- Quoi ! On ne part pas ?
On était vendredi soir. Quelques heures plus tard je me battrais avec l'esprit d'un loup. Et Louis venait de m'apprendre qu'on restait chez lui. Il me semblait pourtant avoir compris que nous nous éloignions de Quincay quelques temps.
- Non. Nous avons fait croire à tout le monde que nous partions pour notre couverture mais en réalité nous allons rester ici. Où veux-tu qu'on aille de toute façon ?
- Je... je ne sais pas.
Il continuait de mettre toutes sortes de chose dans son sac à dos comme une lampe torche, un imperméable, une trousse de premier secours et... plusieurs paires de lunettes de soleil !
- Je suis pas bien sûre de comprendre pourquoi tu prépare un sac si on reste ici et encore moins pourquoi tu prends des lunettes de soleil alors qu'il va bientôt faire nuit.
- Je prépare ce sac parce que nous allons en forêt ce soir : on rentre après. Et pour les lunettes de soleil, tu verras tout à l'heure, expliqua-t-il.
Assise sur son lit, je l'observais. Il sortit de la pièce pour revenir avec une petite tente pliée.
- Je comprends encore moins là.
- On reste trois heures là-bas. Il faut bien qu'on ai quelque part où se reposer.
- Oh ! Et pourquoi trois heures ?
Il se redressa et m'observa quelques instants, l'aire de chercher quelque chose à lire dans mes yeux. La vérité c'est qu'il ne devait pas y trouver grand chose. Tout simplement parce que moi-même je ne savais pas ce qui se passait dans ma tête à ce moment-là. Tout était confus. Je ne savais si je devais être heureuse, excitée ou effrayée par ce qui allait se passer pendant la nuit.
- Tu es bien curieuse aujourd'hui, constata-t-il.
- Je veux savoir exactement ce qu'il va se passer.
Il soupira et s'assit à mes côtés en souriant.
- Nous allons, dans exactement trois heures, partir pour aller dans la clairière sur la colline. Là-bas on va monter la tente pour ranger les affaires et pour que tu t'abrites du vent ou éventuellement de la pluie. Dans trois heures et trente minutes il sera vingt-deux heures. C'est là qu'on commencera ta transformation. On formera un cercle tous ensemble et tu seras au centre...
※※※※※※※※※※※※
La pluie tombait à verse. Mes cheveux trempées me collaient au visage. J'observai le visage de ma nouvelle famille à tour de rôle. Louis semblait nerveux. Jade, Trina et Eléna, excitées. Olivia et Gabriel, concentrés. Et Matias ? Matias ne montrait aucune émotion. Je n'étais pas sûre de savoir si je devais prendre ça pour une bonne nouvelle ou pas. Je mentirais si je disais que j'avais totalement confiance en lui. Ils avaient tous une paire de lunette sur le nez. Louis ne m'avait pas dit à quoi elles allaient servir mais seulement que je n'en aurait pas besoin.
Ils s'assirent tous en tailleur sur l'herbe mouillée. Je restai debout selon les instructions de Louis.
Tous se concentrèrent. Une sorte de lumière dorée émanait d'eux, comme une aura. Puis la lumière fut aussi violente qu'en plein jour. Je ne savais pas pourquoi Louis avait dit que je n'en avais pas besoin mais je fut totalement éblouie.
La tête me tourna et un loup s'approcha de moi. D'abord se n'était qu'une silhouette vague. Il était immense, plus gros que Louis et Jade quand ils étaient transformés. Peu à peu la vue me revint. Je distinguai son poil soyeux et argenté. Ses yeux dorées étaient cernés de marron ainsi que ses oreilles en alerte. Pas une seconde il ne ralentit et pas une seconde je n'eus peur. Toute ma panique s'était envolée comme si elle n'avait jamais existé.
Il se rapprocha encore jusqu'à toucher mon nez de son museau. Ma tête tournai de plus en plus vite. Les alentours avaient disparus seul le loup occupait mon champs de vision.
Puis je tombai. Je tombai comme si je perdais connaissance. Mais mon esprit était encore présent. J'entendais et sentais tout autour de moi. Des bras chauds et musclés me soulevèrent du sol. Je sentis la bouche de quelqu'un se rapprocher de mon oreille. Son souffle était chaud lui aussi.
- Courage ma belle. Je t'aime, chuchota la voix de Louis.
Ses bras se resserrèrent autour de mon corps et, bien que je ne me sentais pas en danger, un sentiment de sécurité m'envahit. Je voulu lui rendre son étreinte mais mes bras ne répondaient plus.
Un grognement sourd retentit. C'était un bruit intérieur, un bruit qui venait de mon esprit. Le loup -mon loup- se tenait là, devant moi. Il était debout et semblait me défier du regard. Sa posture fière le rendait encore plus impressionnant. Presque intimidant.
Tout bruit extérieur disparut. Seuls les grognements de mon loup résonnaient dans mon esprit. Il marcha vers moi. Il se tenait tellement près que si j'avais tendu la main, j'aurais pu lui caresser le cou.
Il hurla. Il hurla comme dans les films, un soir de pleine lune. Un long hurlement strident qui résonna dans ma tête, tournant toujours comme prise de vertiges. Je m'avançai à mon tour, ma main en avant. Je voulus toucher son museau mais ma main disparut. C'était comme si elle venait d'être absorbée. Était-ce ça accepter son loup ? Fallait-il que j'entre en lui ?
J'avançai encore. Mon avant-bras disparut à son tour. Mon loup m'observait, le regard bienveillant. Cela était étrange mais c'était exactement ce que je ressentais : un sentiment de bienveillance.
Je finis par entrer complètement en lui. Je ne vis que du noir. Je n'entendis que le silence. Je ne sentis que le vide. On aurait dit que j'étais... morte ? Pouvait-on mourir en se transformant ? Avais-je fait une erreur en entrant en lui ? Pour être honnête j'avais peur. La sensation de sécurité avait disparut.
Petit à petit mon cerveau se déconnecta et plus aucune pensée ne me traversa l'esprit.
※※※※※※※※※※※※
Une forte lumière m'éblouie. Je ne vis d'abord rien, puis je distingai peu à peu le blanc du plafond. Je sentis une chaleur anormale dans ma main droite. Je tentai de bouger les yeux afin de voir où j'étais. Une porte en bois brun était la seule issue de cette pièce pas très grande.
Des cheveux noirs reposaient sur un bras nu et une main était plongée dans la mienne. Je la serrai légèrement pour faire remarquer ma présence.
La personne à mes côtés se redressa tellement vite que je ne vis pas tout de suite de qui il s'agissait. Ma vue s'adapta à la distance et je reconnu Louis. Ce dernier avait les yeux rouges démontrant qu'il avait pleuré. D'ailleurs ses joues étaient humides. Des cernes profondes marquaient ses traits. On aurait dit qu'il n'avait pas dormi de la semaine.
- Becky ! s'exclama-t-il, mi-surpris mi-heureux.
Il se rapprocha de moi et me serra dans ses bras toujours aussi chauds, me faisant asseoir par la même occasion.
- J'ai eu tellement peur. Je suis sûr que tu n'as aucune idée du temps que tu es restée inconsciente !
Il s'écarta légèrement de moi, juste pour pouvoir voir mon visage. Je fronçai les sourcils, montrant mon incompréhension.
- Non, murmurai-je en répondant à la question qu'il avait indirectement posé.
Ma voix était rauque dû à la longue période pendant laquelle j'étais restée muette.
- Très exactement 17 jours et... (il regarda la pendule au-dessus de la porte) 7 heures...
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Loups
FantasyQuincay : 500 habitants. Parmi tout ce petit monde, Becky est tombée sur LA personne qui changera sa vie. Au milieu de secrets elle parviendra cependant à trouver son bonheur. Couverture : PandaRoux_54