Chapitre 2

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Bip, bip, bip.


- Je t'en supplie, dis-moi que c'était un cauchemar et que je suis toujours à Rome.

- Sympa pour moi ! Me lance Sarah en essayant de paraître vexée, mais sa fossette l'a trahit.

- Désolée, tu ne fais pas partis du cauchemar. C'est seulement le réveil, l'idée de voir Mike, entendre parler Jessica et Emily toute la journée, écouter les profs nous dire que nous devons absolument trouver notre voie... Je crois que c'est tout, ajouté-je avec sarcasme.

- Alors là, je me sens vraiment chanceuse de ne pas faire partie du tableau, mais ça fait beaucoup pour une seule personne. Tu as pensé à consulter ?

Pour toute réponse, elle se reçoit un coussin en pleine face et nous éclatons toutes les deux de rire. Malgré ma démotivation matinale, j'essaie de me reprendre et de ne surtout pas perdre de vue mes objectifs. Je me lève pour commencer à me préparer. Je rejoins la salle de bain et après une bonne douche chaude, je brosse mes longs cheveux châtains clairs et je les laisse au naturel. Ils sont plutôt fins et raides, par chance. J'applique une BB crème qui ne recouvre pas les quelques tâches de rousseur qui apparaissent sur mon nez, quelques couches de mascara sur mes cils et un peu de blush. J'enfile un jean, un chemisier noir et des boots mi- saison et je suis enfin prête.

Je n'attaque ma journée que très tard avec un cours de littérature qui s'avère bien plus intéressant que ce qu'en pense Jessica. Je profite de quelques minutes avant le déjeuner pour me promener sur le campus. Je me dis que j'y croiserai sûrement Mike et que je pourrais ainsi attraper le taureau par les cornes, mais je n'ai toujours aucun signe de sa présence. Je rejoins Sarah pour manger et nous en profitons pour discuter de tout et n'importe quoi. Elle ne comprend pas pourquoi je suis autant stressée à l'idée de plaquer Mike, mais essaie de me remonter le moral et surtout de me faire changer d'avis sur mon cas. Mon avis étant que je suis une « salope ». Elle me dit d'arrêter de me prendre la tête car les hommes eux ne le font pas, et que même si Mike ne fait pas partis du lot « tous les hommes sont des connards », je n'ai rien à me reprocher non plus. Je sais bien que ce n'est pas de ma faute si je ne ressens rien pour lui, mais je regrette d'avoir entretenu le mensonge.

- J'aurais vraiment aimé qu'on aient plus de cours ensemble... J'ai tout le temps mal au crâne en ce moment, soupiré-je en me massant les tempes.

- Quel idée de prendre autant de cours aussi. Tu vas te bousiller la santé tu le sais ça ? Rétorque Sarah en m'engueulant comme ma mère pourrait le faire.

- Je m'ennuie si je ne suis pas tous ces cours... Tu sais que j'adore ça. D'ailleurs le prochain cours ne va pas tarder à commencer.

- Pourquoi tu dis ça comme si c'était une bonne chose ? Me lance-t-elle en relevant un sourcil.

- Hum... Parce que j'aime ça ?

- Tout comme ton cours de peinture, la littérature, les langues étrangères et euh... J'ai oublié quelque chose ?

- Non je pense que tu as cité le principal, sauf le cours d'histoire de l'art, je l'aimerai sûrement aussi. Dire que j'ai du attendre deux ans pour avoir une place...

- Il y a un Dieu...

Je me met à rire sans faire de remarque. Je sais parfaitement que je mérite amplement toutes ces vannes. J'ai l'impression, et ce depuis plusieurs années, que je fais parti de ses personnes qui changent de métiers tous les ans. Je suis indécise, je me disperse, et ça rend dingue tout le monde, en commençant par moi.

Nous arrivons dans la salle quelques instants plus tard, et toujours pas de Mike. Cela est de plus en plus étrange mais j'oublie vite cette pensée et je passe à autre chose. Sarah et moi prenons rapidement deux sièges côte à côte et je passe le temps restant, avant le début du cours, à dessiner. Le professeur n'est toujours pas arrivé, d'ailleurs, la salle est quasiment vide et pour cause, nous sommes arrivées bien dix minutes en avance. La pièce commence à se remplir lentement et Sarah me montre le prospectus d'une boîte où elle a été avec son cousin en revenant de Londres pour profiter du dernier week-end avant la rentrée. Je l'écoute parler en reprenant mon gribouillage et en essayant de ne pas écouter les conversations plus inutiles les unes que les autres des autres élèves autour de moi. Le calme commence à arriver petit à petit mais le professeur ne parle toujours pas. J'en conclus qu'il n'est toujours pas là, et d'ailleurs, Sarah n'a toujours pas cessé de citer les éventuelles tenues qu'elle pourrait porter samedi soir. J'hoche la tête pour lui confirmer que son pantalon noir en cuir irait parfaitement bien avec mon chemisier bleu Roi, lorsque j'ai l'impression de sentir un regard sur moi. Je relève instinctivement les yeux pour rencontrer ceux d'un homme qui me fixe. Je suis prise d'un malaise et tourne rapidement la tête de droite à gauche pour vérifier que celui-ci ne me demande pas de me concentrer depuis une demi-heure, mais personne ne semble avoir remarqué que le professeur est là. D'ailleurs, s'il n'était pas si... Jeune, je n'aurais sans doute pas percuté non plus que celui-ci en était un. Il porte un costume noir et une chemise blanche lui saillant parfaitement. Le bouton de sa veste est fermé et la matière moule une musculature plutôt carrée. Nos regards se croisent encore une fois alors que je le détaille, et je sens mon visage s'enflammer sans que je ne puisse contrôler cette réaction. Jusqu'à présent, aucun professeur ne m'a intimidé de cette façon, même avec une carrière impressionnante et encore moins sans avoir ouvert la bouche.

Inlight me (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant