TWENTY-SIX |2| - ALEXITHYMIE

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Martin Luther écrivit les 95 thèses qui plus tard divisèrent le monde catholique. Moi j'avais 95 bonnes raisons de quitter Hyunah, ou enfin de lui dire la vérité. Mais entre les siècles séparant notre existence autre chose vint s'ajouter à la liste : le courage. L'un de nous l'eût, l'autre le cherchais encore désespérément.

La réponse est simple. Il vous suffit de me voir. De m'imaginer dans vos songes. Moi apeuré face à une vitrine saccagé, démoli par une haine sans faille. La main de Hyunah qui me quitte pour venir se porter à sa bouche. La peur dans ses yeux. Elle à éviter le pire et ma belle l'apprit de la pire des manières. Violente sans avertissement. On venait de détruire un bout de son monde pourtant si calme.
Dorénavant ce n'était pas le néon en rouge et bleu qui clignotais sur nos visages mais bel et bien les gyrophares rotatifs qui illuminait la petite rue pourtant si paisible.
Alors que j'essaye de rattraper la main de Hyunah qui s'éloigne de moi, une force surnaturelle me fait barrage. Je dois rester dans l'ombre, loin des regards curieux du voisinage, de certains journalistes locaux venus faire des reportages sur un tragique accident : Un commerçant agressée dans son épicerie de quartier. Voilà les gros titres qui feront la une des journaux demain à la première heure. Est-ce égoïste de ma part préféré voir ses lettres sur le papier plus tôt que cela : "Jeune femme de 24 ans agressée pendant des heures de boulot".
Car oui ça aurait pu être Hyunah. Ça aurait pu être ma brune qui aurait fait face à ces criminels. D'après les commentaires qui me parvenait aux oreilles on dit que ce sont trois hommes lourdement armés qui sont rentrés dans l'épicerie et qui après avoir vidé le tiroir-caisse, saccagé l'épicerie ont agressé le patron. D'autres plus sage et professionnel parle d'un homme seule, un peu éméché, qui a juste menacé le petit senior et a mis le bordel et est parti. Impossible pour l'instant de savoir le vrai ou le faux mais mes yeux ne quitte pas la silhouette de Hyunah qui s'approche presque au ralenti du périmètre de sécurité signalé par des rubans jaunes. " Police de Séoul " marqué de noir.

Si j'avais su que c'est ce qui nous attendait en nous réveillant ce matin, j'aurais laissé ma photographe dans son nid de coton. Je n'aurai pas eu l'envie enfin j'aurais lutté contre l'idée de passer mes doigts dans ses cheveux pour caresser sa joue. Elle ne m'aurait pas souris avec la marque de l'oreiller encore feutré sur son visage bouffie. Amoureux mais prévenant je lui aurais pas rendue ce si doux sourire. Et peut-être qu'elle n'aurait pas pris place sur mes cuisses en quelques mouvements. Mes mains n'auront point laissé des traces brûlantes sur son dos. Jamais nous n'aurions passé de longues minutes à se regarder dans le blanc des yeux sans pour autant jamais scellée notre lèvres ensemble.
Elle et moi nous étions toujours dans cette phase étrange du vouloir aller plus loin mais d'avoir peur du chemin. C'était encore un peu pudique. Et comme elle l'avais si bien dit. Hyunah et moi nous fessions tout à l'envers. Certes nous nous sommes déjà embrasser, passionnément, amoureusement, chastement mais tous ces baisers porté le poids d'un mot ou d'un sentiment. Ils étaient spéciaux. Lourd de sens pour chacun de nous.
Mais à cet instant, dissimuler sous mon manteau et masque loin de l'agitation je me hais de ne pas réussir à approcher Hyunah. De la serré dans mes bras, embrasser ne serait-ce que sa tempe et lui dire que tout se passera bien. Mais mes pieds refusent de bouger. Je me sens fautif du dégât qui colore sa vie.
Tamisé dans l'ombre je la vois qui disparaît dans la foule et mon cœur se serre. Notre matinée c'était si bien passé. Pour la première fois en 25ans d'existence j'ai partagé avec mon âme sœur un petit déjeuner certes silencieux mais agréable. Puis d'un accord commun nous avion passer le début de l'après-midi dans mon jardin familiale miteux à se raconter des histoires. Prenait notes que j'avais joliment esquivé toutes allusions sur notre enfance ayant peur de mettre les deux pieds dans le plat. Moins je parlerai du passé moins j'avais de chance que celui-ci me passe la corde au cou et signe ma sentence.

Remember Me - Kim TaehyungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant