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Nous étions vendredi. Je devais à présent rentrer chez moi. J'étais extrêmement nerveuse. Je savais que je n'étais pas prête. Toutes mes valises étaient chargées dans la voiture de Gabriel mais j'étais encore assise sur le bord du lit de Louis. Ce dernier étais dans la cuisine et discutait avec son père. Je les entendais.

- C'est peut-être dangereux de la ramener chez elle maintenant. Il nous aurait fallu plus de temps, dit Louis.

- Oui mais c'est tout aussi dangereux de la garder là. Louis, comprends bien que sa situation est différente de la tienne. Ses parents sont entièrement humains et ne savent rien. Notre priorité est qu'ils ne se doutent de rien.

- Et si jamais elle se mettait à se transformer devant eux ?

J'arrêtai de les écouter. Je n'avais pas besoin d'eux pour avoir ce genre de débat dans ma tête. Je ne pouvais pas m'empêcher d'être d'accord avec les deux. Mes parents allaient commencer à se douter de quelque chose si je devais encore m'absenter. Je les avais appelé chaque jour depuis mon réveil et je sentais que ma mère commençait à s'impatienter. Ça se comprenait : je n'avais jamais été séparée d'elle aussi longtemps.

Mais comment allai-je faire ? Comment allai-je tenir ? Je ne savais toujours pas me contrôler complètement. La veille j'avais essayé de me transformer en daim mais j'étais devenue un lapin. Louis me faisait faire des "exercices" pour tenter de me contrôler mais visiblement j'avais toujours du mal.

Toc, toc, toc

La porte s'ouvrit sur Louis. Il me fit un sourire réconfortant et vint s'asseoir à côté de moi.

- Ça va ?

Je le regardai quelques instants avant de répondre.

- Je suis juste nerveuse.

Il se tourna vers moi et prit mes mains dans les siennes.

- Ne t'inquiète pas. Je sais que tu y arriveras. Tu...

- Ce n'est pas ce que tu disais à ton père, il y a deux minutes, le coupai-je.

Il fronça les sourcils.

- Écoute, ce que j'ai dit à mon père ce n'est pas parce que je n'ai pas confiance en toi ou quoi que ce soit dans le genre. Tu es une fille forte qui sait se qu'elle fait et ce qu'elle veut. Si je disais ça c'est juste par mesure de sécurité. On ne sait pas se qui va se passer. Si jamais il se passe quoi que se soit de trop éprouvant pour toi on ne sait pas comment tu vas réagir. Sans compter qu'on ne sait pas grand chose sur ton espèce.

Je lui souris et m'appuyai sur son torse. Il enlaça ma taille de ses bras protecteurs. Je me sentais en sécurité avec lui. J'aurais voulu rester là pour l'éternité. Je fermai les yeux appréciai la chaleur de son corps à travers le tissu de son T-shirt. J'entendais son coeur battre légèrement plus vite que la normal. Je calai ma respiration sur ce battement régulier. Je ne tardai pas à être totalement apaisée. Il déposa un baiser sur le dessus de mon front et s'écarta doucement de moi.

- Il faut qu'on y aille, chuchota-t-il.

- OK., murmurai-je en réponse.

Il se leva mais garda sa main dans la mienne.

※※※※※※※※※※※※※

- Becky !

Ma mère venait de sortir de la maison et m'accueillait les bras ouverts. Je me précipitai dans ceux-ci et elle me serra fort. Trop fort. Je la repoussai gentiment en riant.

- Tu m'étouffe maman.

- Oh, Becky ! Tu m'as tellement manquée.

- Toi aussi maman...

- Bonjour ?

Mon père était lui aussi sorti de la maison et se tenait derrière ma mère. Je lui fit un grand sourire et allai le serrer dans mes bras à son tour. Il était tellement grand par rapport à moi. J'aurais tellement voulu être...

Non ! Surtout pas ! Je suis très bien comme je suis !

J'essayai de détourner mes pensées sur autre chose que ma taille ou même mon apparence en général. Je me débrouillais plutôt pas mal pour l'instant.

Ma mère s'adressa à Gabriel et Louis qui m'avaient accompagnés.

- Voulez-vous entrer un instant ?

Gabriel me jeta un regard. Je m'efforçai de lui faire comprendre que je voulais qu'il accepte et cela sembla fonctionner puisqu'il dit :

- Bien sûr !

Je vis le sourire de Louis s'agrandir. Cela m'amusa. On aurait dit un enfant à qui on avait accepté d'acheter des bonbons ou des jouets. Je lui rendis son sourire et suivis mes parents qui rentraient. La chaleur de la maison m'enveloppa aussitôt. Il faut dire que le mois de décembre était particulièrement frais. Je déposai mon manteau ainsi que mes bottes dans l'entrée et me dirigeai directement vers les escaliers qui menaient à ma chambre. Une main chaude et plus large que la mienne vint se glisser entre mes doigts. Louis me suivait. Je lui souris. Encore une fois sa présence rassurante me détendait.

Arrivée à l'étage je poussai la première porte sur ma gauche. Ma chambre avait été légèrement rangée en mon absence. Ma mère avait horreur du désordre que j'avais tendance à laisser derrière moi. Louis s'assit sur mon lit et je m'assis sur ses genoux.

- Es-tu toujours aussi nerveuse ? me demanda-t-il une fois installé.

- Non, ça va un peu mieux. J'ai juste peur pour quand tu sera parti.

Sa main glissa au creux de mes reins.

- Ça ira. J'en suis sûr.

A ces mots il déposa ses lèvres sur les miennes et m'embrassa doucement. Des picotements traversèrent mon corps. Même après tout ce temps je ne m'étais toujours pas habituée mais je crois que je ne m'y habituerai jamais. Nous finîmes par nous séparer.

- Il faudait peut-être que tu descendes. Je pense que tes parents aimeraient te voir.

J'acquiesçai en silence avant de me lever. Je sortis de la pièce suivie de prêt par mon amoureux. J'entendais au salon mes parents et Gabriel parler du confort du voyage. Arrivée en haut des escaliers, je me retournai et serrai Louis dans mes bras. D'abord surpris, il se laissa aller aussi et me serra.

- Tu restes, hein ?

Il prit son temps avant de répondre doucement à mon oreille :

- Toujours.

LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant