Chapitre 35 - T'elle père t'elle fille

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Severus Snape était un homme solitaire, orgueilleux, et doté d'un penchant certain pour le sarcasme. Il se montrait très exigeant envers lui-même et envers le monde qui l'entourait.

Cela expliquait en partie les notes souvent désastreuses de ses élèves, ainsi que le nombre restreint de personnes osant lui demander de l'aide. En effet, il n'était pas rare de voir Severus se moquer ouvertement d'une personne qui lui demandait assistance, surtout en matière de potion. Si beaucoup interprétaient cela comme de la méchanceté gratuite, il n'en était rien, ou du moins, presque.

L'homme avait réussi à se forger une place dans la vie grâce à un travail acharné et continu. Aider les gens n'était pas dans sa nature, car il n'avait reçu aucune aide lui-même. Pourquoi devrait-il aider les autres?

Bien sûr, il arrivait à Severus d'apporter son assistance à certaines personnes, mais pour cela, il fallait remplir certains critères à ses yeux exigeants. Le premier critère était d'être dans les bonnes grâces de l'homme. En effet, il ne lui viendrait pas à l'idée d'aider quelqu'un qu'il n'appréciait pas, et ces occasions étaient rares. Il fallait tout de même noter qu'il venait en aide à des individus qu'il n'appréciait pas régulièrement, grâce à l'influence du directeur Dumbledore, qui dirigeait l'Ordre et l'école Poudlard d'une main de fer dans un gant de velours.

Le deuxième critère, non des moindres, était que la demande soit suffisamment stimulante pour lui. Pourquoi aider quelqu'un qui pourrait résoudre le problème par lui-même?

S'il y avait bien quelque chose (parmi tant d'autres, il est vrai) que Severus Snape n'aimait pas, c'était la fainéantise. En les laissant se débrouiller, il estimait qu'il les aidait davantage à apprendre. Du moins, c'était ainsi que le professeur Snape le concevait.

S'il devait régulièrement concocter des potions, que ce soit pour Poudlard, l'Ordre, ou même les Mangemorts, il était rare que Severus ressente une stimulation particulière lors de la création de potions, à moins qu'il ne s'agisse de ses propres recherches.

C'est pourquoi, lorsque sa fille lui demanda de collaborer avec elle sur ses recherches sur la lycanthropie, il en fut plus que ravi. Pour une fois, on lui demandait de l'aide sur un projet véritablement stimulant, réveillant en lui la curiosité et la soif de savoir.

Avalon lui présenta d'abord de nombreux parchemins de recherches, que Severus nota comme étant particulièrement bien organisés et très bien écrits. Ensuite, elle le conduisit à son laboratoire de potion, et il fut enchanté de découvrir un lieu qu'il n'aurait pas pu mieux aménager lui-même. Propre, baignant dans une douce atmosphère sombre, le laboratoire de potion était d'une taille généreuse, pouvant accueillir facilement trois ou quatre sorciers travaillant simultanément. Les ingrédients étaient rangés dans des bocaux transparents, méticuleusement étiquetés, puis rangés à leur tour dans de grandes armoires en bois sombre dotées de vitres permettant de mieux voir leur contenu.

"Je dois dire que je suis très heureux de constater que tu es une personne organisée et rigoureuse. J'avais peur que tu sois douée en potion mais peu rigoureuse..."

"Je ne vois pas comment une personne peut devenir douée en potion si elle n'est pas rigoureuse. C'est une des qualités qui, à mon sens, est nécessaire non seulement en potion mais dans la vie en général."

"Je ne pourrais pas être plus d'accord avec toi."

"Pour ce qui est de Grey Back... Tu veux le voir ?"

"Avec plaisir."

Avalon emmena alors son père sous terre, dans les geôles qu'elle avait aménagées et sécurisées comme une prison de haut niveau grâce à de nombreux sortilèges et artefacts. S'adaptant à la pénombre, Severus vit apparaître devant lui un couloir avec des grilles de prisons, et Avalon l'emmena devant l'une des cellules. C'était celle de Fenrir Greyback.

L'homme, si tant est qu'il en ait jamais été un, avait perdu de sa splendeur. Recroquevillé dans un coin de la pièce, il se balançait d'avant en arrière en murmurant des paroles inaudibles. Severus put également constater que l'homme disposait d'un seau pour ses excréments et d'un matelas à même le sol. Sur un côté extérieur de la cage, il vit un petit tableau répertoriant toutes les constantes vitales de l'homme. Devant le regard curieux de Severus, sa fille lui expliqua.

"Il a essayé de mettre fin à ses jours... Je tiens donc à vérifier sa bonne santé. Je reçois également une alerte en cas de problème. Et je vérifie qu'il se nourrit bien, il essaie par tous les moyens de mourir. Comme si j'allais le permettre sans mon autorisation..."

Severus n'était nullement contrarié par le comportement de sa fille. Au contraire, une certaine fierté se lisait dans son regard lorsqu'il prit la parole.

"Je te comprends... Très amusant le distributeur d'eau... On dirait un biberon à cage pour les lapins..."

"C'est le cas... J'ai agrandi et acheté chez les Moldus", lui répondit sa fille avec un sourire complice.

Avalon arborait un petit sourire, le même que celui de son père...

Reconnaissant la voix de Severus Snape, Greyback leva la tête et reconnut le supposé maître des potions de Lord Voldemort.

"Severus ! Sauve-moi, pitié!"

"Ah oui, il est vraiment désespéré. Tu ne m'avais pas menti... Et tu as résisté à ne pas le torturer, impressionnant."

"Oui... Je dois vraiment avoir un bon fond", répondit une Avalon narquoise.

Le père et la fille échangèrent un regard complice qui, pour le commun des mortels, aurait pu passer pour un état de folie.

"Pas torturé ? Pas torturé ?! Elle a tué mon loup ! Je ne suis plus rien !"

"Non, en effet, tu n'es plus rien. Et tu sais le plus drôle ? Tu ne manques à personne. Ton existence n'importe à personne, pas même ceux que tu nommes tes troupes."

Bien sûr Severus venait de mentir, mais vue le désespoir qu'il pouvait lire dans les yeux du loup-garou cela en valait mille fois la peine. Combien de fois avait-il vu Greyback dévorer femme et enfants. Combien de fois avait-il entendu les hurlements de douleur et de détresse quand ce dernier violait tout en mordant jusqu'à la mort ses victimes? Aujourd'hui et grâce à sa fille, son cœur se remplissait d'un peu plus de soulagement à l'idée que ce monstre soit hors d'état de nuire. 

-Bien, j'ai une idée pour améliorer la potion... Mais il me manque du sang de Nundu... 

-Je n'en ai pas en ma possession, c'est très rare...

-Oui mais je sais ou en trouver ...

-Ça va nous couter une fortune ... Je peux te donner des poils de Womatou, bien vendu ils devraient nous permettre de nous en procurer...

-Ce serait en effet parfait, quelle chance nous avons que tu puisses en avoir facilement !

-Facilement c'est le terme oui ...

-Un jour tu me montreras à quoi tu ressembles?

-Oui si tu veux, même maintenant, il ne pleut plus ... et il vaut mieux que je me transforme dehors si je ne veux pas faire trop de dégâts au mobilier.

C'est ainsi qu'éclairé aux claires de lune Severus vue sa fille se transformer en un magnifique Womatou. Lever sur ses pates de derrière sa fille devait faire au moins trois mètres de hauteur, et elle se frotta vigoureusement contre le tronc d'un arbre afin de détacher de sa fourrure certains poiles. Émerveillé par le spectacle qui s'offrait à lui, Severus se dit que même s'il se souvenait à peine de la mère d'Avalon, et qu'il ne l'avait jamais aimé, sa fille elle resterait la plus grande réussite de sa vie.

Avalon Pendragon - fille de Severus SnapeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant