Chapitre 11

23.1K 1K 58
                                    


J'ai du passer plus de deux heures à fixer mon placard. Entourée de vêtements jetés sur le sol et mon lit, lorsque Sarah ai sorti de la pièce la pression n'a fait qu'accroître au fil des minutes, des heures. Je m'étais finalement décidée à porter une jupe bleue nuit taille haute avec un body en guise de top. Celui-ci était noir à manches mi-longues, moulant, avec un décolleté prononcé dans le dos. Quant aux chaussures, je m'étais contenté de simple talons pointus noirs. J'avais relevé mes cheveux pour laisser apparaître mon dos avec une queue-de-cheval en laissant échapper quelques mèches rebelles pour un effet "coiffé décoiffé ". Tous cela pour la simple raison que la limite de ma patience avait été atteinte, et non pas parce que je pensais que cette tenue était ce qu'il fallait mettre. Cela, je n'en avais pas la moindre idée. Paraître à l'aise revenait à paraître tous sauf sexy. Mais paraître sexy revenait à dire que le seul but de ma venue était de finir les cuisses ouvertes. Finalement, après tous j'avais céder tellement vite à ses avances que cette dernière idée était inutile. Être inaccessible n'était pas mon point fort avec lui. Le faire languir encore moins.

Je regarde les lumières de la ville défilée, remuant mes jambes et jouant avec mes doigts dans arrêt. J'ai la gorge sèche et la température grimpe au fil des minutes. J'ouvre un peu la fenêtre et j'ignore le regard interrogateur du chauffeur. Je sais, il n'y a plus de soleil et nous sommes bientôt en octobre mais ne sous-estimons pas l'éventuelle possibilité d'un été indien.

Lorsque la voiture commence à ralentir mon cœur, qui n'a cessé de battre à une allure surréaliste durant les vingts interminables dernières minutes accélère encore et j'ai l'impression qu'il peux exploser à tous moment. Je ne réagis même pas quand le chauffeur me lance "vous y êtes Mademoiselle c'est ce bâtiment". Je reste dans la voiture à regarder ledit bâtiment comme une débile et l'homme commence à s'impatienter.
- Mademoiselle ? Vous pouvez y aller on m'a déjà réglé.
- Oh... Euh... Oui désolé. Excusez-moi.
Je ramasse rapidement mon sac et souris au chauffeur en m'excusant encore une fois. J'attend encore quelques secondes devant la porte avant de sonner. Il me répond tous de suite.
- Oui ?
- C'est Mademoiselle Wats... Euh Emma.
Il répond seulement " cinquième étage" et m'ouvre directement.
J'inspire et expire encore une fois en songeant à me mettre au yoga. Je serais sûrement excellente en exercice de respiration. Je prend l'ascenseur je n'ai aucune envie de monter les escaliers avec ses talons et dans cet état, je risque de rater une marche et de tomber comme une empotée. Lorsque les portes s'ouvrent la sienne s'ouvre simultanément comme s'il savait exactement combien de temps il faudrait à l'ascenseur pour atteindre son étage.
Sa beauté m'éblouit et je suis vaguement prise d'un malaise mais je réussis tous de même à me tenir sur mes pieds et à avancer.
- Bonsoir Emma.
Il me sourit dangereusement et je fond sous son regard. Mes joues s'embrasent et je ne sais pas quoi faire. Dois-je l'embrasser sur la bouche, sur la joue ? Je me contente de sourire, en m'imaginant lui faire la bise.
Il me tend la main et me fais avancer dans la pièce. Il referme la porte derrière moi et me contourne pour me faire face.
- Met toi à l'aise, je te sers quelque chose à boire ?
- La même chose que vous.
Je n'ai pas su quoi dire et je prie pour qu'il ne sorte pas du whisky, je déteste cette chose-là. Je réalise après coup que je l'ai vouvoyé encore une fois.
Je suis soulagée lorsque je le vois ouvrir une bouteille de vin blanc, c'est son truc apparemment. Et mon père étant cuisinier et amateur de bon vin, je m'y connaît un peu.
- Je pense qu'au stade où nous en sommes tu peux peut-être commencer à me dire "tu", tu ne crois pas ?
- J'ai peur de perdre l'habitude. Je ne veux pas gaffer à l'université.
- Je peux comprendre.

Il ne dit rien de plus et je m'avance doucement vers la cuisine pour le regarder déboucher un Grand cru de Corton Charlemagne de 2005. Je relève un sourcil lorsqu'il me sert.
- Dis-donc vous m'avez sorti le grand jeu... Alors c'est ça votre truc, attirer des jeunes femmes et les enivrer avec des vins hors de prix ?
Ma question " est-ce que je suis la première élève que vous sautez ?" passera sûrement mieux de cette manière.
- Mon truc ? Je n'ai pas de truc Mademoiselle Watson et ensuite vous êtes la première élève qui fait taire ma conscience professionnelle. Quant au vin et bien on peux dire que c'est un de mes plaisirs. Vous vous y connaissait apparemment.
Je fais mine de ne pas être complètement surprise... agréablement surprise, par sa réponse si franche.
- Mon père m'a appris quelques trucs, Dis-je en souriant.
- Que fait-il dans la vie ? Dit-il en me dirigeant vers le salon.
- Il a un restaurant à Rome, depuis deux ans maintenant. J'ai goûté plus de vins italiens que de français mais j'en connaît quelques uns.
- Et votre mère ?
- Il n'y a pas grand chose à dire à son sujet, elle a une grande carrière d'avocate et elle vit ici depuis toujours. Elle n'a même jamais quitté les États-Unis. Elle a su tous de suite ce qu'elle voulait faire et elle aurait aimé que je ne fasse pas autant d'étude, une perte de temps selon elle. Avec du recul du moins...
J'évite de lui préciser également que son grand rêve, comme sûrement pour toutes les mères, est que je trouve au plus vite un homme et que je l'épouse.
- Je vois... Je peux comprendre, tant qu'elle ne vous met pas la pression.
- Non ça peux aller... Elle fait tous pour ne pas me pousser à bout, on a pas vraiment une relation fusionnelle alors je pense qu'elle essai de conserver une bonne entente.
- Pourquoi cela ?
Je relève un sourcil, je ne comprend pas sa question. Néanmoins cette conversation "normale" commence à avoir le don de me détendre légèrement malgré le fait que la température de mon corps n'ai pas descendue depuis.
- Pourquoi vous n'êtes pas proche d'elle ?
- Oh... Euh... Disons que je suis plus proche de mon père ça a toujours été comme ça. Je ne saurais pas vraiment l'expliquer. Il est plus ouvert d'esprit, il ne m'a jamais jugé.
- Et elle oui ?
Mon Dieu j'ai l'impression d'être chez le psy, cette conversation devient trop sérieuse à mon goût, il semble oublier que notre relation est purement physique. En général avoir un plan cul et faire ami-ami ne m'aurais pas dérangé bien au contraire, cela aurait été plus humain, mais avec lui je tiens à m'en tenir à une relation purement sexuelle. Comme si notre relation au lit et à l'université étaient deux choses bien distinctes.
- Vous voulez vraiment continuer à parler de mes parents ?
Il penche la tête sur le côté et me lance un sourire diabolique.
- Seriez-vous pressé de passer aux choses sérieuses Mademoiselle ?
- Aux choses sérieuses ?
Sa réplique me fais rire mais au fond je m'en veux d'avoir ouvert la bouche. Je suis nerveuse à présent et je ne sais pas quoi faire. En général, je peux facilement être entreprenante avec les hommes mais je perd tous mes moyens lorsque son regard est posé sur moi... De cette manière. Ses yeux bleus m'envoûtent, ses lèvres, sa peau... Il est assis à côté de moi sur un immense canapé d'angle en cuir noir rafraîchissant ma peau brûlante de désir. Malgré la gêne je ne peux m'empêcher de lui sauter dessus. Littéralement. Je m'approche d'un coup et il semble surpris l'espace d'une seconde puis agrippe mes cheveux pour me maintenir la tête. Je l'enjambe pour me retrouver à califourchon sur ses cuisses et je pose mes mains sur son torse. Nous ne nous sommes jamais retrouvés nu l'un en face de l'autre et cette pensée ne fait qu'accroître mon excitation. Nos bouches se découvrent lentement d'abord avant de se dévorer avec ardeur. Il me mord la lèvre avant de descendre vers mon cou... Mon dieu je pourrais sans aucun doute jouir juste avec ces quelques caresses. Je penche la tête en arrière pour lui laisser plus d'espace sans cesser de le toucher, je dirige mes doigts tremblant vers les bouton de sa chemise blanche et les défait à une allure incroyable. Lorsque je touche sa peau un frisson le parcours et je profite du fait qu'il retire sa bouche de mon cou pour le plaquer contre le dossier du canapé et renouer le contact de ses lèvres avec les miennes. Nos langues s'entremêlent, la douceur sucré du vin blanc, nos corps, eux, s'emboîtent à la perfection. Rapidement il me porte sans modifier sa position ni sans même arrêter de m'embrasser, et alors que je pense continuer le chemin jusqu'à sa chambre il me pose sur l'une des chaises. Je ne cache pas mon désespoir lorsque il relâche ma bouche.
- J'ai très envie de vous aussi, probablement plus même, mais je dois d'abord vous nourrir si je veux que vous teniez toute la nuit.
Toute la nuit ? Oh oui, oui s'il vous plait... Je suis à deux doigts de lever la main pour faire un "Check" avec lui mais je pense que cela serait un peu gênant. Je me contente de dire "d'accord" et je bois une gorgée dans mon verre qu'il vient de déposer devant moi.
- J'ai commandé quelques trucs chez un de mes traiteurs favoris, je suis nul en cuisine autant vous l'avouer. Je demanderai peut-être des cours à votre père si je le rencontre un jour.
J'avale de travers et je m'étouffe presque lorsqu'il vient me tapoter dans le dos. "Rencontrer mon père un jour" ? Ai-je bien entendu ? Non j'ai sûrement rêvé.
- Vous allez bien ? Vous voulez un verre d'eau ?
- Non ça va merci... Je vais bien.
Je ne préfère pas relever, je me contente de changer de sujet, il m'apprend qu'il nous a pris des pâtes au fruits de mer et l'odeur qui se dégage du plat me fais saliver. Je n'avais aucune envie de passer par la case repas, me languissant de son corps, mais je me rend compte maintenant que je meurs de faim. De plus j'ai quasiment fini mon verre, espérant me décontracter et si je ne mange pas je risque de m'endormir. L'effet de l'alcool peux passer d'un extrême à l'autre chez moi, soit il provoque une montée d'adrénaline surnaturelle soit je peux réussir l'exploit de m'endormir partout, à n'importe quel moment et dans n'importe qu'elle position.
Il sort deux assiettes creuses blanches avec de fines arabesques noires et sert les pâtes encore fumantes. Il verse une nouvelle fois du vin dans mon verre avant de se servir et s'assoie juste en face de moi. Sa chemise est toujours ouverte et je peux voir ses abdominaux parfaitement dessinés.
- Tenteriez-vous de m'enivrer Monsieur ? Dis-je en appuyant la tête dans ma paume de manière théâtrale.
- Je ne pense pas en avoir besoin Mademoiselle... J'ai pu constater jusqu'à présent que je n'ai pas de mal à obtenir de vous ce que je désire.

Inlight me (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant