Chapitre 2 -L'orphelinat

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Avalon sortit de son rendez-vous avec une démarche droite et la tête haute, dégageant une confiance en soi apparente pour tous ceux qu'elle croisait. Cependant, seuls ceux qui la connaissaient bien auraient pu remarquer ses doigts crispés et ses traits plus tirés et froids qu'à l'accoutumée. Mais il était rare que quelqu'un puisse réellement prétendre la connaître.

En marchant parmi les passants, elle repensait à sa rencontre avec Monsieur Gilbert. Un père, voilà ce que le MACUSA voulait lui annoncer. Elle avait un père. Un homme qui, d'après ce qu'elle avait entendu, n'avait jamais montré le moindre signe d'intérêt pour elle. Pourtant, les décisions du MACUSA étaient autres : elle devrait faire ses bagages et s'installer en Angleterre, dans un pays inconnu, avec un homme qui, malgré le lien de sang, demeurait un parfait inconnu. Tout avait commencé par des tests sanguins effectués après son hospitalisation à la fin de l'année scolaire, et trois mois plus tard, voilà qu'on lui révélait l'existence d'un père de l'autre côté de l'océan Atlantique.

Il ne lui restait plus guère d'attaches en Amérique. Elle avait été déposée à l'orphelinat à l'âge de cinq ans par sa mère moldue qui n'avait jamais reparu depuis.

La seule personne qu'elle considérait comme une figure fraternelle était son ami de longue date, Nashoba. Sorcier issu d'une tribu amérindienne, ils s'étaient rencontrés durant leur première année à l'école de sorcellerie et ne s'étaient jamais quittés, du moins jusqu'à la mort tragique de Nashoba quelques semaines plus tôt.

L'école de sorcellerie, malgré ses puissants sorts de protection, avait été vulnérable à l'attaque qu'elle avait subie en fin d'année. Les pertes furent lourdes : trois professeurs décédés, douze élèves et une vingtaine de blessés. C'est ainsi que Nashoba avait rejoint la terre de ses ancêtres, et qu'Avalon avait été transférée en urgence à l'infirmerie.

Arrivée devant l'orphelinat, où elle avait passé onze années de sa vie, elle se rappela sa petite chambre. Dans cet orphelinat austère, la tristesse imprégnait chaque recoin. Les murs délavés portaient les marques du temps et des histoires douloureuses. Un silence pesant régnait dans les couloirs dépourvus de vie, seulement troublé parfois par le grincement lointain d'une porte ou le souffle du vent à travers les fenêtres ébréchées.

Au sommet de l'orphelinat, un escalier craquelé menait à un grenier aménagé, la chambre de oubliée. Là-haut, une pièce délabrée accueillait un maigre matelas à même le sol. Des couvertures élimées tentaient en vain d'apporter un peu de confort à cet espace austère.

La lumière filtrée à travers les interstices des tuiles cassées laissait entrevoir un amas de poussière qui dansait dans l'air, donnant à la pièce un aspect fantomatique. Les poutres grinçantes semblaient conserver les échos des pleurs passés, témoins silencieux des douleurs enfouies.

Un vieux coffre défraîchi, plein de souvenirs oubliés, trônait près du matelas. Des jouets cassés et des livres usés gisaient çà et là, vestiges muets des rêves perdus d'une enfant délaissés.

C'était un endroit où la solitude régnait en maître, où les rêves semblaient s'être enfuis depuis longtemps. Ce grenier transformé en chambre symbolisait la tristesse et l'abandon, un témoignage silencieux de vies brisées et d'innocences perdues dans un monde cruel. 

Jusqu'à son admission à Ilvermorny, elle avait logé dans le grenier. Après son entrée à l'école de magie, la directrice lui avait octroyé une remise dans le jardin, un endroit tout aussi austère mais lui permettant de s'éloigner de l'ambiance froide de l'orphelinat, ou elle n'avait plus le droit de rentrer, les repas lui étant déposés devant sa porte.

Madame Pitchette, la directrice, était une femme rigide et distante, une cracmol remplit de rancœur et de jalousie. Seuls quelques rares enfants parvenaient à obtenir son affection. Avalon, enfant différente des autres, avait souvent été persécutée par les autres pensionnaires pendant son enfance sous les encouragements de madame Pitchette.

Ne revenant que pour les vacances d'été, elle s'arrangeait toujours pour éviter les rencontres et avait sécurisé sa remise avec des sorts de protection grâce à un ami sorcier majeur. La remise à jardin, divisée en trois petites pièces distinctes, offrait un refuge intime et singulier. La première pièce, utilisée comme chambre, était empreinte d'une ambiance rustique et mystique. Un matelas simple reposait humblement sur le sol, entouré par des étagères croulant sous le poids de livres anciens aux couvertures poussiéreuses.

Un tapis vert sapin, déployé avec soin, recouvrait les dalles grises du sol, ajoutant une touche de chaleur à l'atmosphère austère. Les draps et les coussins du lit semblaient raconter des histoires du passé, usés par le temps mais témoins de nuits de méditation et de recherche.

Une vieille fenêtre en bois, vieillie par les intempéries, laissait pénétrer une douce lumière dans la pièce, créant un éclairage tamisé. Des malles empilées, soigneusement organisées, servaient de tables de chevet, chacune ornée de quelques objets personnels. Une imposante armoire en bois massif renfermait soigneusement ses vêtements et accessoires.

À travers une porte dérobée, le laboratoire de potions se déployait dans la seconde pièce. Des étagères méticuleusement alignées supportaient une variété de flacons en verre, des ingrédients séchés, et des livres de formules et de concoctions. L'air était imprégné d'arômes herbacés et épicés, révélant la nature de ce sanctuaire de création.

Malgré son caractère rudimentaire, la salle était équipée pour la confection de potions, et seuls les visiteurs de passage auraient remarqué la rareté de certains ingrédients. Cependant, personne n'avait franchi le seuil, à l'exception d'Avalon. Elle y créait des potions qu'elle vendait à ses camarades ou à d'autres passionnés sur le marché noir. L'argent ainsi gagné lui permettait d'améliorer son équipement et, au fil du temps, de transformer sa remise en un véritable laboratoire. Une partie de ces gains était réservée à son rêve : ouvrir un jour sa propre boutique. 

Une autre partie était consacrée à ses passions : la lecture et la mode. Si la première semblait plus évidente car correspondant à l'image que les autres avaient d'elle – une personne distante, froide et studieuse – la seconde surprenait voire amusait la plupart des gens. Cependant, Avalon avait vite compris que sa façon de s'habiller influençait la perception et le comportement des gens à son égard. Sa garde-robe se composait de belles robes en soie, de pantalons, de chaussures plates ou à talons, de chapeaux et de nombreux accessoires. Malgré tout, le noir, le vert sombre et le rouge bordeaux dominaient ses tenues.

Une minuscule salle de bain, la troisième pièce, simple mais fonctionnelle, abritait un lavabo rudimentaire et une petite douche. Les murs étaient ornés de plantes séchées et de symboles ésotériques, ajoutant une atmosphère magique même à cet espace utilitaire.

Cette remise à jardin, divisée en trois espaces bien distincts, représentait un havre de solitude et de créativité, où la magie côtoyait le quotidien dans un équilibre harmonieux.

Avalon fit rapidement ses bagages, lança des sorts d'allègement et prit soin de ne rien laisser derrière elle. De ses onze dernières années, il ne restait plus que trois petites pièces froides et grises.

Avalon Pendragon - fille de Severus SnapeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant