irritated

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Alors qu'il est endormi, je l'observe attentivement. Je ne lui trouve aucun défaut, je n'y arrive pas, il se rapproche tellement de la perfection, et ça me frustre. Je l'aime, ou bien je le hais, je ne sais même plus.

Être confus m'énerve encore plus que je ne le suis déjà, depuis quelques temps déjà.

J'étouffe dans cette chambre, je suffoque, les images torrides de la nuit dernière me reviennent en tête et je souris mais dans le même temps je soupire, j'ai besoin de sortir de cette putain de chambre. Faut que je prenne l'air.

Il est à peine cinq heures du matin mais je me rends quand même à notre sous-sol, notre salle de sport personnelle. J'enlève mon tee-shirt en coton trempé de sueur mais garde mon short Adidas en me dirigeant vers le sac de frappe déjà bien usé par le temps, j'inspire profondément avant d'enchaîner les coups contre le sac à mains nues. Je commence par un enchaînement régulier et lent; gauche, droite, gauche, gauche, droite, gauche, droite, droite, gauche... Mais rapidement mes actions se font plus rapides et plus brouillons, je ne cherche qu'une seule chose, me défouler, je ne peux pas hurler, alors je frappe comme un demeuré contre ce pauvre sac.

J'ai l'impression d'être oppressé constamment, d'être montré du doigt tout les jours mais je me sens en même temps si invisible, si insignifiant aux yeux de tous, et je n'arrive même plus à penser correctement.

J'ai froid, je tremble mais je brûle de l'intérieur, je sens la vie me consumer lentement et douloureusement.

Je sanglote mais ne m'arrête pas, je ne contrôle même plus mes mouvements, je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici et je n'en ai en vérité rien à faire, je veux être seul, mais j'ai aussi l'envie exacerbée d'être entouré, d'être soutenu.

J'aurais surtout besoin d'arrêter d'avoir constamment des pensées contradictoires, ça m'aiderait peut-être à ne pas devenir fou.

Une main sur mon épaule me fait à peine réagir, une voix criant mon nom m'interpelle à peine, mais les mains sur mon ventre qui me tire vers l'arrière me donnent l'envie d'hurler, je donne des coups à l'aveuglette, me débats dans ces bras musclés, cris à qui veut l'entendre de me relâcher, que je puisse rester avec mon ami le sac de frappe. On pourrait me croire fou et ce ne serait sûrement pas faux.

Les minutes passent, je me calme lentement, j'entends le sang pulser dans mes tempes, je sens mon cœur battre plus vite qu'un cheval lancé au galop sur une plaine, je comprends que je commence à reprendre une respiration normale quand j'entends celle d'Harry parfaitement calée à la mienne.

- Je suis là... Il murmure à mon oreille en desserrant sa prise mais ne me lâchant toujours pas.

Je me retourne et plonge ma tête dans son cou.

- Désolé... Je sanglote honteux qu'il m'ait vu dans un état si peu glorieux.

- Sois pas désolé Lou, t'as rien à te reprocher, tout le monde à besoin de crier parfois.

Je ne lui réponds pas et resserre mes bras autour de son cou, le tenant comme si là, tout de suite, ma vie en dépendait, peut-être pas à cette ampleur-là, mais ma santé mentale, elle, oui.

Il prit mon menton en coupe et encra son regard vert forêt dans mes yeux bleus océan.

- Avant toute chose, on va aller te soigner.

J'acquiesce toujours dans ses bras, et le suis jusque la salle de bain. Je fronce les sourcils en me demandant ce qu'Harry veut soigner, mais une douleur vive me ramène à la réalité, mes mains sont en sang.

Assis sur la baignoire, j'attends que l'instant "Harry infirmier" s'arrête, l'adrénaline commence à redescendre, la douleur se fait de plus en plus ressentir, et le désinfectant me fait pousser plusieurs petits râlements rauques.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé Lou? Il parle doucement en finissant de bander ma main droite.

- Je suis pas bien en ce moment Harry, je suis énervé contre tout le monde, le monde entier même, même toi... ! Je ressens le plein et le vide en moi, je veux tout et rien en même temps, je veux être seul mais en même temps entouré de tout le monde, je sais plus ce que je veux Harry, et c'est cruellement frustrant de ressentir ça.

- Je pense comprendre... On a tous des périodes comme ça Louis, on les traverse tous difficilement, mais on y arrive. Ne te retiens jamais d'exprimer ce que tu ressens pour pouvoir te sentir mieux, même si je préférerais que tu ne finisses pas à chaque fois en sang par contre, il me sourit d'une manière bienveillante.

- Je sais... Je soupire encore gêné.

- Pourquoi tu étais énervé ce matin? J'ai fais quelque chos-

- Non! Je ne le laisse pas terminer sa phrase. Je- c'est juste moi ok? C'est juste qu'en te regardant, je ressentais tellement de choses, bordel Styles, tu sais pas à quel point c'est rageant de t'avoir comme petit ami, t'es le cliché parfait du petit ami parfait et en plus avec une énorme modestie pour combler le truc. J'étais pas énervé contre toi, j'étais énervé contre moi-même d'avoir osé être jaloux de toi et de t'avoir fais mentalement la reproche que tu étais bien trop parfait.

Il ne répondit rien, par manque de réponses, et je ne peux pas lui en vouloir, il ne pouvait pas savoir quoi répondre face à mes mots.

Alors, toujours sans un mot, nous sommes allés nous recoucher, dans les bras l'un de l'autre, nous protégeant mutuellement du monde extérieur, à deux nous sommes invincibles après tout.

𝒐𝒔 𝒍𝒂𝒓𝒓𝒚 𝒔𝒕𝒚𝒍𝒊𝒏𝒔𝒐𝒏Où les histoires vivent. Découvrez maintenant