Chapitre 15

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Lorsque je pénètre dans la salle déjà pleine je suis soudainement prise d'un élan de joie en voyant mon professeur. Mon cher David Gandy. Mon Dieu ce que je ne donnerai pas pour pouvoir me faire baiser sur son bureau là, tous de suite. Même devant tous les élèves. Il relève la tête et me regarde entrer.

- Vous êtes en retard Mademoiselle Watson.
Son ton dur et menaçant me fait perdre pied. Il ne m'a jamais parlé comme ça même lorsqu'il employait avec moi une attitude froide et non-amicale. Et maintenant que nous avons "fait connaissance" il se décide à devenir carrément désagréable ?
- Excusez-moi.
Rien d'autre ne sort de ma bouche et il se contente de me montrer ma place avec sa main d'un air impatient, comme s'il ordonner à un chien de rejoindre sa niche. Je me sens honteuse devant tous les autres élèves et me dépêche de m'assoir sans le regarder. Sarah n'est pas la à cause de ses cours de sciences, devenus trop nombreux. Je la soupçonne d'avoir renoncer aux cours d'Histoire à cause de ma relation avec mon professeur mais je préfère ignorer la réalité et me contenter de son excuse, surtout avec ce qui vient de se passer.
Le cours se passe normalement mais mon professeur fait comme si je n'existais pas. S'il veux détourner le moindre soupçon je trouve qu'il s'y prend très mal. Me fixer ou m'ignorer, apparemment cet homme ne fait pas dans la demi-mesure.
- Excuse-moi, est-ce-que tu pourrais me montrer ta feuille s'il-te-plait ? Je crois que j'ai loupé un truc. Me lance le jeune homme assis à côté de moi.
- Oui bien sûr, lui dis-je en souriant.
Je lui tend ma feuille lorsqu'un gros bruit interrompt mon geste. Je sursaute violemment lorsque mon professeur tape sur la table, la main à plat.
- Je vous dérange peut-être ? J'aimerais faire mon cours dans le calme si ce n'est pas trop vous demandez !
J'avale mais ma gorge est complètement sèche. Je ne comprend pas ce qui se passe et à présent tous les yeux sont rivés sur lui et non sur moi. Son comportement est inapproprié et tous s'en rendent compte.
- Bien reprenons.
Le jeune homme me redonne ma feuille sans prononcer un mot et je fais de même. La suite du cours se déroule de la même manière qu'avant cet incident mis-à-part le fait que personne n'ose ouvrir la bouche même pour bailler.
Tous le monde quitte la pièce et je me mêle à la foule pour passer inaperçue.

J'arrive dans ma chambre et m'affale sur le lit, épuisée par cette journée.

~

Cher journal,

Je n'ai jamais été aussi conne de toute ma vie. J'ose critiquer les filles qui tombent amoureuse à tous va mais je ne me rend même pas compte qu'un homme se sert de moi pour se vider les couilles. Qu'est-ce-que je croyais ? Que parce que c'était un professeur renommé il allait être "professionnel" dans sa vie personnel ? Qu'il allait faire les choses bien ? Mais qu'est-ce-que je peux être naïve ! Une pauvre fille, vraiment. Il a été horrible avec moi durant le cours, complètement différent de ce qu'il était chez lui. Le problème est que maintenant je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Je devrais le hair, vouloir le frapper à coup de marteau mais j'ai seulement envie de retourner chez lui et passer du temps avec lui. Le laisser me toucher, me faire l'amour encore et encore.
Je devrais peut-être partir à l'autre bout du pays pour tout oublier mais même là, je penserais sûrement toujours à lui... Oui, tous laisser tomber et retourner chez papa, vivre en Italie, chercher un job et me trouver un petit appartement là-bas. Bien sûr cela ferais de la peine à maman, je ne la verrais plus autant, mais je ne supporte plus de tourner en rond.
Je dis n'importe quoi. Ma vie était organisée avant de le rencontrer et maintenant j'en viens à tous modifier, qu'elle imbécile je fais. Si seulement je pouvais me confier à quelqu'un. Sarah me manque mais je ne retrouve plus cette connexion, nous sommes différentes et je m'en rend compte maintenant.

~

- Salut...
- Désolée je ne voulais pas te réveiller.
- Non je ne dormais pas je suis juste un peu fatiguée, dis-je en refermant mon journal.
- Je passe juste me changer je vais aller courir tu veux venir avec moi ?
- Honnêtement je te ralentirais plus qu'autre chose alors je pense que je te rend service en déclinant ton invitation, mais merci quand même.
- Comme tu veux. Ta journée s'est bien passée ?
Je vois que Sarah essaie de faire un effort alors j'essai d'en faire autant même si je n'arrive pas à retrouver cette facilité naturelle avec laquelle nous parlions il n'y a pas si longtemps.
- Ça peu aller, dis-je peu convaincante. Je dois vraiment aller pisser et me chercher une barre de céréales à la machine, je meurs de faim, tu me racontes la tienne dès que je reviens d'accord ?
- Oui vas-y je serais toujours là.
- Tu veux quelque chose ? Dis-je en ouvrant la porte.
- Non merci c'est gentil, me répond-elle en souriant.

Je longe le couloir et retrouve Jessica juste devant la machine à café.
- Salut toi !
- Salut Jess, tu vas bien ?
- Génial j'ai rencard ce soir !
- Oh ? Dis-je en feintant un air intéressé.
- Un gars que j'avais rencontré au club y a deux semaines on a un peu discuté par texto et il m'emmène dîner ce soir ! Souhaite-moi bonne chance !
- Bonne chance ! Dis-je en souriant. Et fait attention à toi.
- Oui maman ! Renchérit-elle en partant.
- Moi aussi je vais bien merci...Dis-je pour moi toute seule.

Je reviens avec un thé et une barre de céréales et retrouve Sarah dans sa tenue de sport, prête à partir.
- Tu pars ?
- Oui, on discutera plus tard.
- Oh... Ok, d'accord.

Elle sort de la chambre et me laisse avec ma mauvaise humeur, constante depuis la sonnerie du réveil.
Je décide de sortir m'aérer, où je ne sais pas, mais je refuse de rester là à ruminer. Ma difficulté à cerner les gens aujourd'hui dépasse la mesure du possible.
Impossible d'accomplir un effort physique, impossible aussi d'aller au musée et prendre le risque de croiser David, alors je décide de faire un tour en voiture.
Je démarre et met la musique. Taylor Swift me tiendra compagnie durant ma virée. Je roule durant une vingtaine de minutes hésitant entre le centre ville ou un coin paumé. Je m'arrête finalement devant le centre commerciale de la ville, assez désert à cette heure-ci. Après quelques boutiques et quelques achats je continue à pied en dehors et passe devant la galerie d'art. Un couple regarde les tableaux en se disputant discrètement au sujet de tons et nuances.
- Emma !
- Madame Victor, comment allez-vous ?
- Toujours aussi vieille malheureusement !
- Vous dites des bêtises vous êtes plus jeune que moi !
Nous nous mettons à rire toutes les deux et je croise les doigts pour que cette bonne humeur engendre un oui à ma demande de poste à mi-temps.
- Je sais que tu m'adores mais qu'est-ce-que tu fais dans le coin tu n'as pas cours ?
- J'ai finit à 16h et j'avais quelque chose à vous demander du coup je me suis dit que j'allais en profiter pour passer.
- Je t'écoute qu'est-ce-que je peux faire pour toi ?
- Et bien, lorsque j'ai fait mon stage vous m'aviez proposé un poste et je me demandais si par chance l'offre tenait toujours ?
- Bien-sur ce serait un bonheur de t'avoir avec moi !
- Merci ! C'est vraiment géniale je ne sais pas comment vous remerciez, dites moi quand est-ce-que vous avez besoin de moi j'adapterai mes heures de cours.
- Oh non surtout pas, toi tu ne changes rien sors moi ton emploi du temps nous allons nous organiser.

Je la remerciait encore une bonne dizaine de fois et fixer avec elle cinq horaires différentes pour les cinq jours où je serais là. Je savais très bien qu'elle n'avait pas besoin de personnel supplémentaire ayant déjà deux femmes très douée pour l'aider mais je savais aussi que sa galerie d'art, pleine de trésor et chercheur de nouveau talent, avait tellement de succès qu'elle pouvait se permettre de m'embaucher juste par gentillesse.
Je rentre à l'université de meilleure humeur que je ne l'ai quitté...jusqu'à ce que je surprenne Sarah discutant avec Mike.
Même lorsque nous sortions ensemble
elle n'avais jamais discuté avec lui de la sorte, et lorsque je vois les sourcils de Mike se froncer puis son poing taper sur le mur, la panique me submerge. Qu'avait-elle pu lui dire pour qu'il se mette dans un état pareil ?
Je me cache derrière ma voiture pour les observer mais je suis beaucoup trop loin pour entendre un traître mot de leur conversation. Après quelques minutes il pars d'un pas énervé et Sarah reprend son jogging l'air de rien. Je reste appuyé sur ma voiture complètement sonnée en tentant de trouver une explication, je ne sais absolument pas ce qu'il vient de se passer.

Inlight me (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant