Chapitre 8

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Lorsque l'eau commence à couler et que mes yeux se ferment, son visage apparaît. Ses mains me caressent, lentement, comme pour étudier une sculpture. Il suit les courbes de mon corps, en ressent chaque parcelle. Il glisse ses doigts dans mes cheveux, pénètre mon âme comme pour essayer de déchiffrer mes émotions. Mais il ne peut pas le faire, je ne laisse transparaître que mes doutes. Mes sentiments, eux, sont bien cachés. Tellement cachés que je suis moi-même dans la confusion la plus totale. Lorsque j'ouvre les yeux et sors de la salle de bain la réalité reprend vie. J'ai raté le dernier cours d'Histoire de l'art, et ce qui me rend malade dans ça, c'est que j'ai raté une occasion de passer une heure avec lui. Que fait-il à présent ? S'est-il sentit mal du fait de mon absence ?

Je me rhabille rapidement. Sarah veux que je descende pour dîner avec elle, Jessica et Emily. L'envie n'est pas là, mais je ne peux pas rester dans mon lit à fantasmer encore et toujours sur mes ébats sexuels. Alors je me motive et me décide à sortir de la chambre. Au moment où j'ouvre la porte je suis directement propulsée en arrière par le poids d'un corps qui bloque le passage. Monsieur Gandy se trouve sur le seuil de la porte. Et même si à la vue de son visage je suis heureuse, sa présence ici prouve qu'il est bien plus insouciant que moi malgré ses dix ans de plus.

- Merde, mais qu'est-ce que vous faites là ?

Je le tire rapidement par le bras, passe la tête dehors et vérifie que personne ne l'a vu. Je referme rapidement la porte à clef et me retourne en le fixant, ébahit, et en attendant des explications.

- Vous n'étiez pas au cours d'Histoire de l'art je voulais simplement vérifier que tout aller bien.

- Et vous vous rendez directement dans la chambre de vos étudiantes dans ces cas-là ? Quel professionnalisme ! Lancé-je en relevant un sourcil.

- Vous moqueriez-vous de moi par hasard, Mademoiselle ?

- Je n'oserai jamais, Monsieur. Vous savez que le respect que je porte à votre égard est sans limite.

- Je préfère ça. Alors, qu'est-ce qui ne va pas, mon cours ne vous intéresse plus ?

- Si, mais voyez-vous, vous avez été tellement discret en voulant me baiser dans le bureau du musée que mon amie à tous compris dès la seconde ou vous en êtes sorti. Heureusement pour nous elle me connaît depuis assez longtemps pour ne pas tous répéter à qui veux bien l'entendre, c'est-à-dire je pense à peu près tout le monde sans exception.

- Et bien, tous vas bien alors.

- C'est bizarre mais vous ne semblez pas plus stressé que ça je me trompe ?

- Pourquoi est-ce que je le serais si il n'y aucun risque qu'elle le dise à qui que ce soit ?

- Peut-être parce que si elle l'a compris n'importe qui d'autre pourrait le découvrir, surtout si nous renouvelons ce genre de chose.

- Vous aimeriez ça ?

- Ne jouez pas avec moi s'il vous plait...

- Je ne le fais pas Emma. Vous ne voyez donc pas ? Vous m'obsédez tellement que j'en viens à monter dans votre chambre.

- Si quelqu'un vous voit ici nous sommes morts.

- Ça ira j'ai dit à la concierge que je devais vous remettre des documents car vous aviez été absente à mon cours, ce qui est en partie vrai !

- Et donc vous êtes juste venu pour me demander pourquoi est-ce que je n'étais pas là ?

Il acquiesce donc je poursuis :

- Et je vous ai répondu alors vous pouvez partir.

- Vous voulez que je le fasse ?

- Mon corps, comme vous le dites si bien, me trahit sûrement car non au fond de moi je n'ai pas envie que vous partiez car oui, j'ai envie de vous et oui, vous m'obsédez aussi mais pitié partez avant que les choses ne deviennent incontrôlable. Je dois essayer d'écouter mon cerveau de temps à autre et là il me dit que vous devez disparaître sur le champ. Je vous en prie Monsieur Gandy partez.

- Je ne peux pas partir.

Je soupir. J'abandonne. Comment est-ce que je peux combattre ? Après tous je dois me l'avouer à moi-même il ne s'agit pas seulement de sexe. C'est bien plus. Une drogue, une addiction, un besoin de le sentir en moi.

- Je partirai à une condition.

- Ah vous voyez que vous pouvez être raisonnable !

- Venez me retrouver chez moi.

- J'ai du mal comprendre. Rassurez-moi vous avez bu ? Vous êtes malade ?

- Peut-être pas ce soir je sais que vous ne devez pas vous coucher tard. Mais vendredi soir. Dites à vos amis que vous allez voir vos parents. Je vous donne mon adresse et un taxi viendra vous chercher. Avant de refuser réfléchissez-y s'il vous plait, vous avez encore quelques jours vous me donnerez votre réponse jeudi après-midi à la fin de notre cours. Je vous laisse, bonne soirée Emma.

Il s'avance et m'embrasse. Il frôle lentement ma langue sans être trop entreprenant, et même s'il a le courage de s'arrêter et moi de laisser partir, il réussit encore à me laisser dans un état de rut.

Cher journal,

Nous sommes Mercredi, un jour qui devrait être exactement comme tous les autres sauf que non, car je me dis que mercredi n'est qu'à deux jours de vendredi. Et donc deux jours avant d'arriver à celui où je suis invitée à passer la soirée chez Monsieur Gandy. David. Nous sommes sûrement assez intimes maintenant pour que je puisse l'appeler par son prénom. Après avoir couché ensemble trois fois. Trois fois et je suis déjà si éprise de son corps... Pourquoi est-ce que je fais l'innocente je sais déjà que je vais accepter, je meurs d'envie de faire l'amour avec lui dans un lit, de voir l'endroit où il vit et d'en connaître d'avantage sur cet homme. Je deviens carrément ridicule et je n'aime pas ça du tout. Mais ce n'est que sexuel après tout alors je n'ai pas de raison de m'en faire. J'ai juste un peu peur que ça se découvre mais après tout l'idée de le retrouver à son domicile n'est pas mauvaise. De cette manière nous comblerons nos envies là-bas et ne prendrons plus le risque de faire des parties de jambes en l'air dans des endroits aussi insolites qu'à la vue de tous.

Je devrais aussi en parler à Sarah, de cette manière elle se détendra aussi, car depuis que je lui ai dit, elle n'arrête pas de me prendre la tête. Monsieur Gandy est passé hier soir dans ma chambre pour me faire cette dangereuse invitation mais je ne lui ai pas dit. Je lui dirais qu'il m'a proposé cela à la fin du cours d'Histoire de l'art jeudi. De toute façon vu l'homme il se lassera sûrement vite d'une pauvre fille comme moi. Il croisera sûrement une autre élève ou mieux une femme plus mature, avec plus d'expérience, une carrière, un appartement. Pour ma part, qu'ai-je à offrir ?

Dans mes moments les plus censés je me dis que je ne devrais pas accepter d'aller chez lui. Je dois être honnête avec moi-même, si je coupais les ponts avec lui je m'ennuierai, je trouverais ma vie et ma relation avec les hommes monotones après une telle expérience. Mais d'un autre côté je ne serais pas en pleine dépression car je ne suis pas amoureuse de lui... J'aime peut-être la manière dont il me regarde, dont il me touche... J'aime comment je me sens avec lui. J'aime cette adrénaline, cette excitation qui ne me quitte pas lorsque je pense à lui.

Pour le moment, je me demande bien ce que je vais pouvoir porter Vendredi soir... C'est ma mère qui serait contente : si seulement elle savait que tous ses ensembles de sous-vêtements sont enfin appréciés à leur juste valeur !

Inlight me (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant