Avalon Pendragon - fille de Severus Snape

Chapitre 27 - Agilbert Fontaine

Du haut de la fenêtre de son bureau, un vieil homme observait avec une profonde tristesse son école devenir le terrain de jeu d'une femme tyrannique. Les élèves perdaient peu à peu leur joie de vivre, laissant place aux doutes, à la peur et à la soumission. Beaucoup préféraient, tout comme leurs familles, se persuader que le Seigneur des Ténèbres n'était pas revenu et que le gouvernement de Fudge avait raison de déclarer Harry Potter comme un menteur. Il ne pouvait en vouloir à ses élèves, des adolescents grandissant malheureusement dans un monde en tourmente, sur le point de sombrer, avec un Premier ministre refusant de voir l'évidence et de préparer la défense.

En cette journée pluvieuse, le vieil homme se demandait s'il avait correctement jugé la fille de son vieil espion. Pris par le temps et ne pouvant prendre le risque qu'un quelconque lien soit établi entre le père et la fille, il avait fait détruire tout document les rapprochant. Il n'avait obtenu aucune information au sujet de la jeune femme malgré ses efforts. Albus Dumbledore avait tenté de rétablir un contact avec son vieil ami Agilbert Fontaine, le directeur d'Ilvermorny. Cependant, ce dernier semblait lui en vouloir de ne pas lui avoir prêté main-forte quand il lui en avait demandé avant l'attaque de son école. Albus ne pouvait nier qu'il avait un certain remords, et malgré son âge et son expérience, il lui arrivait encore de regretter certains choix. Il ne savait pas exactement ce qui avait pu se passer, et trop concentré sur Harry, la Coupe des Trois Sorciers et tout le reste, il avait négligé l'appel à l'aide de ses alliés.

Il pensait pouvoir en parler avec la fille de Snape et surtout savoir en un clin d'œil à qui il avait à faire. Mais ce ne fut pas le cas. Elle était sans aucun doute possible la fille de son père : froide, distante, caustique, avec le même regard glacial qui ne laissait entrevoir aucun sentiment. Cependant, elle semblait avoir hérité d'une certaine beauté, notamment par un visage de poupée de porcelaine, avec des yeux d'un bleu magnifique, probablement ceux de sa mère. Lorsqu'il l'avait vue pour la première fois, elle ne semblait pas impressionnée. Intrigué, il avait essayé de s'introduire, peut-être peu élégamment, dans l'esprit de la jeune femme. Cependant, elle semblait avoir hérité de son père plus que son caractère et ses longs cheveux noirs corbeaux. Face à la légilimencie de la jeune femme, il avait préféré ne pas insister afin de ne pas lui faire peur.

Seulement voilà, aujourd'hui, Avalon Pendragon avait disparu. Il ne parvenait pas à savoir s'il devait en faire sa priorité afin de s'assurer qu'elle ne les mettrait pas en danger, ou bien se rassurer de sa disparition, et donc du problème qu'elle constituait à elle seule. En urgence, il avait alors contacté Agilbert Fontaine, et quelle ne fut pas sa surprise quand ce dernier, apprenant la disparition de la jeune femme, lui annonça qu'il serait là dans quelques heures. Le vieil homme se dit que pour autant d'affolement de la part de son homologue, c'était qu'il avait eu raison de voir un danger potentiel en Avalon Pendragon. Il arriverait donc pour la réunion d'urgence de l'Ordre, chez Sirius. La jeune femme étant toujours sous serment magique, le lieu ne devait pas être en danger.

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Ce fut dans une cacophonie générale que les deux directeurs apparurent aux points de rendez-vous. Sirius, Remus, les Weasley, Minerva, Severus et Tonks étaient présents. La présence de ces deux grands sorciers calma instantanément toutes les conversations. Une fois tout le monde assis et Agilbert Fontaine dévisagé, le directeur de Poudlard commença.

-Bonsoir à tous, et merci d'être venus en urgence. Je vais faire un rapide résumé de la situation, notamment pour qu'Agilbert, le directeur d'Ilvermorny, qui connaît donc bien miss Pendragon puisse être au fait de toute l'affaire.

Nous avons donc appris que miss Pendragon était la fille de notre maître des potions, et également espion, Severus Rogue, ici présent. Toute information les reliant a été détruite pour notre sécurité. Mais nous avons malgré tout dû la faire venir afin de contrôler l'effet que pourrait avoir la nouvelle si elle venait à malgré tout s'ébruiter. Elle est restée vivre ici, avec Sirius Black, et a signé un parchemin que voilà.

