CHAPITRE 16

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VOUS M'AVEZ TENDU LA MAIN

Maintenant trois jours s'étaient écoulés depuis que le Caporal était parti, et strictement rien n'avait changé à la Base Militaire du Bataillon d'Exploration. Les soldats continuaient à brosser leurs chevaux, à suivre leurs cours, à s'entraîner à l'utilisation de la manœuvre tridimensionnelle, et ils avaient continué à me détester.

Quelques jours après le départ du Caporal, j'avais finalement décidé à survivre véritablement, comme il me le conseillait depuis le déut. Et pour cela, il me fallait des alliés, voir des amis, m'intégrer complètement dans cet univers encore inconnu.

C'est avec honte que je m'étais excusé auprès de ma promotion. Je m'étais inclinée devant eux, la voix peu sure, suppliant presque qu'on m'accepte. Le rouge m'était monté aux oreilles, et mon estomac s'était violemment contracté. Cependant, ils avaient accepté ce lamentable pardon, et maintenant ils toleraient légèrement ma présence. Je percevais moins de regard noir à mon encontre, et j'arrivais, parfois, à me montrer agréable.

Les semaines s'étaient écoulées. J'essayais de m'améliorer dans les matières qui m'étaient donné. Les classes d'histoires et d'étude à l'équipement tridimensionnel étaient mes préférés, l'aritmétique et la course étaient celles que je haïssais le plus.

Mes mains s'étaient enfin soignées. Hanji m'avait néamoins indiqué que je garderai à jamais les cicatrices, blanchâtres, parallèles, sur chacune de mes paumes. Mes mains garderaient toujours les marques des lames que le Caporal avait brandit sur moi. Unique moyen de me faire redescendre sur terre, pour me faire ouvrir les yeux sur la triste réalité de son monde.

Seulement, je le sentais bien, malgré mes nombreuses activités et la présence parfois horripilante de Hanji, je ressentais un manque. Loin de moi ces angoisses qui me prenaient à la gorge de temps à autres. Non, quelque chose me manquait. Je m'entrainais tous les soirs dans le gymnase comme j'en avais l'habitude avec lui. Mais ce n'était pas pareil. Mes coups raisonnaient dans le vide, rappelant à quel point j'étais seule.

*

Au rez de chaussée du château se trouvaient les bureaux d'inscription et l'infirmerie, ainsi qu'une salle de réunion. Au fond de multiple couloir et de pièces inutilisées, se trouvait une grande bibliothèque.


Quand le Caporal m'en avait parlé, je m'étais d'abord dit que ce n'était qu'une idée stupide. Mais à présent, je comprenais où il voulait en venir.

J'avais un but quand il était là : m'améliorer en combat et l'emmerder le plus possible. A présent  il est vrai que le quotidien paraissait quelque peu morne. Je m'étais donc décidé à arranger cette vieille pièce abandonnée. Et elle l'était foutrement.

Les bibliothèques en vieux bois étaient pour la plupart retournées sur le sol. Ce dernier était si poussiéreux qu'a chacun de mes pas une trace restait imprégnée dessus. Les fenêtres à la peintures écaillées fermaient mal, ou ne s'ouvraient plus, ne laissant passer qu'une lumière acre par les vitrines poussiéreuses.

Des trous apparaissaient sur les murs à certains endroits, contre lesquels des immenses tables étaient poussées. Un piano désaffecté croulait sous des livres abandonnés, et des pages déchirées de ces derniers trainaient un peu partout dans la pièce.

Je respirais avec force. Avais-je vraiment ce courage ?

Je haussais les épaules. Après tout, je n'avais rien d'autre à faire. Je ferais ce qu'il faut pour que le temps passe plus vite, que j'oublie mes soucis, et que je ne pense plus... à ces entrainements.

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