Je marchai tranquillement jusqu'à lui. Malgré mes pas silencieux, je savais qu'il m'entendait. Néanmoins il ne bougea pas. Je m'allongeai à ses côtés, la tête sur son torse. Son bras se referma sur ma taille.
- Tu te débrouille très bien, dit-il en tournant la tête vers moi.
Mon regard plongea dans le sien. Ses yeux, noir par la faible lumière de la lune, brillaient. Je ne savais pas quel était le sentiment qu'ils traduisaient. De la fierté ? De l'amour ? Du bonheur ? Peut-être même les trois ? Dans tous les cas cela me convenait. Il était heureux et moi aussi. Pendant quelques instants j'oubliai tout ce qui m'entourait. La transformation, mon espèce, mon entourage humain, mon rêve... J'oubliai tout et me perdis dans les yeux de mon loup préféré.
- Ça ne fait que commencer, murmurai-je finalement.
- Oui...
Il détourna les yeux et les plongea dans le ciel. Je l'imitai. Ce soir-là le ciel était complètement dégagé. Ce qui nous permettait de voir les étoiles. Quand je voyais les étoiles je me sentais petite, faible et insignifiante. Je me demandais aussi jusqu'où s'étendait l'univers ? Y avait-il une limite ? Et après cette limite il y aurait quoi ? Tant de questions qui n'auront probablement jamais de réponse.
- A quoi penses-tu ?, demanda Louis.
- A l'univers et aux milliers de questions sans réponse. Et toi ?
- Pareil...
Je souris. Nous étions pareil lui et moi. J'aurais tellement voulu être un loup garou normal. Tout aurait été plus simple. Si jamais je n'allais pas en Inde il faudrait que je trouve un autre moyen d'obtenir des réponses. Le livre de Gabriel n'émettait pas assez de détails mais peut-être existait-il un autre livre. Mais là encore comment être sûr qu'il ne s'agirait pas d'un livre plein de mythes et de légendes. Les films et les romans de science-fiction avait dû inventer des tas de choses de telle façon qu'il serait maintenant impossible de démêler le vrai du faux. De même sur internet.
Sans que je m'en rende compte mes yeux s'étaient fermés tout seuls. Je les rouvris pour ne pas m'endormir.
- Louis ?
- Oui ?
- Je devrais rentrer sinon je vais m'endormir ici.
- Pas grave. Je te reveillerai à l'aube pour que tu rentres avant que tes parents ne se lèvent.
- Oui mais si ma mère décide de véri-
- Stop ! Tu t'inquiète trop. Ta mère ne vérifira pas. Maintenant tu peux dormir ici.
Sa deuxième main se posa sur mon bras et son pouce traça des cercles. Le contact de sa main chaude sur ma peau m'envoya des frissons. Il déposa un baiser sur mon front et chuchota :
- Je t'aime.
Je sombrai dans mon sommeil avant d'avoir pu lui répondre.
Je marchais en forêt. Le silence était pesant et la chaleur écrasante. Un espace dans les arbres me permirent d'apercevoir le haut de la colline.
- ...aide...
Une voix avait retenti au loin. Mes sens immédiatement mis en éveil m'indiquaient que la voix venait du nord. Sans que j'eus besoin de réfléchir plus d'un huitième de seconde mes jambes me portèrent dans cette direction. Plus je courais plus j'entendais la voix nettement.
- À l'aide !
Le son de cette voix m'était vaguement familier.Je me réveillai en sueur, la sensation de chaleur toujours présente. Je retirai doucement ma couette en essayant de reprendre mon souffle. Euh... Ma couette ? Je m'étais pas endormie à la belle étoile, moi ? Louis à mes côtés s'assis et me caressa le dos de haut en bas.
- Ça va ? chuchota-t-il.
- Ouais..., répondis-je sur le même ton. M'as-tu ramenée dans ma chambre hier soir ?
- Non, ce matin.
La lumière entrait dans la pièce à travers les vieux volets entrouverts. Je me retournai et embrassai Louis. Je m'écartai lentement, appuyant mon front au sien.
- Bonjour, murmura-t-il.
Je souris.
- Bonjour...
Il me rendit mon baiser et je me levai.
- Je vais prendre ma douche.
- Ok. Je vais rentrer, moi. Je reviens dans environ deux heures.
- D'accord.
Il se leva à son tour, m'embrassa à nouveau et disparu par la fenêtre. Il ouvrit par la même occasion les volets qui laissèrent entrer la lumière du matin. Par réflexe, mes yeux, habitués à l'obscurité, se plissèrent. Je récupérai des vêtements et m'éclipsai dans la salle de bain.
Une heure après j'étais habillée, propre et j'avais mangé. Voyant que j'avais encore du temps, j'appelai Lisa.
- Allô ?
- Salut Lisa ! C'est Becky !
- Hey ! Ça va ?
- Moi ça va et toi ?
- Très bien. Tu devrais appeler Juline. Elle meurt d'envie de te parler depuis deux semaines.
- Oui je sais. Elle est passé hier soir. Elle s'est excusée et tout.
- Tu lui en veux plus j'espère ?
Sa voix trahissait son inquiétude.
- Non ne t'inquiète pas.
- Bien, je suis contente que ça aille mieux parce que me retrouver entre vous c'est pas génial.
- Je te comprends, ris-je.
- Je peux passer chez toi ?
- Eh bien Louis vient dans trois quarts d'heure donc c'est toi qui vois.
- Bouge pas j'arrive.
Elle raccrocha. Quelques minutes à peine plus tard elle était devant ma porte. C'était l'avantage de vivre dans un petit village. Elle me serra dans ses bras.
- Tu m'as manqué. On commençait à s'inquiéter. On croyait que tu reviendrais plus.
On se sépara.
- Que veux-tu qu'il me soit arrivé ? dis-je en commençant à monter les escaliers, Lisa sur mes talons.
- Je sais pas. Tu aurais pu te faire attaquer par un ours. Je suis sûre qu'il y en a encore dans les forêts là-bas. Ou même un loup.
Je manquai de louper une marche et de m'écraser contre le sol.
- U-un loup ? Je croyais qu'il n'y en avait plus en France.
- Eh bien, mon père en a vu un il n'y a pas si longtemps. C'était à même pas trente minutes d'ici. D'ailleurs c'est pour ça que je ne vais plus dans les bois. Tu devrais sûrement faire pareil.
- Ou-ouais.
Nous étions maintenant dans ma chambre, assise sur mon lit. Elle me racontait ce qui c'était passé au lycée en mon absence. Je l'écoutais d'une oreille distraite.
Son père avait vu un loup ? A trente minutes d'ici ? Et si c'était l'un de nous ? Enfin pas moi sinon il aurait eu une attaque. On ne voit pas un loup de deux mètres tous les jours.
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Loups
FantasyQuincay : 500 habitants. Parmi tout ce petit monde, Becky est tombée sur LA personne qui changera sa vie. Au milieu de secrets elle parviendra cependant à trouver son bonheur. Couverture : PandaRoux_54