Chapitre 6

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— Tu sors ?

— Euh... oui je dîne avec ma mère.

— En pleine semaine ? Un Lundi ? Toi ?

— Pourquoi est-ce que tu dis ça comme ça, je suis si sérieuse ?

— Euh oui carrément ! (J'essaie de rire pour cacher mon angoisse.)

— J'avoue ce n'est pas vraiment dans mes habitudes, mais ma mère a insisté et je ne rentrerais pas tard. En plus je commence à 11h demain alors ça va. (Merde, je me justifie trop ça peut paraître suspect.)

— Je plaisante ça me fais plaisir de te voir t'aérer. Je vois que tu n'es plus en mode « remords et culpabilité ».

— Oui tu avais raison j'ai croisé Mike aujourd'hui et même s'il ne m'a toujours pas adressé la parole il n'avait pas l'air dépressif alors ça va.

~

Malgré toute ma bonne motivation à être inaccessible ce soir, une fois dans le taxi je me rends compte que ma tenue envoi un tout autre message. J'ai mis une robe que ma mère m'avait offerte et ai dit à Sarah que c'était pour lui faire plaisir et ai même réussit à m'auto-convaincre. Mais en fait, la seule et unique chose qu'il faut retenir de la robe fluide beige que je porte, c'est qu'elle donne l'impression que je suis nu. J'ai l'impression d'être Carrie dans un des premiers épisodes de Sex & The City. Et ce qui me fait le plus peur, c'est que je savais très bien ce que je faisais en la mettant. Je n'ai pas pris ma voiture car je ne me souviens pas du tout où le club se situe. Et en plus, s'il décide de me suivre il ne pourra pas savoir où je suis avec tous les taxis qui roule à cette heure-ci.

J'entre, et avec quatre-vingt personne en moins on ne dirait plus du tout le même endroit. Il n'est pas désert non plus mais ce n'est pas la même tranche d'âge. Il y a des petits groupes de femmes de trente à quarante ans, des couples du même âge ou plus, des hommes d'affaires, mais aucun signe de la personne que je suis venu trouver. Je m'assois au bar et attend que la serveuse vienne prendre ma commande - quitte à être là - mais celle-ci ne me regarde même pas, totalement absorbée par la conversation qu'elle a avec un homme. Elle relève la tête et se précipite vers le fond de la salle. Je reste assiste et attend encore plusieurs minutes. Elle revient derrière son bar et me sourit bizarrement en préparant un cocktail à base de tellement d'ingrédients différents que je ne sais même plus par quoi elle a commencé. Mais quand elle finit et le place devant moi je comprends pourquoi elle m'a fixé comme ça durant toute sa conception.

— Euh... je suis désolée mais je n'ai rien commandé.

— De la part de l'homme à la table du fond.

Mon cœur s'accélère douloureusement, je commence à avoir chaud, je ne sais pas si je dois me retourner ou pas. Est-ce que c'est lui ? J'essaie de ne pas avoir l'air perturbé mais je suis émotionnellement chamboulée. Je suis tentée de boire une gorgée pour me motiver mais je reste là à fixer le verre. Après de longues minutes je me décide enfin à tourner la tête. Et il est là. Assis à une table dans le coin de la pièce. Je ne comprends pas comment j'ai fait pour ne pas le voir. Il me sourit et lève son verre dans ma direction. Je me retourne, inspire profondément et me lève de mon siège. J'avance vers lui d'un pas déterminé en tenant la boisson dans ma main. Je suis tentée de faire comme dans les films et de la lui balancer au visage, mais je ne trouve pas de raison d'être aussi mélo-dramatique. C'est juste un fantasme. Je me contente de déposer le verre sur sa table.

— Je ne bois pas d'alcool en semaine désolée.

— Alors vous n'êtes pas au bon endroit. Il ne font pas les milk-shakes et les diabolos fraise.

Inlight me (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant