua sur le mur qui faisait l'angle et posa une main sur ma bouche pour faire taire mon cris.

Dans la nuit, je discernais mal son visage. Ses traits étaient doux. Ses yeux, en revanche, étaient noirs de colère. C'était la première fois que je lisais une réelle émotion dans son regard.

Il me serrait le bras avec force. Je couinais de douleur et de peur. J'étais sûr qu'il allait me battre à mort. Mes yeux commencèrent à s'embuer.

Mais à la place, il ne fit rien, ne me dit rien, me fixa longtemps en me rendant mal à l'aise et puis me tira dans les écuries à sa suite. Qu'est-ce qu'il mijotait, je n'en savais rien, mais son silence me fit beaucoup plus peur que ses coups de poings.

Nous traversâmes une bonne partie des écuries, passant devant divers chevaux nous regardant curieusement.

- Caporal, qu'est-ce que vous faites.. Demandai-je d'une voix tremblante.

- Ferme ta grande gueule.

Son ton était calme, froid, sans mélodie et je ne trouvais rien à rétorquer. Je me mis à sangloter silencieusement. J'avais peur. Je n'aurai pas dû faire ça.

- Je suis désolée, je disais en tirant sur son bras qui détenait le miens.

Je commençais à pleurer.

- Je suis désolée, laissez moi maintenant ! Je répétais en tapant sur son poignet.

Il tourna sa tête vers moi. Il avait à nouveau son masque de neutralité.

- Je me fou de tes excuses. Tu es exécrable.

- Je ne suis pas exécrable ! Je hurlais en frappant encore son bras. C'est vous qui l'êtes ! C'est vous qui avez dit à Harley de m'assommer !

- C'était ta punition.

- Vous êtes malade ! Je sanglotais. On ne punit pas de cette manière quelqu'un qui a juste manqué de respect à ses supérieurs !

Il s'arrêta et ouvrit un boxe. Je tirais encore sur mon bras.

- Ici, tu es à l'armée...

- Je ne suis même pas soldat ! Je l'interrompais. Je n'ai rien choisi de tout ça !

Il serra la mâchoire.

- Putain mais tu sais le nombre de soldat qui sont là par choix ? Tu crois qu'on a tous eu la chance que tu as d'être protégé par des gradés dés ton arrivé ?

Sa prise sur mon bras se fit plus forte.

- Vous me faites mal ! Je hurlais.

Je le frappais encore plus mais il ne semblait même pas le sentir.

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