LE FONCTIONNEMENT DE CE MONDE
Je m'étirais de tout mon long en soupirant d'aise dans mes draps chauds. Mes jambes se tortillaient l'une contre l'autre et je me tournais sur l'oreiller à ma gauche. Je l'enlacais et soupirais une nouvelle fois. Je sentis une chaleur sur ma joue : c'était le soleil qui la réchauffait.
Le soleil ?
J'ouvrais les yeux : il devait être plus de 11H vu le ciel. Plus qu'une bonne dizaine d'heures avant que le bataillon ne rentre. Je contemplais le dehors par la fenêtre. Elle était très grande cette fenêtre. Bien plus grande que celle que j'ai dans ma chambre de soldat ici à Shiganshina.
J'écarquillais cette fois les yeux et me frappais le front : en regardant autour de moi, j'étais bel et bien dans la chambre du Caporal Livaï et j'étais une imbecile de première. Plus jamais je ne boirais : cela me faisais faire des choses vraiment stupide !
Ne comprenant toujours pas pourquoi mon inconscient ivre avait voulu que je dorme dans la chambre de mon supérieur, je remettais tant bien que mal tout en place et partais. Je ne cessais de me répéter dans ma tête à quel point j'étais stupide, mais je me dis que le Caporal ne le remarquerait jamais. La chambre était niquel, je n'avais juste pas pu changer les draps mais il ne sentirait jamais quoi que ce soit de différent à d'habitude.
La suite de la journée fut longue : la peur me tordait le ventre constamment et je tournais en rond dans les bâtiments du Bataillon. Madame Cornbell en eue marre et me vira pour me dire de faire un tour dehors, non sans me gratifier d'un coup de pied aux fesses. J'avais donc fait la même chose que dans les bâtiments, mais dans la ville : je ne tenais pas en place, je mangeais beaucoup pour oublier le stresse et j'avais acheté des gâteaux à une boulangerie. Une bonne partie de mon salaire y était passé. Le ventre plein et à deux doigts de vomir, j'étais finalement rentrée vers 18H. Dans quelques instants, ils passeraient la porte et serraient de retour.
Mais combien d'entre eux ?
*
- Ils sont arrivés ! Hurla un soldat de la garnison en rentrant avec fracas dans la salle à manger.
Je lâchais le poireau que je pré-coupais. Madame Cornbell et moi nous regardèrent avec frayeur. Elle ne me dit rien et se leva aussitôt, nettoyant ses mains dans son tablier.
- Le devoir m'appelle, dit elle seulement avant de sortir de la salle en se dirigeant vers l'infirmerie.
Effectivement, il y aurait des blessés et elle les soignerait. Pas tous malheureusement.
Moi, je restais assise, incapable de bouger. Le soldat était toujours à la porte et me regardait sans rien dire. Mon coeur battait trop vite. J'avais un terrible pressentiment. Je sentais que quelque chose n'allait pas.
Je me levais légèrement tremblante et m'approchais de la porte. Il faisait lourd pour presque 19H. Le soleil commençait timidement à être moins brillant et je manquais terriblement d'air. Je perdis le souffle quand le sabot du premier cheval qui passait sous la passerelle claqua sur le sol délabré.
Erwin Smith était impeccablement coiffé et il descendit de son destrier. Des hommes arrivèrent tout de suite vers lui et prirent son cheval. Sans un mot, il s'en retourna aux bâtiments d'un pas raide et fatigué. Derrière lui, des larmes de joie sur le point de couler le long de mes joues en la voyant, se trouvait une Hanji délabrée avec les cheveux dans tous les sens. Tout de suite, son regard croisa le miens. Elle me souriait. Puis, les autres soldats rentrèrent dans la cour, avec le bruit des sabots, des hennissements, des gémissements, et celui du silence de la mort les accompagnants.
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Son Monde
Fanfic"Dans un monde des plus banals, dans une ville perdue en France, une jeune femme d'à peine 18 ans se verra vivre des aventures plus qu'incroyables. Un soir où la lune ne montre pas le bout de son nez et où la nuit est sombre, une lumière anormale, d...