Loups

18

Quelques heures plus tard tout le monde était rentré et assis sur les fauteuils du salon, autour de la petite table blanche. Trina avait la main dans celle de Matias et des sourires immenses étaient plaqués sur leurs visages.

Jade parlait tellement vite que je ne comprenais ce qu'elle racontait mais Olivia semblait suivre. Gabriel observait sa femme avec admiration et amour. Louis parlait de la technique de je ne sais quoi avec Eléna. Et moi ? Eh bien j'observais tout le monde. Et en particulier mon petit ami. Mon magnifique petit ami. Ainsi que ses yeux noirs et sans fond, sa mâchoire bien dessinée. Mes yeux continuèrent leur inspection. Son tee-shirt ajusté laissait deviner la forme de ses muscles parfaits.

- Becky ?

La voix de Louis me fit sortir de mes pensées. Je rougis. Il semblait attendre quelque chose. Mais, trop absorbée dans ma contemplation, je n'avais pas écouté ce qu'il disait et par conséquent je ne savais pas ce qu'il voulait.

- Tu voulais ? lui demandai-je.

- Je te ramène chez toi ?

- Euh... oui.

Remarquant mon malaise, il rit.

- On y va alors.

- Okay.

Je me levai et me dirigeai vers la sortie. Puis la voix de Jade me parvint :

- Tu n'étais pas censée dormir chez moi ?

Je me retournai. Elle avait un sourcil surélevé qui marquait son interrogation. Il est vrai que je n'y avais pas pensé mais si ma mère me voyait avec Louis, je ne sais pas comment elle réagirait. Elle s'inventerait des films et finirait par deviner que j'avais dormi chez Louis et que je lui avait menti. Enfin je n'avais pas vraiment menti puisque Louis et Jade habitent ensemble. Donc techniquement je n'ai pas menti. Mais je ne sais pas si elle me laisserait lui expliquer ça. Elle m'enverrait sûrement dans ma chambre sans vouloir entendre aucune excuse.

- Si. Tu voudrais pas me ramener ?

- J'arrive, sourit-elle.

Nous sortîmes tous les trois de la grande maison et commençâmes à traverser les bois. Avant d'arriver à la lisière de la forêt Louis s'arrêta.

- Je vais vous laisser là pour pas que tes parents me voient, s'expliqua-t-il.

Je lâchai sa main que j'avais pris juste avant de partir et déposai mes lèvres sur les siennes.

- Je t'aime, chuchota-t-il en se retirant.

Je frissonnai. Des milliers de papillons volèrent dans mon estomac. C'était la première fois qu'il le disait. Mon sourire s'agrandit encore. Je ne lui répondis pas. Je n'étais pas sûre d'en être capable. Il ne sembla pas s'en soucier puisqu'il répondit à mon sourire.

Il reposa rapidement un baiser sur mes lèvres.

- À demain.

Sans me laisser le temps de réagir, il disparu à travers les arbres.
- Bon on y va ou on dort sur place ?

Je me retournai en sursautant. Jade se tenait à demi tournée vers moi et à demi tournée vers la suite du chemin. Je me demandai si elle avait observé toute la scène. Je rougis rien qu'en y pensant.

- On y va, comfirmai-je

※※※※※※※※※※※※

Je marchais en forêt. Mes pas étaient très silencieux. Trop silencieux. Comme ceux de Louis ou Jade. J'entendais chaque bruit autour de moi. Le calme habituel de la forêt était dérangé par tous les insectes et autres animaux.
- ...aide...
Une voix avait retenti au loin. Mes sens immédiatement mis en éveil m'indiquaient que la voix venait du nord. Sans que j'eus besoin de réfléchir plus d'un huitième de seconde mes jambes me portèrent dans cette direction. Plus je courais plus j'entendais la voix nettement.
- À l'aide !
Il me semblait connaître cette voix mais à qui appartenait-elle ?

La lumière était allumée. Ou plutôt était-ce le soleil qui traversait ma fenêtre ouverte ? Je devais me lever mais je ne bougeai pas trop paralysée par le souvenir mon rêve. À l'aide ! La voix résonnait dans ma tête. Qui était-ce ? Louis ? Non, probablement une voix de fille plutôt. Jade ? Trina ? Eléna ? Olivia ? Ou même peut-être Lisa ou Juline ? Des images de mes amies passaient dans ma tête sans que je ne puisse en associer aucune à la voix que j'avais entendu. J'avais pourtant la certitude de connaître sa propriétaire.

D'ailleurs comment l'avais-je entendu ? La voix semblait beaucoup trop loin pour qu'un simple humain l'entende. Et les insectes ? Pourquoi entendai-je des insectes ? Jamais je ne les entendais d'habitude. Peut-être étais-je un loup garou. Ça expliquerait pourquoi je courais aussi vite.

- Becky ?

Ma mère venait de passer la tête par la porte de ma chambre.

- Oui ?

- Tu es en retard. Tu dois partir dans un quart d'heure.

- Oh !

Toujours choquée, c'était seulement ce dont j'étais capable de dire. Ma mère soupira et sorti en lançant un "dépêche toi !" désespéré. Je me levai difficilement de mon lit. M'habillant, je rangeai mes affaires de cours dans mon sac. Je descendis dans la cuisine prête pour partir. J'attrapa un morceau de brioche et quittai la maison. Louis m'attendais souriant à la sortie des bois. Il me rejoint rapidement sans que je n'eus le temps de le voir bouger. Nous commençâmes à marcher.

Après avoir échangé nos salutations, je lui racontai mon rêve de ce matin. Il fronça des sourcils sans m'interrompre. Quand j'eus fini il réfléchit quelques secondes avant de dire :

- Je pense que tu était loup. Et si c'est vraiment le cas alors ce n'est pas pour tout de suite. Je pense qu'il vaut mieux que l'on fasse comme si de rien n'était pour l'instant puis on verra quand tu seras loup.

- Mais imagine que quelqu'un soit en danger.

- Si quelqu'un est en danger tu ne pourras apparemment rien tant que tu ne seras pas un loup garou.

- Alors transformez-moi vite.

- Non on ne peut pas faire ça. Tant que nous n'avons pas décidé quand tu deviendras loup exactement nous ne savons pas quand ceci est censé de passer.

- Oh. Je vois.

- Je propose qu'on en parle pas aux autres pour que ça n'influence pas leur jugement quant à la date de ta transformation. Comme toi tu l'as fait quand tu as rêvé que nous jouions aux cartes quand Matias devait arriver.

- Ouais je comprends.

Nous arrivâmes au lycée. Nous nous séparâmes et j'allai retrouver mes deux amies.

- Bon quand est-ce que vous allez décider de vous mettre en couple vous deux ? me demanda Lisa quand j'arrivai près d'elle.

Je souris malicieusement.

- Mais on est en couple.

Juline qui discutait avec une autre fille à côté se retourna d'un coup.

- Non ? s'exclama-t-elle.

- Si.

- Depuis quand ? me demanda Lisa.

- Samedi matin.

- Waouh ! s'eclamèrent-elle en même temps.