Son Monde

CHAPITRE 18

TU TOMBES ET JE TE TENDS LA MAIN

Hiyori leva la main en signe d'abandon. Elle s'essuya le nez d'où une larme de sang sortait. Je respirais avec force, nos deux couteaux en bois dans les mains. J'avais vaincu. 

Mon amie se leva en s'époussetant les fesses.

- Eh beh, dit-elle. Je ne savais pas que tu savais te battre comme ça.

Je tremblais légèrement, l'adrénaline encore présente en moi.

- Moi non plus.

Elle me sourit, puis s'éloigna vers la barrière avec les autres perdants du premier tour. On attendit que les derniers duo terminent, puis, le Capitaine Asuma annonça le second tour.

Je me trouvais en face de Rodrigue, un grand garçon assez costaud. Sous son tee-shirt je pouvais apercevoir des lignes noirs tracées sur sa peau. Il se mit en position de combat, et je l'imitais. Il se débrouillait bien. Mais il était lourd, et ses gestes en étaient donc ralentis. Rien à voir avec la rapidité du Caporal. Je voyais à présent, comme si on me les présentait, ses points faibles apparaître devant moi. Je passais sur son coté droit, enfonçais avec force mon coude dans ses cotes. Puis, dans son dos, j'attrapais sa gorge avec mon bras et fis pression dessus. Après quelques minutes, il capitula, et j'attrapais le couteau de bois.

Le troisième round me confronta à une jeune fille blonde aux airs scandinave. Silly. Son visage était fin, pâle, avec un long nez qui lui donnait une apparence d'oiseau. Elle me sourit, et m'envoya un poing dans la figure. Je fus décontenancée, mais ne me laissais pas aller si facilement. J'avais connu pire : non ?

Elle était agile, et plus fine que moi. Elle se mouvait parfaitement. Mais elle manquait de reflexe. J'arrivais à la toucher rapidement, et nos deux souffles commencèrent à se faire court. 

- Tu te bas bizarrement, me dit-elle doucement alors que nous reprenions nos respirations.

Je fronçais le nez.

- J'ai déjà vu tes techniques, continuait-elle.

Je haussais les épaules. Puis, je lui fonçais dessus. J'avais la chance d'être lourde ce coup ci. Je laissais tout mon poids s'abattre sur elle. Ecrasée contre le sol, je plaquais ses bras, et attrapais son couteau.

- On se bat comme ça, je disais en califourchon sur la blonde, chez moi.

Elle haussait les sourcils.

- Ah... vraiment...

Elle me poussa violemment sur le coté. Je tombais sur le dos. Elle se mit debout, me toisa avec dédain, puis s'éloigna, sa queue de cheval blonde se balançant au rythme de sa marche. Curieuse fille.

Je regardais derrière la barrière du terrain, là où se trouvaient les perdants. Yato avait le nez en sang. Hiyori lui avait attrapé la main et il serrait un mouchoir autrefois blanc sur son visage. D'autres membres de la promotion s'y trouvaient aussi, et je remarquais que ceux que j'avais battue faisaient tous la tête, excepté Hiyori.

Mon regard se reporta sur le terrain. Et c'est avec surprise que je constatais que je faisais partie des quatre derniers survivants. Peter, Margaret, Harley et moi.

J'entendais quelques soldats se demander ce que je faisais encore là. J'étais d'accord avec eux : je ne savais absolument pas comment j'avais fait pour gagner. J'avais eu de la chance. 

Peter s'approcha de moi. Ses yeux brillaient d'excitation. Il me tendit une main, m'aidant à me relever.

- Ca te dit qu'on combatte ensemble ? Me demanda-t-il. J'ai bien envie d'être le gagnant de ce tournois.