Nous savons donc que le lieu est sûr, car elle ne peut pas en parler. Malgré tout, elle reste en fuite et constitue un danger pour l'Ordre.

Le directeur Fontaine fut pris d'un fou rire qui étonna et déconcerta tout le monde. -

-Mon pauvre Albus, tu es devenu bien pitoyable. Ne me regarde pas comme ça. Et vous non plus, bande d'idiots. Vous avez imaginé, vue la situation et ce contrat, qu'Avalon était un danger pour vous. Alors soyons bien d'accord sur un point, Albus, est-elle dangereuse ? Sans l'ombre d'un doute possible, oui. Peut-elle tuer ? Oui, et elle l'a déjà fait. Quand ? Pour sauver ses amies et son école. Vous savez, cette attaque qui aurait pu être évitée si vous aviez répondu à mon appel... Alors imaginer Avalon du côté du seigneur des ténèbres, c'est d'une absurdité sans nom. Je peux t'assurer, Albus, qu'Avalon n'est pas et ne sera jamais une mangemort. Bien au contraire. Et si jamais tu as eu l'impression qu'elle ne t'appréciait pas beaucoup, sache qu'elle est parfaitement informée que tu as refusé de nous porter de l'aide. Et cette nuit-là, elle a beaucoup perdu, et d'une certaine façon, elle doit te considérer comme ayant une part de responsabilité.

Vous dites ça, mais alors pourquoi est-elle partie en douce ? demanda rageusement Sirius Black.

Probablement parce qu'elle avait fini sa part du contrat. Il est bien écrit jusqu'à sa majorité, non ? Elle est désormais majeure sur le sol anglais... Peut-être si vous l'aviez appris à la connaître, l'auriez-vous su ?

-Tu ne vas pas nous aider à la trouver ?

-Non, Albus. Le clan des Comanches a dû l'aider à trouver un coin pour être en sécurité de toute façon.

Elle est si proche du clan ?

-Elle fait partie du clan. S'en prendre à elle, c'est s'en prendre à tout le clan.

-Je ne vous crois pas ! lança une McGonagall furieuse.

-Moi non plus, lança Molly ! S'ensuivit une cacophonie, tout le monde donnant son avis, sauf Severus et les deux directeurs.

Agilbert, le regard sévère, se leva, et d'une voix remplie de colère reprit la parole.

-Je vous raconterai bien comment j'ai rencontré Avalon, alors dans un minable orphelinat, battue, traitée de monstre et développant un obscurus! Je vous raconterais bien comment elle a dû rentrer un an plus tôt que les autres enfants à Ilvermorny. Et comment chaque maison la réclamait, face à autant de potentiel. Je pourrai vous raconter comment elle s'est liée d'amitié avec un jeune loup-garou et comment, en à peine un an, elle savait lui faire en secret sa potion tue-loup. Comment elle est devenue Animagus. Comment elle a brillé tout au long de sa scolarité. Je peux aussi vous raconter comment j'ai retrouvé son corps à l'article de la mort, dans un bain de sang, comme seul rempart face à l'attaque de mangemorts sur l'école. Je peux vous raconter mon inquiétude de la voir dans le coma pendant des semaines, et comment, à son réveil, son regard était brisé par la mort de son meilleur ami. Je peux vous raconter beaucoup de choses sur Avalon, cette enfant battue, abandonnée, qui s'est battue pour survivre, et qui a choisi de défendre son école plutôt que de courir après Grey Back pour venger son ami, et comme cette décision a dû lui coûter. Je peux aussi vous dire que je n'aimerais pas être à la place de ce monstre le jour où elle le retrouvera, car il est certain qu'il découvrira ce jour-là un bien plus grand prédateur que lui!

Après un long silence, Agilbert Fontaine sortit intrigué une boule de prophétie de sa poche.

C'est une prophétie concernant justement Avalon. Je pensais pouvoir la lui donner et voir de quoi il s'agissait. Mais il semblerait, monsieur Snape, que la prophétie soit attirée par vous. Votre lien de parenté doit en être la cause. Pouvez-vous... la prendre ?

Grognant pour la forme, mais en réalité fort intrigué et inquiet, Severus prit la boule brumeuse dans ses mains. Contrairement à ce qu'ils s'étaient tous imaginé, aucune voix ne se fit entendre, mais la brume d'argent sortit de la boule et recouvrit entièrement la pièce. Quand la brume s'estompa, tous étaient dans une petite pièce, avec au centre une jeune femme concentrée sur sa potion.

Il s'agit d'Avalon quand elle étudiait encore à Ilvermorny...