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Louis me prit la main et Jade nous emmena dans la pièce d'à côté. C'était la chambre de Matias. Je n'étais jamais venue là. Trina était assise en tailleur à côté de Matias. Ce dernier était allongé sur le lit. Il avait un bandage tout autour de son bras droit. Quand nous entrâmes, ils se tournèrent vers nous. Trina parla la première :

- Je vais vous laissez

- Merci, chuchotai-je.

Elle sortit, suivie de Jade. Je me tournai vers Matias. Je ne savais pas quoi faire et j'avais peur de m'avancer.

- T'inquiète j'ai compris. Je n'essaierai plus de te tuer.

Il ne voulait pas que je m'inquiète ? (!) Alors qu'une heure plus tôt sa seul préoccupation était de me tuer ? Je ne cillai pas de peur de fondre de nouveau en larme. Face à mon absence de réaction, il continua :

- Je... j'étais jaloux. J'étais jaloux parce que Louis venait de trouver la personne que j'ai perdu il y a quelques temps. Il m'a dit que si tu mourrais il se tuerait lui aussi. (La peur traversa mes yeux. Encore !) Ça m'a fait comprendre que je voulais détruire le bonheur de la personne qui compte le plus à mes yeux. Je suis tellement désolé, je m'en veux énormément d'avoir pu penser dans ce sens là. Ça veut pas dire que j'approuve ta venue dans notre meute mais je ne t'en empêcherai plus. S'il te plait pardonne moi.

Louis était resté de marbre devant la porte. Je me rapprochai du lit presque à contre-cœur. Je fis attention à bien laisser deux bons mètres entre nous.

- Je te promet que j'essaierai. Mais là je n'arrive pas à te faire confiance. J'ai... j'ai peur de toi, avouai-je.

Devant cet aveu, son regard se voila.

- Je suis désolé, répéta-t-il.

Je sortis de la pièce et pris Louis dans mes bras dans le couloir. Il me souleva du sol et j'entourai sa taille de mes jambes, la tête posée sur son épaule. Il me porta jusqu'à son lit où je m'endormiss sans grandes difficultés dans ses bras. Ce fut une nuit sans rêve. Pour une fois... Cela voulait-il dire que mon avenir n'était pas encore tracé ? Je n'en savais rien mais je m'en fichait. Le danger était passé.

Lorsque je me suis réveillée j'étais seule. Le réveil sur la table de nuit indiquait 13:27. Je me suis levée en vitesse. Je n'avais jamais dormi aussi longtemps. Lorsque je fus debout je remarquai que je portais un T-shirt de garçons. Louis m'avait-il changé ?! Je préférais ne pas trop y penser. De toute façon j'avais encore mes sous-vêtements et il était mon petit ami.

Mais quand même ! chuchota une petite voix dans ma tête.

Je n'avais jamais aimé montrer mon corps aux autres. Même lorsqu'il fallait se changer en cours de sport dans les vestiaires communs. Je redoutais le moment où on en arriverait à se déshabiller avec Louis. Il faudrait que je lui en parle.

Bref, je trouvai mes vêtements pliés sur le bureau. Je les enfilai mais pris soin de glisser son T-shirt dans le sac à dos que j'avais apporté.

Je montai à la cuisine pour trouver cinq loups se battre pour une tranche de rosbif - enfin, pas des loups, mais des loups-garous sous forme humaine. Je m'assis sur la dernière chaise et regardai Jade, Louis, Eléna, Trina et Matias se disputer. Louis laissa les autres se battre et me dit de venir s'asseoir sur ses genoux. Je me levai aussi difficilement que si je pesais une tonne et me lassai tomber sur ses genoux. Sa chaleur me rappelait ma couette... Son torse était aussi confortable que mon oreiller...

Non Becky ! Tu ne dois pas dormir !

- Pourquoi tu t'es levée ? On dirait que tu vas t'effondrer.

Je plantai un bisou sur sa joue et lui fit un sourire. Il rit.

- En fait tu es bien mieux ici, plaisanta-t-il.

Mes yeux fixaient Matias. Il riait et se servait de ses deux bras. On aurait dit que rien ne s'était passé durant la nuit. Il tourna la tête et croisa mon regard. Je baissai les yeux rapidement sur l'assiette vide de Louis, devenue soudain très intéressante. J'eus le temps de voir une pointe de culpabilité dans ses yeux. Je regardai Louis. Il observait Matias en souriant l'air compatissant sur le visage.

Leur relation n'avait donc pas été détruite à cause de moi. C'était déjà ça. Je m'en voulais déjà d'avoir été la cause de tout ça. Je n'avait pas besoin en plus de voir Louis et Matias en froid. Jade et Eléna se disputaient toujours. Trina semblait absorbée par sa contemplation de Matias. Je pris la parole pour la première fois de la journée :

- Trina ? Je peux te parler une seconde ?

- Oui bien sûr.

Louis me regarda l'air interrogatif. Je deposai un baiser sur ses lèvres et lui souris. Trina se leva, je la suivis en trainant des pieds. On s'installa sur le lit qu'occupait Trina et Eléna dans la chambre d'ami.

- Un problème ?

- Euh... je sais pas par où commencer...

- Par le début ? proposa-t-elle.

- Bon désolée d'être aussi direct mais... Es-tu amoureuse de Matias ? "

Un sourire se dessina sur ses lèvres et ses joues rougirent.

- Ça se voit tant que ça ? s'inquièta-t-elle.

- Un peu oui... Il le sais ?

- Non... sauf s'il a deviné ?

- Il y a des chances. Pourquoi tu ne va pas lui dire ? m'étonnai-je.

- Il... Il aime la fille qu'il a tué...

Je l'avais presque oublié. Je ne comprend qu'il ait pu aimer autant une personne qui ne comprend qu'il puisse être différent. Très différent.

- Ah oui, c'est vrai.

- Des fois je me dis que ça ne me dérangerait pas tant que ça d'être un... "lot de consolation". De combler une partie du vide en lui. Du moment que j'ai le droit à une partie de son amour ça me suffit. Mais je me dis que ça risquerait aussi de me faire souffrir.

- Est-ce que tu souffres en ce moment ?

- Oui, admit-elle.

- Alors tu ne perds rien à essayer.

- Peut-être. Je vais essayer. Tu as de la chance avec Louis. Vous êtes vraiment mignons tous les deux.

- Merci.

D'habitude je me fiche de ce que peuvent penser les autres mais j'avoue que ça fait du bien d'entendre des compliments.

On retourna à la cuisine. Gabriel et Olivia étaient rentrés. Ils avaient dû aller courir. Louis s'approcha de moi.

- Ça va ? Il y avait un problème ?

- Non, ne t'inquiète pas je vais bien, le rassurai-je.

Je jetai un coup d'œil à Trina. Elle chuchotait quelque chose à l'oreille de Matias. Il souria et hocha la tête. Il se leva et ils partirent courir. J'eus juste le temps de les apercevoir se transformer par la fenêtre. La vue du loup roux me fit frissonner.
- Ça te dit d'aller faire un tour ?

Je tournai la tête vers Louis.

- Oui. Pourquoi pas, acceptai-je.

LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant